Wattpad Originale
Il reste 10 Chapitres gratuits

Plan B |3|

89.1K 6.4K 1.7K
                                    

Mes mains pendent mollement dans l'eau depuis une demi-heure. Maintenant, je suis sûre d'avoir les doigts fripés. Je suis supposée faire la vaisselle, mais je n'ai pas le cœur à ça. Nous n'avons même pas de lave-vaisselle parce que la reine veut que sa fine vaisselle raffinée soit lavée à la main et avec précaution. Ça nous fait plus de travail, oui.

Je soupire... Il y a des jours comme aujourd'hui où on se rend compte qu'on n'a absolument rien fait de notre vie. Je peux certes payer les soins médicaux de ma mère, mais pour cela je fais un métier qui ne me plaît pas. Si j'avais pu faire ce que je voulais, je serais devenue psychologue, ou encore styliste, pourquoi pas.

Les psychologues me fascinent, ils apprennent à nous connaître par cœur à notre langage corporel en quelques séances. Alors, ils nous aident à surmonter l'insurmontable pour passer à autre chose. Ils soignent l'esprit.

Styliste est le métier que je voulais pratiquer quand j'étais petite. Quand je voyais les défilés de mode, j'étais émerveillée par la beauté de certaines tenues. Oui, certaines étaient plus qu'originales, mais ce monde de strass et de paillettes me fascinait.

Je voulais moi aussi que tout le monde puisse admirer le fruit de mon imagination défiler devant leurs yeux. Alors ma mère m'a acheté un livre de stylisme où je pouvais dessiner mes créations. Je l'ai encore aujourd'hui, et je le feuillette quand ma vie d'insouciance perdue me manque.

Je sursaute quand la porte s'ouvre subitement et Mme Delphine apparaît.

- Alors Aurore, qu'est-ce qu'il se passe ? Je t'ai laissée dans le même état il y a une demi-heure et tu n'as pas bougé d'un poil ! Quelque chose ne va pas ? demande-t-elle les poings sur les hanches.

- Non, non, tout va bien, j'étais seulement perdue dans mes pensées.

Elle me sourit comme le ferait une mère à sa fille et se retourne pour sortir lorsque la porte s'ouvre brusquement, la coupant dans son élan.

- Del, j'en ai plus que marre ! crie le prince en entrant comme une tornade.

Inquiète et soucieuse, la gouvernante accourt chez le prince qui est bien plus grand qu'elle.

- Qu'est-ce qu'il y a Elian ? s'enquiert-elle en tapotant sa joue.

- Ce qu'il y a ? C'est que Morgan, ou Anne, ou je ne sais pas quoi, est absolument incompétente. Par deux fois, je lui ai dit de ne pas toucher aux documents sur mon bureau et elle s'entête à le faire pour que, je cite, « je puisse y voir plus clair ». Mais je vois très clair dans mon bordel, moi ! Ces documents sont trop importants pour que n'importe qui y touche. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

Il a l'air d'avoir une patience légendaire. Le prince croise les bras.

- Oh, je suis désolée, Elian, je...

- Je l'ai même surprise en train de aire un rapport de mes activités à quelqu'un au téléphone. Sans surprise, c'était évidemment père ! Je n'ai pas droit à une vie privée ?

- Ça ne se reproduira pas, Elian. Ne t'en fais pas, tente la gouvernante visiblement outrée et choquée.

- Ça, c'est sûr ! Je l'ai déjà renvoyée, déclare-t-il sans cesser de froncer les sourcils.

- Quoi ? Mais c'est radical, comme sanction !

- J'en ai rien à faire, j'ai déjà assez de pression sur le dos avec les dossiers que je dois soumettre à mon père, sans compter ses chiens qui surveillent chacun de mes gestes. Je suis sûre que même mon chauffeur observe tout ce que je fais pour tout aller répéter bien gentiment. Le portier aussi, tiens ! Toutes mes entrées et sorties ! Alors, Del, non, ce n'est pas radical, je n'ai pas besoin me sentir observé dans ma propre chambre en plus de ça, merde !

Au-delà des limites Où les histoires vivent. Découvrez maintenant