Partie 3

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Elle était éblouie, c'était comme si un Djinn lui avait jeté un sort, elle se doutait de la franchise de ces yeux, elle ne savait pas que la nature avait fait un tel don à son pays natal, pays où elle n'avait pas d'aïeux.

Moïse brisa cet enchantement en prononçant les mots suivants : "Je pense que tout ce qui se dit au téléphone est sans intérêt majeur, et c'est pour cela que je suis ici, aujourd'hui devant toi, pour te dire ce que j'ai à te dire les yeux dans les yeux, pour être franc et pour que tu puisses voir que je suis franc."
Ces mots étaient destinés à Jessica Ben Abdelrahmen qui était une jeune fille brillante, inscrite en licence de management à l'Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar. Une jeune fille que mon grand-père avait un jour ajouté à son tableau de chasse, rien que pour flatter son ego, rien que pour jouer au jeu, ainsi le temps joua mais n'a pas voulu laisser Moïse en faire autant et le destin appuya cette décision du temps. Moïse montra son visage de narcissique, d'arrogant et de sarcastique séducteur à Jessica comme il faisait de routine avec toutes ces jeunes filles qui avaient été sur sa liste de conquête. Cependant, le temps fit la part des choses, Moïse s'attacha, puis aima, parce que Jessica était différente à ses yeux, elle était la première femme avec qui mon grand-père partageait le même monde, ce qui fit que ce dernier ne la voyait plus comme une proie. Il pensa être atteint de la maladie d'amour de Michel Sardou, il avait mal sous la poitrine, mais il ne voulut pas se soigner, il ne voulut pas se débarrasser de ce sentiment de solitude, de nostalgie, de jalousie et d'euphorie. Alors Moïse décida de mettre fin à cette longue partie d'échecs avec Jessica, et invita cette dernière à l'affront final.

-Tu n'es ni bête, ni idiote, tu savais bien que ce jour aller arriver, jour où je me mettrai devant toi pour te dire ce que j'ai sur le cœur. Tu avais le pouvoir de m'empêcher d'y arriver mais tu ne l’a pas fait : soit parce que tu voulais prendre plus d'élan pour me donner ton coup de grâce, soit parce qu'il existe un certain doute en toi que seuls mes mots pourront estomper. Quoi qu'il en soit l'heure de vérité est arrivée. Je sais que tu n'aimes pas mon arrogance et que peut être tu crois que je suis sans cœur, sans peur, raison pour laquelle je t'ai amené ici, pour que tu puisses voir de tes yeux que mon endroit secret, mon lieu de méditation, que là où je vais quand j'ai besoin de me calmer et de vider l’esprit, est un lieu romantique et beau, et que cette arrogance est loin d'être le fruit d'un Narcisse, mais plutôt d'un homme faible comme tout homme et ayant le besoin de se protéger contre le monde extérieur.
- Chacun à ses petits secrets, dit Jessica avec un petit sourire aux lèvres.
- De te faire savoir que ce cœur de pierre, aujourd'hui s'est transformé en une source d'eau douce, et qu'enfin la peur s'est emparée de cette source qui a peur que tu lui dises non, insistât- il.

Il marqua une petite pause pour respirer un peu, ensuite enchaîna avant que Jessica n'ouvrit la bouche car peut être, elle pensait que Moïse avait conclu, mais ce n'était pas le cas.

- Cet endroit a été découvert par S.S, K.B, F.A.N et P.A.M.M dont les initiales sont gravées sur la roche derrière nous. Ces personnes l'ont baptisé "Kazemizu", continua mon grand-père.
- "Kaze" pour "vent" et "Mizu" pour" "eau". C'est du japonais, dit-elle, en lui coupant la parole encore une fois.

Il sourit en se disant dans sa tête que c'était pour cela qu'il l'aimait, car ils habitaient le même monde, le monde des Otakus, puis il enchaîna comme suit :
" Je suis un sélectionneur, je sélectionne- en dehors de la famille qui est imposée par Dieu - les personnes qui ont la prérogative de perturber ma vie de tous les jours, personnes que la plupart des gens appellent proches ou amis. Mon premier critère de sélection est la personnalité. Quand il s'agit de la femme aussi ou de la petite ami, c'est la personnalité qui revient encore en pole position même si chez certains, c'est la beauté qui occupe la première place. Cependant, je ne dis pas que la beauté ne compte pas comme critère de choix, mais plutôt qu'elle ne peut être le premier critère de choix car la beauté est éphémère puisque nous appartenons à un monde physique. Tu as des cheveux magnifiques, un corps de rêve et deux grosses boules de glaces à la vanille comme yeux, avec une pépite de chocolat pour chaque, mais dans quelles années tout ceci va se transformer en un gros sac de rides ambulant, rien que pour te dire que je ne regrette pas de t'avoir connu parce que tu n'es pas une femme dramatique, intolérante, immature, irrespectueuse, parce que tu n'es pas une femme qui copie ses semblables, mais plutôt une femme aventurière, spontanée, challenger, optimiste, une femme qui a la tête sur les épaules.

- Mon Seigneur ! S’écria- t- elle en le coupant pour la dernière fois. Ne me fais pas peur Moïse, tous ces compliments en un seul jour c'est tout sauf toi, ta condescendance est grandement appréciée.
- Ce n'est pas de la condescendance mais plutôt la vérité, en tout cas c'est ce que j'ai pu observer pendant ces courts instants qu'on a partagés. Jessica Ben Abdelrahmen, je sais que je vais perdre ma réputation de "mec cool", mais je m'en fous, je t'aime ! Et que ça soit hier demain ou aujourd'hui, il n'y a que ses trois mots qui comptent à mes yeux !

Il avait fini son discours, la tension régna dans l'air pendant des tierces de seconde. Il ne fallait même pas être un professionnel en la matière pour connaître l'équivalence en mot de l'expression faciale de Jessica. Et mon grand-père l'avait deviné, ce qui le poussa à en finir comme suit, avant que cette dernière n’ouvre la bouche :

« Je pense que tout ce qui se dit au téléphone est sans intérêt majeur, et c'est pour cela que je suis ici, aujourd'hui devant toi, pour te dire ce que j'ai à te dire les yeux dans les yeux, pour être franc et pour que tu puisses voir que je suis franc. »

Fin Partie 3

Poussière d'étoileWhere stories live. Discover now