Family

'till the end of the line

NDA: ce titre n'a aucun rapport avec le chapitre, j'avais juste envie de l'écrire.

Elle n'avait pas parlé à sa mère de son passage à tabac. Peggy ne lui en avait pas parlé non plus. Il y avait un silence mutuel entre elles deux. Elles faisaient semblant de ne rien voir, ne de rien savoir.
Le mari de Mme Carter ne s'était pas excusé, mais elle n'attendait rien de lui, et elle ne lui accorderait jamais le pardon.
Emily était comme une ombre. Elle se glissait dans la maison aux heures sombres, se nourrissait du minimum vital et chassait l'ennui dans les rues sombres.
La nuit était devenue son domaine de chasse. Son tuyau rouillé à la main, elle patrouillait dans les rues, se sentant gardienne de Brooklyn. Elle rentrait au petit matin, revigorée de l'air frais et pur, et plongeait sous les draps pour la journée.

Elle évitait ainsi de croiser sa famille et ses anciens amis. Elle avait pleine confiance en les chats errants et la lune pâle qui brillait au-dessus de sa tête.
Elle ne s'était jamais sentie aussi libre. Elle avait cessé d'aller à l'école, elle pensait assez en savoir sur la vie pour s'en passer.
Ses pupilles s'étaient agrandies, afin de capter un maximum de lumière dans l'obscurité. Parfois, elle se regardait dans les flaques d'eau.
Ses cheveux blonds, sales et emmêlés lui tombaient aux fesses mais n'étaient étrangement pas repoussants. Cela lui donnait un charme sauvage qu'elle ne définissait pas elle même du haut de ses onze ans. Ses yeux bleus scrutaient tout avec méfiance et curiosité mêlées. Oui, elle était belle ainsi. Sa peau avait pâli du manque de soleil, elle était plus mince et tout médecin aurait bien dit qu'à cet âge là c'était alarmant. Mais bien évidemment, elle n'allait pas voir le médecin. Ses muscles s'étaient développés à force de grimper sur les immeubles pour surveiller la ville endormie.

Plusieurs fois elle avait réussi à observer Howard Stark depuis son perchoir.
Il avait l'air fatigué, il travaillait sans cesse, mais malgré tout il était heureux et passionné dans ce qu'il faisait. Emily était fascinée.

Le soir du 23 mai 1958 elle se leva comme chaque nuit. La seule différence était que ce jour là était son anniversaire.
Elle avait dans l'idée d'aller nager autour de la statue de la Liberté pour fêter cela, ou si l'eau était trop froide, peut être volerait-elle un peu d'argent pour se payer un restaurant.

Elle ne s'attendait pas en descendant l'escalier sombre à trouver sa mère dans le salon.
Elle voulut faire demi-tour, passer par la fenêtre de sa chambre, afin d'éviter cette femme qui de toute évidence l'attendait.
Mais Peggy l'avait vue et elle lui sourit. Alors Emily n'eut d'autre choix que de descendre et de la rejoindre.

Sa mère avait l'air fatiguée mais heureuse. Elle n'était pas en chemise de nuit mais bien habillée, comme si elle s'apprêtait à sortir. La petite fille blonde se dit que c'était peut être le cas. Elle ne connaissait plus vraiment sa mère.
Elle tenta de la contourner mais Peggy la prit dans ses bras, la serrant fort contre elle. Emily entendait le cœur de sa mère et cela lui fit bizarre.

Quand elle la lâcha, elle se rendit compte que sa mère la regardait avec des yeux brillants d'elle ne savait quoi. Elle haussa les sourcils: "Quoi? Qu'est ce qu'il y a?
-Joyeux anniversaire ma chérie!
-Heu... Oui oui... Mais...pourquoi tu es là?"

Emily cherchait du regard un indice qui pourrait potentiellement lui indiquer dans quel genre de guet-apens elle était tombée. Ne trouvant rien, elle verrouilla son regard océan dans les yeux foncés de sa mère. Cette dernière rit:
"Ne sois pas si méfiante!
-C'est quoi le piège?
-Il n'y en a pas! C'est l'anniversaire de ma petite fille, alors je vais te faire profiter de ce jour spécial!
-... Tu es folle maman. Et ton mari?
-...Il...n'est pas au courant. Et tant mieux! Vas-y!"

Mme Carter lui glissa dans la main une poignée de billets pleins de zéros et la poussa dehors en la saluant de la main.
Emily eut juste le temps de prendre son tuyau chéri, caché la journée sous un bosquet. Elle traça dans les rues de Brooklyn. Emily connaissait les lieux, elle savait que les néons des magasins l'éblouissaient. Ce n'était pas un endroit où elle allait d'habitude. Elle passa dans Queen et Emily perdit tous ses repères. Elle n'aimait pas ce quartier car les enfants étaient trop différents d'elle. Trop sages, trop propre sur eux. Mais c'était le seul quartier où les restaurants étaient acceptables selon sa mère. Elle y allait donc à contre cœur.