•Aequaliter Nubila•

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Le dernier bus qui passait à la place culminente venait de passer. Il était à l'heure, comme tous les jours des vacances hivernales ; moins de jeunes devaient se déplacer à l'aide de bus et certains adultes avait pris congé pour rester avec leur progéniture.

Ce jour-là, trois adolescents en descendirent. Deux revenaient d'une soirée bien arrosée où il fêtait la fin de vie de jeune garçon de l'un de leur ami beaucoup plus vieux, qui avait comme plan de se marier à une riche et vieille femme afin de récolter le plus d'argent, car généralement, plus les femmes étaient riches, plus elles avaient de chance de devenir de véritables lionnes.

L'autre personne qui était descendue revenait de la dernière soirée où pouvait voir son petit ami avant qu'il ne parte dans les contrées lointaines, explorant les endroits secrets de l'Océanie. Elle craignait la vie de son amour, mais préférait ne pas détruire toutes ses intentions exploratrices et héroïques. Malheureusement pour elle, trois mois plus tard, il sera retrouvé mort, cause due à la piqure de méduse-boîte, cette méduse extrêmement dangereuse.

Le destin décida que les trois personnes allaient se voir mêler leur destin à cause de simples boutades puériles et viles de la part des deux congénères, reluquant la troisième personne de la tête au pied.

De nombreuses impunités orales ont été commises alors qu'ils marchaient tous les trois péniblement dans la neige tombant à gros flocons. Alors qu'ils venaient de passer un vieux bus TEC brûlé et entreposé près d'un antique hangar, l'un des deux compagnons vomit alors et rendit la blanche neige verdâtre et légèrement teintée de jaune alors que l'autre éructa et lança sa canette de bière sur la route, la faisant rouler.

Ils continuaient de se moquer ; leur victime ne se dérogeait pas et personne n'était là pour les voir agir. Pour eux, c'était l'instant parfait pour laisser éclater leur instinct primitif, sournois et dépourvu d'esprit logique ou même humain.

Ils pensaient que rien ne pourrait leur arriver, qu'insulter la jeune fille ne servirait qu'à satisfaire leurs besoins pervers.

Ils entendirent tous les trois un pas lourd se traîner derrière eux. Ils se retournèrent alors.

Une ombre gigantesque, suintante et dégoulinante, possédant une odeur de souffre et d'accumulation de déchet sauta à la gorge de l'adolescent qui avait fini de vider son sac sur le sol.

La créature le saisit de ses dents répugnantes, semblables à de durs tentacules provenus d'un monde inimaginable, même pour les fous. La "Chose" tenait le garçon par le coup. Elle le tractait à l'unique aide de sa mâchoire et de ses dents. Il n'avait plus les pieds sur terre et bougeait ses mains dans tous les sens, tel un forcené. Ses yeux étaient révulsés et ce ne fut pas une grande surprise lorsque dans un "ploc" lugubre, un de ses globules oculaires se déroba de son socle. Plus tard, les scientifiques diront que la raison de la sortir de l'œil était que le tueur avait probablement tenté de l'arracher ; comment pouvait-on expulser le globe d'une personne en arrachant son cou ?

La "Chose" décida alors de lâcher la personne, lui déchirant au passage une partie de son cou. Le corps entier retomba mollement sur le sol, les membres écartés, le sang continuant de glisser hors de son être, la bouche ouverte. Lorsque les corps furent retrouvés six heures plus tard, de la neige s'était entassée dans le semblant de gorge qu'il restait au pauvre garçon.

L'ombre ayant achevé sa première victime sauta sur le deuxième scélérat. Elle sortit les griffes de sa grosse main noire couverte de champignons toxiques et frappa la joue de l'adolescent. Non seulement cette attaque infligea une marque de griffure profonde, mais en plus à cause de l'impact du choc, la tête se démembra et s'arracha de son réceptacle. Dans un jet de sang s'étalant sur quelques mètres, la tête fut propulsée et roula longtemps sur le trottoir, colorant en ligne presque droite la blancheur immaculée des contes hivernaux, en la couleur de la violence et des enfers. Le corps du décapité chuta lui aussi, étalant son sang sur le reste de la route.

Finalement, la créature parut hésiter à la vue de la jeune fille. Celle-ci priait pour que l'ombre l'épargne, prise dans un étrange élan de générosité. Malheureusement pour elle, les pires démons ne connaissent pas la définition de générosité.

La créature fonça vers la jeune fille, qui essaya de s'enfuir, en vain. Le monstre la rattrapa. Il la saisit par le ventre et l'amena vers son ventre. Des branches rentraient un peu partout dans sa peau, la faisant saigner. La créature incisa la peau de l'adolescente uniquement avec ses griffes ; elle empoigna le centre du ventre de la victime et commença à  tirer vers elle, séparant le corps en deux hémisphères. Le liquide se déversait lentement sur une neige rubescente, témoin du nouveau meurtre de la pire chose que l'humanité ait connu jusqu'à présent.

"La mort de chaque enfant est un désastre de plus et la police ne fait rien pour arrêter ce massacre ! Combien doivent-être morts à l'heure actuelle dans des conditions atroces qui ont effrayé ma mère de nombreuses fois ?! Une vingtaine de gosses sont passés à la moulinette d'un type absolument pas net, remplit de pulsions extrêmement sombres et folles ! La chose qui tue nos enfants est sans cœur et sans âme ! Si la police ne veut pas se bouger et être responsable de la mort d'une population juvénile, tant mieux pour elle, ça leur fera ça sur leur conscience, s'ils en ont une, bien évidemment ! Ils n'ont même pas instauré de couvre-feu ! Songeaient-ils que si des meurtres pouvaient se passer dans une école en pleine journée, une attaque nocturne dans une rue presque exclusivement piétonne devait arriver ?!  Donc, peut-être qu'eux sont des incapables, mais pas nous ! Nous pouvons changer les choses, je le sais bien ! Instaurons notre propre couvre-feu, empêchons nos enfants de sortir trop, ne les laissez pas regarder des choses trop effrayantes ou violentes, faites les jouer à l'intérieur, rendez le trajet jusqu'à l'école et la maison plus fluide et plus facile et surtout, SURTOUT, surveillez-les et éduquez-les !" 

(Témoignage de la voisine d'une des victimes appelant au rapprochement des habitants)

Ad BaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant