Tenebris

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James rentra dans sa chambre accompagné de Simon et mit en marche son gramophone qu'il avait hérité de son défunt grand-père. Il prit un de ses vinyles traînant par là et l'inséra alors. Un air d'Elvis Presley monta dans la pièce apaisant légèrement la tension qui planait au-dessus de leur tête, lourde comme une enclume. James ferma alors la porte et alluma la lampe ; la lumière brillait si peu que les recoins de sa chambre semblaient enfouis dans une masse de ténèbres opaque cherchant à happer la première personne prenant les risques de s'aventurer trop près d'elle. Simon enleva son sac et s'assit alors sur le lit, émettant un petit craquement très léger le faisant grimacer, l'autre garçon, quant à lui, enleva doucement sa veste et la posa sur le dossier de sa chaise installée face à son ordinateur éteint. 

Nous avons besoin d'amour...

James commença alors à allumer son ordinateur et se retourna vers son ami lui accordant un petit sourire timide que Simon lui renvoya de manière encore plus indécise. Ils voulaient tous les deux parler mais n'arrivaient pas à communiquer, leur cœur se serrant un peu plus à chaque seconde. Ce fut finalement le propriétaire de la chambre qui rompit ce silence pesant.

-Je suis désolé pour tout à l'heure à la gym, j'aurais du t'aider. Tu sais, on s'en fiche pas mal de ce qu'ils pensent, eux, tu vois ? Ça ce voit qu'ils ne connaissent pas la douleur et l'obscurité. Ils ne savent pas ce qu'il se trame autour d'eux, je ne parle pas de tout ce qui est mondial mais bien de ce que nous arrivons à percevoir. 

-Je sais que je devrais en avoir rien à foutre. Je le sais mais...

Il mordit fermement sa lèvre inférieure.

-Je n'y arrive pas, tu comprends ? On est tous les deux des grands anxieux et tu le sais aussi bien que moi, alors je ne vois pas pourquoi tu essaies de me dire de ne pas m'inquiéter ! Je... ne peux pas m'arrêter de m'en préoccuper. Je crois que cela fait de moi un humain non ? J'ai toujours pensé que j'étais une erreur. Nous pensions tous les trois que nous n'étions que des erreurs alors qu'on subit juste le châtiment de tous ces connards. Tu te rends quand même compte que c'est une sorte de purgatoire ? Tous ces imbéciles qui ont commis des erreurs par le passé et qui n'ont jamais eu la monnaie de leur pièce, c'est désormais à nous de payer. Alors que, putain de merde, on a rien foutu, tu comprends ?

James acquiesça lentement la tête et se mordit lui aussi la lèvre inférieure. Il regardait le sol et croisa les bras, tentant de faire le tri dans ses pensées, croyant bon de tout mettre dans des portes scellées.

-Je sais. Mais si tu n'arrêtes pas de toujours tout associer à Thanatos et à toutes nos merdes morbides, on arrivera jamais à voir le bout du tunnel. Et ne me dit pas que c'est impossible, on sait tous les deux qu'il y a un moyen de s'en débarrasser, il faut juste le trouver.

Il s'avança doucement vers le garçon assis en raclant ses chaussures sur la moquette rouge. Il ne posa même pas le regard sur tous les posters le fixant de leurs yeux inanimés ou bien même à la lueur bleue de son écran d'ordinateur. Il se tenait alors juste devant Simon. Il lui mit une main dans les cheveux et commença à lâcher sa lèvre du bas afin de ne pas à voir le sang couler de sa bouche.

-Alors, sèche tes larmes s'il-te-plaît. Je sais que c'est beau un homme qui pleure pour certaines personnes, mais moi ça me chagrine plus qu'autre chose. Pourrais-tu le faire pour moi ?

-Ils étaient juste là James.

James se recula soudain et fronça les sourcils, consterné.

-Pardon ?

Simon poussa un grand soupir et releva les yeux et essaya de stopper ses larmes.

-Je ne veux pas mourir avant de te le dire James. Ils étaient juste là mais ils ont toujours été là.

Ad BaneWhere stories live. Discover now