Retrouvailles

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"HEY ! LOUNA !"

Je me suis arrêtée net.
Et j'ai fermé les yeux.
Mon cou a semblé se briser sous mon crâne, mon regard s'est atterré, mon souffle coupé.

Mais pas lui, putain.
Je m'en fout de lui...

Sa main a agrippé mon épaule, et une larme de rage divergente s'est échappée de mon œil.
Il me parlait, peut-être me hurlait dessus, j'en sais rien, parce que je ne l'écoutais pas, j'avais déjà entendu ce discours une infinité de fois. Et j'en étais terriblement lassée.
Alors je n'ai même pas pris la peine de lui accorder ne serait-ce qu'une seconde d'attention.
Et je me suis contentée de garder la tête basse, et froide.
J'aurais pu lui mettre la claque la plus époustouflante qu'il ait pris de toute sa vie, mais je m'en suis contenue, j'avais sûrement, largement assez de problèmes comme ça.

Passer en revue mes erreurs, mes torts.
Puis hésiter, et se lâcher.
M'insulter de tous les noms.
Pleurer. S'excuser.
Conclure que tout ça est de ma faute.
Et en revenir à la case départ.
C'était long, beaucoup trop long à mon goût.

J'ai craqué. C'en était trop, il fallait que je parte, enfin.

Moi - C'est bon Lukas. Te fatigue pas. C'est de ma faute, ok, très bien. Alors trace ta route, vas-y. Et fais-moi pas chier s'il te plait.

J'ai poursuivi mon chemin jusqu'au lycée sans même prendre la peine de regarder en arrière.

Toutes ces rumeurs qui couraient... Comme quoi il me "trompait", en soirée, complètement torché, se tapant quelques coups d'un soir, et revenant de suite vers moi.
Comme si je n'en savais rien...
Quelle naïveté de sa part...
Mais peu importe. C'était son problème, à présent.

J'avais fait exprès d'arriver un peu en avance, car j'avais en quelque sorte prévu le coup. Il me restait quinze bonnes minutes avant la sonnerie. Alors je me suis assise sur un banc, et j'ai attendu là.

Sur le mur d'en face, il y avait un panneau d'affichage, avec quelques photos récemment affichées, des différentes équipes sportives du lycée.
Parmi d'autres : Tennis, Badminton, Natation, Football... Et Athlétisme.

Curieuse, je m'étais levée pour aller jeter un simple coup d'œil, mais cette dernière discipline attira davantage mon attention, ou plutôt, un visage en particulier.
Ces yeux, et leur regard que j'aurais pu reconnaître entre mille autres.
Ce sourire...
J'étais presque sûre que c'était lui.
Trop fouineuse que j'étais, j'entrepris de regarder la liste des élèves dessous la photo.
Plusieurs noms y étaient inscrits, sans doute une bonne trentaine.
Mais un seul retint mon attention.
Le sien.

Louis Velrin. Première 4.

Il ne m'avait pas menti, on n'était pas dans la même classe, puisque j'étais en Première 3.
J'avais retrouvé sa trace.
Comme ça, au détour d'un simple couloir du lycée.
Et soudain, j'eus la ridicule mais agréable sensation d'être comblée de bonheur.

La sonnerie retentit, et soudain je réalisais ma stupide betise.
C'était la pause du midi. Je n'avais pas cours ce matin et il était inscrit sur un tableau adjacent que les profs que j'avais l'après-midi étaient absents, j'aurais pu manger chez moi, et puis passer une journée tranquille à la maison, blottie sous ma couette...
Mais de l'autre côté, j'avais terriblement envie de partager cet instant avec ce garçon.
Ce garçon à qui je m'étais attachée en une fraction d'instant.
Et qui, peut-être, n'en savait rien.

Aussi rapide que l'éclair, je me suis ruée -avec le sentiment de devenir complètement dingue- sur la liste des casiers encore affichée, et en trifouillant dans tous ces noms, je réussis à trouver le sien.
Numéro 246.
Mon casier, c'était le 252.
Alors, je compris pourquoi il m'avait sans doute remarquée, contrairement à moi, auparavant obnubilée par mon imbécile de copain. J'ai attendu un peu, que les gens arrivent de tous côtés.
Et puis quand j'ai posé doucement mon sac dans mon casier, j'ai entendu une voix derrière moi, si douce, si envoûtante et captivante, que je ne saurais trouver le mot juste pour la qualifier.

Louis - Hey ! Louna !
Moi - Oh... Salut.

Mon cœur battait à tout rompre. J'avais peur de ce qu'il se passerait par la suite. La porte de mon casier restée ouverte, il me questionnait du regard.

Louis - Euh, ça te dirait d'aller manger à l'extérieur ? Ces faces de cons m'ont soulé ce matin, j'ai envie de prendre l'air, je n'ai pas cours cet après midi, j'ai tout mon temps... Et, j'aimerais bien que tu m'accompagnes. Je veux dire, ça me ferait très plaisir... Si tu es d'accord, bien-sûr.

Il m'adressa un sourire, à en tomber.
Alors je sortis mon sac de mon casier miteux, et lui répondit en lui rendant un sourire dont j'espérais qu'il soit aussi lumineux que le sien.

Moi - Eh bien, il se trouve que moi aussi, j'ai tout mon temps... Et, j'en serais enchantée.

Il rit un peu, passa doucement sa main dans ses cheveux en tentant de replacer quelques mèches folles tombées sur son front, et reporta son attention sur moi.
Son expression s'étant quelque peu affaiblie, je pris peur, et fut saisie d'inquiétude...
Je redoutais les mots à suivre.

Louis - On a certainement beaucoup de choses à se dire, tu ne crois pas ?

Je poussai un soupir. Au moins, lui, n'était pas brusque comme Lukas.
Et ce pourrait, peut-être, être un instant comme les autres, en bien plus exceptionnel, que de m'expliquer auprès de lui, assise bien au chaud dans le café qui n'était pas si loin et que je connaissais depuis mon premier jour ici. Il sourit faiblement, et je fis de même.

Moi - Peut-être bien, oui.

LOUNA - IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant