And music

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Ci-dessus, la musique en question, Wicked Games de The Weeknd, à laquelle il y aura une brève référence plus bas dans le chapitre. Je n'ai malheureusement trouvé que cette vidéo avec une qualité de son originale et convenable, et ce malgré le clip assez trash. Simple avertissement de ma part. :)
Bonne lecture !
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Lundi.
En montant dans le bus, ce matin-là, tout me semblait différent.
Les gens. Le ciel. Le bruit ronflant du moteur. Chaque regard, chaque voix.
Plus rien n'était pareil, et cela me perturbait.
Je n'avais peut-être jamais été aussi attentive au moindre mouvement qui puisse m'atteindre, qu'il vienne de n'importe où, de n'importe quoi, ou n'importe qui.
Assise tranquillement sur mon siège, les écouteurs enfoncés dans les oreilles, et The Weeknd articulant ses paroles avec une minutie inouïe, un frisson me parcourut l'échine.
Dans mon dos, une de ces paires d'yeux d'adolescents solitaires et vagabonds venait de se poser sur moi. J'entendis la personne s'approcher, sa démarche semblait à la fois rapide, mais hésitante, lunatique.
Esteban, un gars que j'avais trouvé assez sympa et plutôt mignon quelques temps auparavant, vint s'asseoir à côté de moi, la bouche en cœur. Je fis ridiculement mine de ne pas le voir, mais il persista.

Esteban - Hey ! Ça va, chérie ?

"Chérie" ? Sérieusement ?
Lui, il ne manquait pas d'air...
Jouant toujours la comédie dans le seul et ultime but qu'il me laisse enfin en paix, je fis semblant de prendre un étonné en me retournant sur lui.

Moi - Quoi ? Désolé, tu m'as parlé ?

Son sourire s'estompa immédiatement, et il passa faiblement sa main dans ses cheveux bruns en pagaille. Ses yeux me scrutaient, sans démordre.
Sa voix faiblit, et il perdit son éternelle assurance.

Esteban - ... Ouais, euh... C'est pas grave. Dis, tu finis tôt aujourd'hui ?
Moi - À 18h.
Esteban - Ah... Bon bah... En fait, je voulais juste te proposer un ciné, si ça te dit ?

Ce lover par excellence commençait à sérieusement me taper sur les nerfs.
Mais vraiment, quel lourd celui-là...

Moi - Je ne pense pas avoir mais le temps ce soir, désolée, mais c'est gentil de ta part.

"Prochain arrêt : Lycée Jules Verne."

Moi - Faut que je te laisse, j'ai promis à une pote là-bas de la rejoindre devant le lycée. Bonne journée.
Esteban, souriant niaisement - Ok, salut alors, à la prochaine !

C'est ça, n'y pense même pas.

Évidement, j'avais menti.
Personne ne m'attendait au dehors, sauf le temps. Mon temps.
En sortant de l'autobus, comme toujours, le froid glacial de l'hiver me rattrapa.
Il faisait encore nuit dehors, les nuages, au loin, commençaient tout juste à prendre une teinte rosée. La lune, presque effacée, semblait fatiguée, et attendre avec impatience le relais du soleil, et les innombrables étoiles s'endormaient peu à peu avec elle.
J'avais hâte, mais peur aussi.
Hâte de pouvoir à nouveau poser mon regard sur le visage le plus doux qu'il m'ait jamais été donné de contempler, mais aussi, peur de ne plus jamais en avoir la chance.
Et s'il ne se souvenait pas de moi ?
Et s'il avait tout oublié, la seconde suivant celle où je suis partie ?
Ou s'il ne voulait plus se souvenir de moi ?
Et s'il refusait désormais d'avoir à me parler, d'avoir à partager ne serait-ce qu'une seconde ensemble ?

Bring your love, baby I could bring my shame,
Bring the drugs, baby I could bring my pain.
I've got my heart right here,
I've got my scars right here.

Ces paroles que je connaissais par cœur, à ce moment là, me firent trembler, car en voyant le lycée apparaître au coin de la rue, j'avais l'impression qu'elles prenaient un tout autre sens, comme sorties d'un autre langage.

So tell me you love me,
Only for tonight,
Only for one night,
Even though you don't love me

J'avais l'impression que ces mots coulaient dans mes veines, et battaient dans mon cœur.
J'avais cette impression niaise et ridicule qu'ils décrivaient exactement ce que je ressentais.
Et en retirant mes écouteurs à quelques mètres de l'entrée du lycée,
J'entendis une voix m'appeler.

Sa voix.

LOUNA - IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant