3. Contagieux

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ISAAC


Je suis énervé. Je ne sais pas ce qui est le pire entre dormir avec une fille, ou ne pas l'avoir sautée avant.

Je suis frustré.

De toute façon, Lochan m'attend depuis deux heures. S'il y a bien quelque chose que j'aime chez Lochan, c'est sa patience. J'aurais très bien pu dire qu'il était comme un saint, et que ses réflexions sur la vie étaient incroyablement bien tissées... Mais ce serait mentir.

Bien sûr, Lochan a toujours été au niveau cérébral le plus mûr et le plus fourni. Seulement, il est loin d'être un saint. Je le couvre parce que je suis le seul à être au courant que Lochan deale dans le coin. S'il s'avérait que Jakouille le sache, je ne suis pas certain que Lochan puisse s'en tirer facilement. En y réfléchissant bien, le marché de Jake a toujours bien rapporté, alors si on lui vole tout ses bénéfices, je ne pense pas qu'il soit aussi mature et philosophique sur la question.

Jake aussi avait une bonne tête. Il a toujours été très aimé par les professeurs, parfois bien plus que les élèves.
Le truc, lorsque vous passez des années dans des établissements peuplés d'arriérés, c'est que vous avez beau être tout et n'importe quoi (beau garçon, bon sportif, bon élève): tout le monde s'en fiche et vous finirez toujours par avoir un truc qui cloche.


Intellectuellement, je dois ressembler à Lyderic, on n'est pas trop faits pour les études. Je sais que je ne suis pas une très bonne influence pour Jake, et Lochan par ailleurs. C'est moi qui les ai lancés dans le trafic, et je n'en suis pas fier parce que je sais que je ne peux plus revenir en arrière.

Lorsque je suis arrivé dans le salon de Lochan, j'entendais Lyderic tousser et faire trembler toute la maison. J'avais envie de lancer une petite réplique pas mal drôle, mais personne n'était là pour l'entendre. Je décidais de fouiller dans leur réfrigérateur, et me confectionner un sandwich peanut butter avec du thon. Lochan venait de descendre, il me regardait avec dégoût.

« T'es en train de te faire un sandwich beurre de cacahuète thon à l'huile ? J'ai hoché la tête, puis j'ai croqué dedans.

- Je ne crois pas avoir assisté à une scène aussi ignoble depuis que je t'ai vu pisser sur le paillasson de Madame Foster. »

J'ai écarté ce que j'avais dans la main pour rigoler. Il s'est décontracté.

« Si, crois-moi t'as vu pire.

-Dans ce cas, je préfère ne pas me le rappeler. »

Tandis que je terminais mon sandwich tranquillement, Lochan s'était écroulé sur le canapé. Il laissait pendre ses jambes dénudées, alors j'ai remonté lentement mon visage, et je remarquais enfin qu'il était en boxer. Le bruit que faisait Lyderic était fortement comparable à un animal qu'on menait à l'abattoir. L'animal vraiment au supplice qui attend qu'on l'achève. Une horreur.

« Ça va ton frère ? Demandais-je en lâchant un petit rire. »

Lochan releva la tête.

« Tu connais l'histoire de la Terreur Blanche ? »

Je ne mets pas très longtemps à réfléchir.

« -Non.

-C'est un violent massacre qui a eu lieu en France. Une vague immense de violence, un bain de sang, des cris abominables. »

Je fronce les sourcils, cherchant à faire le lien.

« Ça m'fait juste un peu penser à Lyderic, réplique Lochan qui ne me laisse, heureusement, pas le temps de cogiter. »

HétérochromieWhere stories live. Discover now