Regret

Jαcσв

-Pourtant, tu sais te défendre.

Je fais remarquer à Aby qui est encore dans ses pensées.
Elle penche la tête d'un côté, puis son regard se perd dans le grand étendu d'eau en face de nous.

-Oui, mais cette fois-ci c'était une autre forme de défense... Beaucoup plus violente... plus...

Elle marque une pause comme pour chercher les mots.

-Plus radical...

À ces mots je comprends immédiatement le sous-entendu. Ils ont dû apprendre à manier les armes...

La douce brise d'été, fait virevolter ses belles boucles brunes. Je l'entends soupirer, non un soupire de tristesse, je dirai plutôt de soulagement. Je peux aisément distinguer c'est yeux caramel s'illuminer à la vue du couché de soleil tel un enfant. En effet, la vie aura beau avoir pris son innocence, mais pas son âme d'enfant avide de curiosité et d'admiration pour les infimes choses que lui offre la nature. Je contemple chaque trait de son visage éclairé par les lueurs orangées du soleil. J'ai bien remarqué que physiquement, elle n'est plus la même personne que j'ai aimé passionnément, il y a deux ans. Aby est moins frêle qu'avant, elle est toujours aussi mince, mais on peut voir qu'elle est beaucoup plus musclé. Son visage est plus grave, on y aperçoit de légères traces de fatigue. Cette jeune femme est souvent sur ses aguets comme si quelqu'un allait surgir de nulle part. Dans un sens, je la comprends, parce que si ce qu'elle a vécu est si terrible, alors elle doit craindre le futur...

Le soleil disparaît pour laisser place à l'obscurité de la nuit. Cependant, nous sommes éclairé par la faible lueur de la lune et des étoiles. Je m'approche du bord du ponton et m'assieds à l'extrémité. Aby ne met pas beaucoup de temps pour m'imiter. Nous contemplons le ciel rempli de ses merveilles de la nuit.

-Tu t'en souviens de notre premier rendez-vous, nous avions passé une journée presque identique à celle-là. Tu m'avait emmené pique-niquer au lac, puis nous nous sommes baigné...

-Tout habillé parce qu'aucun de nous deux n'avait pensé à prendre de maillot de bain, conclu-je.

Je ricane au bon souvenir de cette été là, où nous étions parmi les seuls à n'avoir pas quitté notre ville, malgré cela, nous avions passé de bons moments ensemble.

-Le pire c'est que tu profitais de toutes les occasions pour faire des blagues douteuses qui ne valaient pas un sou.

Elle se met à glousser et je la rejoint.

-Peut-être, mais tu explosais de rire à chaque fois!

-Mais aussi je rigolais pour tout et n'importe quoi!

Je hoche la tête et nous partons dans un fou rire interminable. Abigail est le genre de fille qui rigole à tout moment pour toute chose. Parfois, elle rit toute seule sans que personne ne saisit, mais cela me fait rire automatiquement sans que je ne m'en rende compte. Certains garçon la trouverai écervelé, agaçante à rire pour un rien, mais c'est cette facette que je préfère chez Aby, c'est ce qui l'a rend unique et encore plus attirante à la fois. Mes sentiments pour elle s'accroît de plus en plus depuis qu'elle est revenu. En peu de temps, je suis redevenu indépendant de cette jolie brune, elle est mon oxygène, elle m'est vitale et je ne laisserai pas ma vie s'envoler sous mes yeux. C'est fou de se dire qu'il me faut trois ans pour arriver à vivre avec le poids de son départ, et enfin quand j'y parviens, elle réapparaît pour qu'à nouveau je retombe sous son charme en un regard. Une semaine que nos chemins se sont recroisés, une semaine que je l'aime encore plus qu'auparavant. Malgré ses quelques changements, son cœur restera mienne et grâce à cela, elle ne s'en ira nulle part, j'en suis persuadé.

-Nous aurons au moins passé un bon été en tête à tête, dit-elle nostalgique.

J'acquiesce. Effectivement, je n'oublierai jamais ce dernier été passé ensemble, car cela nous a permis de se retrouver seulement nous deux, sans contrainte à gérer, sans les regards des autres, rien que nous et exclusivement nous.

-Hm... Est-ce tu... Tu as rencontré quelqu'un durant mon absence? Demande Aby en bafouillant un peu gêné.

La surprise se lit dans mes yeux. Je n'ai jamais pensé que cela l'intéresserait.

-Euh... Si, tu veux tout savoir, je n'ai eu pratiquement que des relations éclairent... Des coups d'un soir lors des fêtes de ma fraternité, mais rien de plus jusque là.

Je ne lui ai pas tout avoué, bien sûr que ma vie sentimentale ne se résumait qu'à des coups du soir qui étrangement ressemblait à Aby. Pourtant, il y a encore une semaine de cela, j'étais avec une fille que je n'aimais que pour son physique, car évidemment il ressemblait à celui d'Aby. Quand Abigail est réapparu, j'ai constaté que j'avais juste tenté de la remplacer par une autre. Je m'en suis voulu, pas par rapport à l'autre fille, mais par rapport à Aby qui elle n'aurai pas essayé de m'oublier de cette façon.

-Elle te ressemblait beaucoup...

-Qui? Me questionne-t-elle.

-Kate... La seule fille avec qui j'ai eu la relation la plus longue de ces deux dernières années.

Ce qui se résume à un mois. Kate était plus une distraction qu'autre chose. Elle m'aidait à oublier Abigail sexuellement parlant.

-J'ai essayé de te remplacer Aby, mais comme on dit...

-Les chiens ne font pas des chats.

Nous déclarons cela à l'unisson et elle rigole.

-Qu'est-ce qui te fait rire?

-Le fait de te voir si sérieux. Enfin, je veux dire le Jacob que j'ai laissé à Los Angeles était un jeune ado fêtard qui ne connaissait pas le sens des responsabilités. Il préférait les soirées arrosées plutôt que les longs dimanche à réviser pour obtenir son diplôme.

-Excuse-moi de ne pas être un intello comme toi, mais au final, je l'ai quand même eu.

Je me moque un peu d'elle.

-Et qui était très sarcastique, orgueilleux, narcissique, machiste...

-Oh! C'est bon, j'ai compris que je ne suis pas un modèle à suivre, mais personne n'est parfait, n'est-ce pas?

-Non, mais tu savais aussi comment sécher mes larmes...

-Peut-être mais le plus souvent c'était moi qui les causais.

-Oui, je ne compte même plus le nombre de fois que j'ai versé des larmes pour toi... Je paraissais bien naïve et fragile à l'époque...

Elle annonce cela comme si elle est dégouté d'elle-même.

-Nous avons tous nos défauts et nos qualités, il faut juste savoir les gérer.

-Pour mes défauts, je n'ai pas eu le choix de les gérer, Caleb nous l'a imposé...

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