7. Etranger des sentiments

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JAKE.

  Cela fait une semaine qu'Aveline sonne à ma porte, tous les soirs, lorsqu'elle sort des cours. Chaque jour, je reconnais ses jupes familières et ses chemises droites. Chaque jour, elle change de coiffure mais ses cheveux sont sans cesse attachés. J'ai envie de tout critiquer chez elle, car tout est critiquable. De sa façon de s'habiller jusqu'à sa façon de s'exprimer. Mais quelque chose chez elle m'intrigue toujours. Je me rembrunis toujours lorsque l'on tient tous deux une conversation. C'est plus fort que moi et je me sens agressif. Au fond, je sais qu'elle a peur de moi. Elle a peur, j'en suis certain. C'est un agneau vulnérable, et le plus emmerdant des agneaux.

  Je décide à enfin lui ouvrir et elle paraît surprise, le poing encore levé pour frapper à la porte. Elle me regarde droit dans les yeux et je me mets à me détester pour avoir ouvert.

« -Arrête de me dévisager, grondai-je.

-Je ne pensais pas que tu allais...

-Finis ta phrase et je ferme la porte.

-Pardon, pardon ! Je peux...entrer ?»

Je soufflai tout en jetant instinctivement un rapide coup d'œil autour de nous. Le quartier avait l'air endormi, et il était tout juste dix-huit heures.

« -Ouais, je cédais en m'écartant. »

Je sentis son odeur m'envahir lorsqu'elle franchit la porte. Elle sentait quelque chose comme de la...vanille? 

Quelle genre de fille peut sentir la vanille. C'est pas les fleurs, les roses et toutes ces conneries habituellement ?

« -Est-ce que je peux avoir ton numéro de portable ?

-Non. On monte, j'aime pas rester en bas.»

J'emboitais le pas en me rappelant la dernière fois où elle était venue ici. Je me souvins alors de cette espèce d'histoire avec son père. Je fronçais les sourcils sans m'en rendre compte car elle me le fit remarquer.

Elle commença à me poser d'innombrables questions barbantes, quelques unes scientifiques auxquelles je n'avais aucune foutue idée de ce dont elle parlait. Pourtant, elle avait l'air passionnée et notait tout sur son petit carnet de couleur immonde, mauve peut-être. Je l'observais patiemment pendant qu'elle écrivait. Quelques mèches de son chignon tombaient sur son front. J'en avais déduit qu'elle avait du passer une rude journée, pour avoir cette coiffure négligée. Elle releva les yeux au même moment, et me surpris.

« -Je suis désolée de t'avoir pris du temps, je ne vais pas tarder à y aller je...

-Tu peux rester. »

Je m'étais relevé au même moment qu'Aveline, et je crois bien m'être stupéfait bien plus qu'elle ne l'était.

« -C'est...gentil, mais je ne peux pas je dois faire à manger mon beau-père n'est pas à la maison...

-T'es pas fille unique ? L'interrogeai-je.

-Si, mais pour ma mère elle n'est pas capable de...

-Je vois, dis-je en levant la main pour la faire taire.»

Je songeais à quel point sa vie devait être ennuyeuse. Ses parents la privaient de toutes les joies du monde, et  elle ne s'en rendait même pas compte. Du moins, elle n'avait jamais chercher à s'en plaindre. 

« -Je suis sûre que tu en fais trop. Elle est capable de se faire à manger.

-Non, elle ne l'est pas. Elle a besoin...

HétérochromieWhere stories live. Discover now