LOUNA - II

Changing it all.

Je suis sortie du bus, l'air glacial prit alors soudain possession de mon corps.
J'avais l'impression qu'il gelait mes entrailles, mon souffle chaud dessinait une sorte de fumée diaphane qui rejoignait les nuages sombres du ciel encore endormi. Je levais la tête pour contempler une dernière fois pour la journée les quelques étoiles qui y restaient encore apparentes, comme vaguement dessinées à l'aquarelle.
Je pris une grande inspiration, et j'eus encore plus froid.
Mais je me donnais du courage, j'imaginais une autre journée, vous savez, celles dont tout le monde rêve.
Une chanson battait la mesure en sourdine dans mes oreilles...
"So I'm taking my time on my ride..."
Quand je suis arrivée devant ce bâtiment délabré de pollution, aux multiples fenêtres, sans couleurs, sans aucune joie, ni quelconque émotion.
Neutre.
Le lycée.

"Hey, Louna !"

Je me retournai, et je vit Lukas se précipiter sur moi et m'entourer de ses bras, en me serrant très fort contre lui.

Lukas - Comment va mon amour ?
Moi - Lâche-moi, s'il te plait...
Lukas - Charmant. Qu'est-ce qu'il y a ?
Moi - Rien... Tout va bien, ça va.
Lukas - On en reparlera tout à l'heure, alors.

Il m'embrassa l'espace d'une fraction de seconde, et retourna voir ses "potos", en les appelant joyeusement par des surnoms plutôt étonnants. Du moins, de mon point de vue.
Je le regardais partir, avec une grimace et une profonde tristesse soudain devenue comme trop envahissante en moi.
Ça faisait 3 ans qu'on ne faisait que ça.
En couple, séparés, en couple, séparés, puis encore en couple...
J'en avais assez de ces "je t'aime" éphémères. Moi je voulais trouver quelqu'un qui me promette de m'aimer toujours, quelqu'un qui, chaque matin, soit le même que le jour précédent. Quelqu'un qui m'aime pour ce que je suis et non pour ce que je devrais être. Quelqu'un qui sache me comprendre, quelqu'un qui soit sincère.
Non, je n'étais pas en train de réaliser la liste débile de ce que toutes les filles désirent chez un garçon, garçon qui ne devait probablement avoir jamais vu le jour.
La perfection n'existe pas.
Je voulais seulement une relation où le garçon en question soit réellement amoureux.
Pas amoureux d'une image, amoureux d'une personne.
Lukas -quant à lui- allait et venait tant que ça lui chantait. Je n'avais même plus confiance en lui. Ça ne pouvait plus durer, il fallait que je le dises. Aujourd'hui.
Il fallait qu'on mette les choses au clair.
Il fallait que je fasse changer les choses.
Je ne l'aimais plus.
On ne s'aimait plus.
Alors, selon ma logique féminine,
On n'avait plus rien à faire ensemble.