Turpissimum

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Les résultats des examens de Noël étaient tombés, les vacances venaient de s'achever et la vie avait pleinement repris son rythme, réveillant les somnambules et multipliant les crises d'anxiété et les suicides dont la raison est un véritable leitmotiv auquel les médias sont habitués à dénoncer tout en l'utilisant pour dénigrer ceux qu'ils décrivent comme des vils personnages, le semblant de noir et blanc étant distillé par quelques gros titres évidemment pessimistes et négatifs. 

Et, étonnamment, ce fut exactement la même chose pour James. Ses examens médicaux étaient tombés, laissant entrevoir un espoir de guérison ultime, de même pour les examens psychologiques. Il quittait l'hôpital où il avait longtemps été séquestré à cause d'une balle tirant sa révérence dans sa jambe, il goûtait au véritable sentiment de liberté, d'indépendance qu'il n'avait plus goûté depuis longtemps et qu'il adorait pourtant, même si ces instances dans le bâtiment avaient réussi à faire disparaître ses visions les plus terrifiants, corroborant avec la plénitude qu'il arrivait à ressentir.

Il avait retrouvé, une semaine après la rentrée scolaire, une vie plutôt normale, dans le sens où il était enfin heureux. Il se préoccupait désormais de ses devoirs, du travail qu'il devait fournir pour réussir ses études. Malgré les sinistres événements représentant tristement les éons de l'individu qu'il avait poursuivi toute sa vie passée, il se sentait libre, les petits tracas de la vie quotidienne devenant excitants et non plus secondaires. Il traînait toujours avec cette jeune fille malencontreusement bousculée un jour de pluie, cette jeune fille qui se demandait pourquoi il avait disparu pendant autant de temps et qui laissait sa curiosité perverse prendre le dessus en lui demandant comment les tueurs s'y étaient pris dans le gymnase. 

Il avait essayé de décrire le plus de choses que ses pensées arrivaient à expliquer, mais préférant éviter certains détails -comme les têtes éclatées, les membres organiques maladroitement éparpillés sur les adolescents agenouillés- afin de ne pas dramatiser des faits se rapprochant plus aux faits divers qu'aux faits extraordinaires, les attentas étant relayés au second plan depuis les vagues de meurtres, ces derniers sortant souvent comme "boucheries" de la part des passants et des adultes cultivés songeant aux célèbres holocaustes qu'ils ont eu la joie de voir en cours, d'où l'importance de l'histoire.

Il terminait juste ses journées avec Victor, ses rapports avec Simon s'étant radicalement minimisés, malgré le fait qu'il ait cette irrépressible envie d'aller le voir, de lui expliquer qu'ils ont besoin de rester ensemble, d'arrêter de s'éloigner, comme si le rassemblement était quelque chose qui s'était accroché à son esprit, gravé au plus profond de son subconscient. Éveillé, il ne se doutait évidemment pas des choses qu'il avait apprises au cours de ses voyages oniriques. Il avait même appris à voir tout le passé et même à contrôler ses pouvoirs. Il était à la soumission totale des anges désormais, à son grand bonheur. Il ne voyait plus leurs visages pendants et couverts de fongosités que le garçon abhorrait férocement. Il avait appris à écouteur leurs paroles, leurs sous-entendus, il réussissait à passer outre leur apparence sordide et gluante et les écoutait sagement, exécutait leurs ordres sans demander quelque chose en retour, car il savait au fond de lui, que suivre leurs ordres et poursuivre leur voix l'emmènerait loin, très loin, là où aucun humain ne s'était aventuré auparavant, probablement car aucune situation n'avait ressemblé à la sienne. 

Les jours défilaient et défilaient, le froid mordant atteignait des températures nordiques, le gel se posait sur les routes, les chutes de neige se faisaient de plus en plus vives et les accidents de route venaient s'ajouter au compte des nombreux meurtres que la police essayait toujours d'élucider. 

C'était le 29 janvier, un jeudi tout à fait banal se préparait. James venait de se lever et, pendant qu'il prenait soin de se laver les cheveux, écoutait distraitement les informations que la radio transmettait. Son cœur fit un petit soubresaut lorsque le présentateur annonça que certains bus ne pourraient passer à cause de l'importante couche de neige recouvrant les routes et le gel devenu plus mortel que jamais, causant une dizaine d'accidents en moins d'une heure dans la petite bourgade de Marcart. Il écoutait calmement les lignes de transports en commun défiler. 148, 149, 35,... 

Ad BaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant