Partie 5

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Il marchait droit, cherchant la sortie de ce grand édifice en contemplant ce hall où convergeaient toutes les races - couleurs - existantes défilant devant lui, accompagnées d'une symphonie composée d'un mélange de pas lents , de pas accélérés, de disputes, de cris, de chuchotements, de débats, de chariots et de valises qui glissaient sur le sol propre et lisse : il était bien dans la nation de la liberté d'esprit, de religion, de culture et de pensée, il était bel et bien aux États Unis d'Amérique.

Vers la sortie de l'aéroport JFK de New York, il entendit quelqu'un prononcer son nom, il se retourna, puis vit un visage qui lui semblait inconnu.

- Moussa? Insista encore cette personne. Moussa Mouhamed Kane?
- Oui, dit-il, en pensant que c'était un ancien camarade de classe car il n'y avait que cette catégorie de proches qui l'appelait ainsi.
- Peut être que tu ne te rappelles pas de moi. Mais d'elle sûrement oui, dit l'inconnue en pointant du doigt une femme de taille moyenne, de teint claire, sourire aux lèvres, sortant d'une boutique, sac à la main. Femme qui, à la vue de Moïse, se jeta dans ses bras, puis l'embrassa sur la joue.

Moïse était tétanisé, il reconnaissait ni l'une, ni l'autre. Il savait bien que c'était trop joli pour que son Karma laisse passer cette journée paisiblement. Alors il joua l'insolent et répliqua : "on se connaît ?".

- Moussa, c'est moi, Aïcha, Aïcha Ly.
- Aïcha ? S'écria-t-il. Aïcha la vache?

Il ne croyait pas à ce qu'il voyait, il ne pouvait pas imaginer qu'une transformation aussi positive était possible. La femme la plus laide - mon grand-père a toujours considéré tout ce qui était gros comme laid - des personnes qu'il a eu à fréquenter était devenue une vraie « bomba latina ».

- Mon Dieu, pourtant je mettais dis que tu allais te transformer en sumo après ta venue dans ce pays où le "gras" fait la loi, continua-t-il.

- Sarcastique et insolent comme toujours, dit Aïcha
- Turu-turu ! Je suis toujours là, dit l'inconnue.
- Toi, tu dois sûrement être Marième, la meilleure amie à Aïcha la vache ou plutôt Aïcha, laaaaaaa vaaaaachhheee!

Marième hocha la tête, Aïcha tira les oreilles de Moïse pour le punir de sa mauvaise blague un peu.

- Moussa, comment oses tu te pointer dans ma ville sans me le dire à l'avance? Surement, tu comptais aussi rentrer sans me contacter.

Elle avait raison, il ne comptait même pas l'appeler pour lui dire qu'il était de passage. Il ne pouvait tout simplement rien lui refuser car elle avait un certain contrôle sur lui, elle faisait sortir sa vraie personnalité, la personnalité que Jessica avait déterrée puis enterrée en quelques heures et il n'aimait pas cela.
- Non, J'allais t'appeler dès mon arrivée à l'hôtel. De toute façon je ne reste qu'une semaine et je ne suis pas ici pour des vacances mais plutôt pour travailler donc il se peut que ça soit la dernière fois que l'on se voit, dit Moïse pour éviter qu'elle l'invite à sortir un de ces jours.

- Demain c'est dimanche tu ne travailleras pas, alors suis moi, dit-elle en accélérant le pas, évitant que son ami de longue date puisse y placer mot.

Ils marchèrent vers un parking, Marième les souhaita une bonne soirée puis démarra sa voiture. Elle donna comme excuse qu'elle avait du babysitting à faire.

- Karma is a bitch, chuchota mon grand-père pensant qu'il allait passer la pire soirée de sa vie en se trimbalant partout, valises à la main et accompagné d'une femme collante et inintéressante.

Assis tous deux dans la voiture de Aïcha, mon grand-père brisa le silence.

- Où est ce qu'on va ?
- Chez moi.
- Pour y faire quoi ?
- Manger et discuter.

- Ok mais passons d'abord à l'hôtel pour que je puisse y déposer mes bagages.
- On verra après.

C'était, elle, l'insolente en ce moment et Moïse n'aimait pas cela. Il voulut lui donner une correction verbale, la faire pleurer et ensuite sortir de la voiture pour prendre un taxi. Mais une partie de lui refusa d'exécuter cet ordre, partie qui éprouvait de la pitié et de la tendresse envers cette femme faible et grosse qui était à la risée de tout le monde. Quelques secondes après, il se rappela qu'elle avait changé, et qu'elle était devenue le contraire absolu de son passé, alors il se posa ces questions : "pourquoi ai-je toujours envie de la protéger alors que je vois bien qu'elle peut se défendre toute seule aujourd'hui? Pourquoi est-ce que je ressens toujours de la pitié envers elle ? Pourquoi je ne peux pas tout simplement me barrer?"
Et le pire dans tout cela, c'était qu'il ne trouvait pas la réponse adéquate pour tuer ces sentiments qui faisait de lui un joli cœur.
Il décida alors de continuer à discuter avec elle au lieu de se torturer l'esprit.

- Et qu'est-ce que tu faisais à l'aéroport?

- Je travaille là-bas comme vendeuse dans un cosmétique à mi-temps pour arrondir mes fins du mois. Et toi qu'est ce qui t'amène vraiment à New York City?

- Je fais un stage dans une multinationale de la restauration au Sénégal et ils m’ont envoyé en mission pour que je fasse une étude de marché dans un de leur restaurant d'ici.

- Ça semble intéressant, répliqua- t- elle. J'habite juste ici, au quatrième étage. Il n'y a pas d'ascenseur donc débrouilles toi et rejoins moi en haut.
- C'est à cause des sorcières comme toi que je voyage léger.

Ils mangèrent puis discutèrent pendant des heures en jouant des parties d'échecs.

L'horloge indiquait "2 : 00 am", il faisait nuit, mais le "jet lag"- décalage horaire- empêchait Moïse de trouver sommeil, alors, Aïcha lui proposa un dernier jeu "throw water balloons".
Il n'avait jamais joué à ce jeu mais ça avait l'air amusant. Ils prirent deux ballons, remplirent chacun d'eau froide, éteignirent toutes les lampes pour faire croire que l'appartement était vide, puis jetèrent les ballons à un jeune couple d'adolescents passant sous leur balcon.

- Aaaaaaaah, what the hell ? dit la fille
- Daaamn it's cold water ! Are you ok my love? Dit son companion.
- Yeah, fine lovely bunny.
- I can swear it's kids, kids just like my brother, I hate kids. Continua-t-il

Moïse et Aïcha étaient tordus de rire.
- Hahaha ça en valait le coût, as-tu vu la tête du gars? Dit mon grand-père

- Oui, hahaha en tout cas ils vivent bien leur amour. Et toi? As- tu quelqu'un dans ta vie? Tu commences à vieillir.

- Pas aussi vieux que ça, je suis libre comme le vent. Je pense qu'il est temps que je rentre à l'hôtel, il est tard.

Elle l'imposa de rester, elle lui offrit son lit mais il refusa car les canapés n'étaient pas faits pour les dames.

Tous deux, chacun sur son oreiller ne pouvait pas trouver sommeil : car ils pensaient à "comment rejoindre l'autre?"
Cependant Moïse avait peur pour la première fois dans sa vie sentimentale, peur d'être rejeté, peur d'être accepté puis de blesser ou d'être blessé. Il ne voulait plus rentrer à l'hôtel, il avait envie de loger ici pendant tout son séjour.

- Est ce que c'est ça l'étincelle? Dit-il à haute voix sans faire exprès.
- L'étincelle? Donc toi aussi tu n'arrives pas à dormir?
- Oublies, oui, j'ai une insomnie.
- J'ai un film d'action ici viens on regarde ça ensemble jusqu'à trouver sommeil ? Dit-elle en lui montrant la pochette du film.
- « Die Hard », il paraît que c'est intéressant.

- La TV se trouve dans ma chambre, allons-y.

Le film démarra, Moïse savait que les femmes n'aimait pas les films d'actions, il savait qu'il était là pour subir le jeu imposé par Aïcha.
Cette dernière se coucha sur la poitrine de son futur époux et s'endormit.
Mon grand-père l'embrassa sur le front à la fin du film puis retourna sur son canapé.

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Elle se réveilla, son lit était vide, elle fonça vers le salon, idem pour le canapé. « Il s'est enfuit » elle pensa. Elle marcha vers la cuisine puis entendit le bruit d'un couteau hachant un légume. Elle jeta un coup d'œil, Moïse lui préparait un petit déjeuner au lit, alors elle se précipita sur son lit et fit semblant de dormir.
Mon grand-père lui fit un joli plateau avec des œufs brouillés, des toasts, du bacon, une tasse de jus d'orange et une fleur de tournesol.

- je m'excuse d'avoir été insolent hier, dit Moïse.
Aïcha se leva et embrassa Moussa, puis dit : "idem pour moi"

Ce dernier, ressentit une exception par rapport à sa vie sentimentale antérieure et dit : "c'est ça l'étincelle"

Fin Partie 5

Poussière d'étoileWhere stories live. Discover now