Under the misletoe

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Le lendemain était un samedi.
Lorsque j'ouvris les yeux, mon réveil affichait 7:00.
Putain...
Pour une fois que je peux dormir. Merde.
Dépitée, je me suis quand même levée, sachant parfaitement qu'il me serait impossible de me rendormir. J'enfilais mes pantoufles, et descendit l'escalier.
Je devais avoir une drôle d'allure avec cette grenouillère et ces énormes chaussons. Rien à foutre. C'était bien le seul moyen pour que je n'aie pas froid, alors tant pis pour le style. Et puis mon matin, il est sacré.
Rien ni personne ne doit me déranger. Mais en général, c'était quand même le cas.
Arrivée dans la cuisine, je trouvai le petit post-it griffonné qu'avait laissé ma mère, m'indiquant quoi manger ce midi, me souhaitant une bonne journée, et, je cite : "À ce soir, bisous, maman."
L'originalité dans toute sa splendeur, ma routine quotidienne du week-end.
Ouais, bah ses pâtes bolognese, elle pourra se les garder, j'irais me chercher un McDo' pour une fois.
Je saisis un croissant en m'affalant sur le canapé. J'allume la télé, et prend mon téléphone.
Je Check les réseaux, telle une détective. R.A.S pour le moment, aucune trace de ce que j'appelle un "Post Sad" de la part de notre cher ami Lukas. J'étais habituée à ces petits tweets qui me visaient à peine, dans le genre déjà-vu et revu, par exemple : "les filles je les comprendrais jamais, elles changent toujours d'avis, elle me manque mais elle m'a détruit" et d'autres encore.
C'était presque minable d'assister à des petites tentatives comme ça, comme si elles allaient faire changer quelque chose, comme si un Retweet allait lui ramener tout ce qu'il avait perdu.
Il ne trouvait rien d'autre a faire que me rappeler qu'il existait par le biais d'un téléphone, alors qu'on avait la chance de se pouvoir se voir autant qu'on le désirait, n'importe quand.
Il y avait des couples qui vivaient à des kilomètres l'un de l'autre, et partageaient un amour plus fort que le nôtre. Mais peut-être était-ce justement ça, le problème. La routine. Peut-être que c'est elle qui nous a détruit, que c'est a elle qu'il faut en vouloir. On s'attache souvent à nos habitudes, pour nous rassurer sans doute, nous réconforter. Mais il faut toujours se rappeler que ces habitudes ne sont que de passage, et que nous finissons toujours par avoir besoin de changement.
J'avais besoin de changement.
Et d'un changement radical.
Je voulais que quelque chose vienne bouleverser ma vie, la cogner de tout son poids, la renverser de toute sa force. J'avais besoin de tout recommencer à zéro, j'avais besoin d'entrer dans une nouvelle ère, de voir et de connaître de nouvelles choses. De changer, de A à Z.
Alors dans l'après-midi, je suis allée voir ma tante, elle est coiffeuse.
Oui.
Il faut bien commencer quelque part, et aussi ridicule que cela puisse paraître, pour moi, ça avait une véritable signification. Couper ces longueurs et pointes abîmées, comme pour couper les ponts avec le passé.
Recommencer.
Voilà ce dont j'avais envie.
Une fois ma nouvelle coupe finalisée, mes cheveux lisses coupés droits à hauteur d'épaules, mes nouvelles pointes presque blondes rayonnant dans cet infime rayon de lumière qui perçait les nuages, je suis allée me promener en ville.
Je jetais un œil à l'horloge de mon téléphone, il n'était que 17h, mais il faisait déjà presque nuit.
Le froid d'une brise passagère me fit frissonner, sous les guirlandes lumineuses et verdoyantes, où une palette de couleurs passant par le rouge et le blanc, trônaient fièrement annonçant l'arrivée proche et imminente des fêtes de fin d'année. Je contemplais, la tête levée, toutes ces lumières et ces décorations, toutes ces couleurs et ces odeurs qui me mettaient du baume au cœur. Cette période de l'année était tout simplement magique. Et l'ambiance féerique qui embaumait la ville me faisait me sentir heureuse, et me redonnait le sourire. J'étais comme une enfant, émerveillée.
Quand soudain, je heurtais quelqu'un de plein fouet.
Sonnée et gênée, je reculais de quelques pas, avant qu'un grand jeune homme ne se retourne.
Il était, tout comme moi, emmitouflé dans un gros manteau, une longue écharpe et un bonnet de laine.
Et la première chose que je vit de lui, dans la mi-pénombre de ce soir d'hiver, fut ses yeux.
Et ils étaient... Magnifiques. Son regard qui alliait parfaitement vert et brun m'envoutait, comme s'il avait le don de jeter des sorts. Je me ressaisis tout à coup, encore plus honteuse, et j'entrepris de m'excuser.

Moi - Oh, excusez-moi... Je suis vraiment maladroite, désolée.

Il laissa alors échapper un petit rire nerveux, et tira un peu sur son écharpe pour que je puisse l'entendre convenablement.

Lui - Ce n'est rien, ne t'en fais pas. Oh, je peux te tutoyer, ça ne te gêne pas ?

Une drôle de sensation prit alors vie en moi. Il devait avoir 3, 4 ans de plus, à en juger par sa taille... Enfin, peut-être que je me trompais. Mais ce gars ne me connaissait pas, après tout, si ?

Moi - Eh bien, je ne sais pas... On se connaît ou... ?
Lui - On est dans le même lycée, oui. Ton nom c'est Louna, je crois, c'est ça ?
Moi, surprise - Wouah, je suis si connue que ça ?
Lui, riant - Je ne sais pas, c'est juste que je t'avais remarquée auparavant, c'est tout.

Et il me sourit.
J'avais l'impression que ces quelques malheureuses petites phrases, et ce sourire plaqué sur cette gueule d'ange avaient suffi à ce que je tombe sous son charme, comme une pauvre ignorante. Et je détestait ça. Je voulais pas me laisser dominer aussi facilement, sûrement pas.
Mais il était tellement beau, au milieu de tous ces gens, sous cette guirlande de gui, dans le froid ambiant de cette si belle soirée, où les étoiles et l'astre lunaire nous guettaient de la plus scintillante des lumières.

Moi, lui rendant son sourire - Je pensais pourtant être une fille plutôt discrète...
Lui - Oh, tu l'es. II me semble t'avoir aperçue à l'angle d'un couloir, ou devant le lycée, je ne me souviens plus exactement... Mais je t'ai remarquée tout de suite. L'instinct, peut-être.

Mon cœur battait à tout rompre, j'avais le sentiment qu'il était à deux doigts de sortir de ma poitrine.

Moi - Moi je ne t'ai jamais vu. On est pas dans la même classe ?
Lui - Non, malheureusement.

Je tombais désespérément "in love" de ce mystérieux inconnu, que je venais de rencontrer par maladresse. J'avais la désagréable sensation de m'être jetée dans la gueule du loup.
Et je m'enfonçais de plus en plus, pourtant,
Je n'avais aucune envie qu'on me sorte de là.

LOUNA - IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant