5. Drogue

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JAKE

« Je t'ai vu traîner avec la petite Anderson, s'exclama subitement Tommy. »

Tommy est un type pas très net, fou des rumeurs et de rap allemand. Si vous ne voyez toujours pas quelle personne il peut être, il se tape une femme de quarante ans. Il m'insupporte, mais ce n'est malheureusement pas le cas pour Isaac. Cependant, je fus vraiment étonné d'avoir été attentif à la simple entente de ce nom, et c'était déjà quelque chose qui me mettait de mauvaise humeur. Je ne pense pas lui avoir envoyé de message après qu'elle soit partie, je m'étais déjà remis sur pied le lendemain. Dieu merci, je n'ai pas le même système immunitaire que Lyderic.

« Ses parents sont très religieux, c'est ce que j'ai entendu, dit-il en haussant les épaules. Tu veux te faire une religieuse ? »

J'ai eu la nausée, et j'étais incapable d'en placer une. Il parlait bien trop vite.

« Tu ne devrais pas t'approcher de cette fille, surtout que t'as pas mal de candidates. Enfin, j'ai vu que c'était à la mode les petites vierges innocentes avec les... Comment vous dites ? Les bad boys. Peut-être qu'elles sont douées à...

-Tu veux quoi, Tom ? Articulais-je rapidement. »

Il semblait pensif, j'ai frôlé le rire rien qu'en imaginant ce type réfléchir.

« Te mettre en garde de manière très gentille. J'ai aussi entendu qu'elle avait un petit copain très protecteur... »

Je l'ai brutalement dégagé de mon chemin, pour rejoindre Isaac.

« Fais gaffe, t'as de la fumée qui sort de...Oh, ce regard.

-On y va, ordonnais-je. »

ISAAC

J'ai surpris Jake chercher des yeux Aveline, quasiment toute la journée. Jake s'était déjà intéressé à des filles, mais je savais pourquoi il n'aimait pas tous les éléments qui "officialisent" la chose. Jake avait clairement un problème en ce qui concernait le contact et les conversations mielleuses. Il était un peu violent et je n'étais pas le seul à difficilement l'imaginer dans une relation. Le problème, c'est que depuis Aveline, Jake semble dérangé. Je ne m'inquiète pas pour lui, comme un vrai ami devrait véritablement le faire. Je m'inquiète pour cette fille. Le fait est que, si cette fille le dérange, elle a déclenché quelque chose. C'était mauvais signe, parce que cette fille était bien.

J'ai rejoins Jake en fin de journée, il avait déjà sa dose de cocaïne. J'ai refusé d'en prendre, je n'étais pas d'humeur. Lochan refusait de me répondre et cela m'énervait. J'ignorais la raison pour laquelle il ne me répondait pas, et d'autant plus le fait que cela me mette autant en rogne.

De loin, j'apercevais Aveline qui regardait dans notre direction. Quand elle me surprit, elle accéléra le pas pour ne plus être dans mon champ de vision. J'ai souri en regardant Jake, qui faisait comme si cette scène n'était rien de plus banal.

Mais je savais que tout ça était bien loin d'être banal.

Lochan

"Qu'est-ce que tu fais aujourd'hui? On sort avec J et le bro?"

Je ne pouvais pas me résoudre à lui répondre. Il s'était passée bien trop de choses depuis Lundi, et je n'arrivais à rien enlever de ma tête. Tout était si oppressant et ma tête tournait à chaque pensée de ses mains contre ma hanche. L'envie de vomir me prenait, parce que c'était répugnant.

C'était Isaac, Isaac, Isaac.

Mon ami Isaac.

S'il savait où se dirigeaient mes pensées, s'il savait tout ce qu'il venait de me faire, je crois que c'est lui qui vomirait. Je ne peux même pas imaginer quelle immondice traverse mon esprit. Il avait simplement touché mes hanches, parce que j'avais dérapé en skate. J'ai fui, et je crois que c'est la meilleure décision que j'ai prise de toute ma vie. C'était bien trop étrange, j'arrivais pas à croire que mon corps avait réagi. J'ai passé un peu d'eau froide sur mon visage en soupirant. Mes mains mouillées me rappelaient enfin une sensation réelle, dans tout ce bordel. J'ai rigolé, d'un rire assez nerveux et très fort. Beaucoup trop fort.

Je devenais fou.

JAKE

« Je ne pensais pas que tu viendrais aussi vite.

-Je suis trop contente de pouvoir t'interroger, répondit-elle d'une voix qui trahissait son excitation.»

Je mentirais si je ne trouvais pas son petit corps sautillant et ses yeux lumineux mignons. L'invitant à entrer, elle frôla mon bras. J'avalais difficilement ma salive.

Nous parlâmes longtemps du caractéristique des vairons semblable aux animaux, plus ou moins observés chez différents types de bestioles et de races. Du fait que les pupilles avaient un diamètre différent, et j'en passe. Son téléphone vibrait souvent, et j'ai osé lui demander qui c'était.

«David. C'est...Mon beau-père, m'expliqua-t-elle»

Grand alcoolique, qui semble déterminé à lui gâcher l'année. Pour ne pas dire la vie. Même si j'éprouvais le besoin de ne pas trop m'y intéresser, j'écoutais attentivement. Sauf qu'elle venait de changer subitement de sujet.

«Je sais que tu es sous l'emprise de substance illicite.»

Je ne lui demandais pas pourquoi, cette fille venait de me balancer un milliard de connaissances sur des caractéristiques liées à la vision. Elle n'était pas aussi bête pour ignorer qu'à cet instant, mes pupilles étaient des vagues en mouvement constant. J'ai raclé ma gorge et elle se leva brusquement.

«Je ne veux pas être mêlée à ça..»

Je me levais à mon tour.

«Attends... Aveline !»

Je pris, un peu trop violemment, son bras. Mais je fus gratifier de l'effet escompté: elle s'arrêta. Je sens sa respiration s'écraser contre mon cou, et son bras trembler. Je m'apprêtais à lui dire que je ne la mêlerais jamais à ce genre de choses, mais Isaac venait de crier mon nom en bas. J'ai juré, et j'ai instinctivement plaquées mes mains sur sa bouche. Je sentis son souffle réfréné, et elle se mit à crier, le son étouffé de sa voix s'écrasant directement contre la paume de ma main gauche. La possibilité qu'Isaac puisse voir Aveline dans ma chambre me rendait fou. Je pressais légèrement mes lèvres contre son oreille droite.

«Ne fais rien de stupide et attends ici, murmurais-je.»

Sans attendre, je me dirigeais en bas. Plaçant la plus grande des confiances en cette fille pendant l'espace de cinq minutes. Isaac était là pour me proposer de sortir, et je déclinais la proposition. Il mourait d'envie d'insister, mais il savait que je n'étais pas le type qui supportait l'acharnement. Il le savait, et je le fréquentais pour cela.

Aveline n'était pas dans ma chambre à mon retour.



HétérochromieWhere stories live. Discover now