Poussière d'étoile

Partie 7

Aïcha se réveilla. Elle balaya des yeux sa chambre d'hôpital et vit Moussa, assit sur une chaise lisant un livre. Pour dire vrai, il ne lisait pas, son esprit était ailleurs. Il pensait à la mauvaise nouvelle qui suivit la bonne : Aïcha allait vivre, mais elle allait mourir dans peu de temps si on ne lui trouvait pas un cœur compatible.
Il avait un choix à faire continuer à l'aimer et prendre le risque de souffrir à sa mort, ou disparaître et inhiber ses sentiments pour elle.

Il prit sa décision. Il était jeune, la vie l'attendait à bras ouvert, alors pourquoi tout gâcher rien que pour un bonheur limité suivi d'une souffrance illimitée? Alors il se leva et compta s'enfuir, prendre le premier vol pour Dakar et disparaître de la vie de cette jeune fille.

Aïcha, elle, ferma les yeux pour se reposer encore un peu, pensant qu'il était sorti pour s'alimenter ou pour se soulager la vessie.

À sa sortie de l'hôpital, il prit un taxi.
Le taximan lui demanda si le récital du coran le dérangeait, Moise répondit qu'il était musulman.
"Musulman?" Dit-il dans sa tête.
"Est ce qu'un croyant ferait ce que je viens de faire? Qui tue? La maladie ou Dieu? Stephen Hawkins est toujours vivant alors qu'il ne lui restait que 2 ans maximum à vivre d'après les médecins. Qu'est ce qui me dit que je ne vais pas mourir avant Aïcha? Qu'est ce qui me dit que je ne vais pas mourir ce soir?"
Ces questions poussèrent mon grand-père à demander au taximan de le ramener à l'hôpital. Il retourna au chevet de sa bien-aimée et attendit son réveil.

***************

Lorsque les premières lueurs du soleil traversèrent les fenêtres de la chambre d'Aïcha, cette dernière se réveilla, trouvant Moussa encore assis, le nez dans un bouquin "The thirty nine steps" de John Buchan. Elle l'avait lu.

- C'est un bon livre que tu as entre les mains, dit-elle à Moussa.

- Oui, je suis d'accord. C'est bien écrit, on dirait un livre d’Arthur Conan Doyle.

Elle ne savait quoi dire. Elle voulut le réconforter et lui faire savoir que ce n'était pas de sa faute. Mais avant qu'elle ne puisse placer mot, Moussa l'interrompu.

- Il faut que je te parle.
- D'accord, vas-y, je t'écoute.
- Je suis un lâche, hier je me suis enfui. Et je vais te dire le pourquoi. J'ai cru que j'allais te perdre et j'ai vraiment souffert pendant ces quelques secondes. Ensuite j'ai su que tu allais vivre mais avec des complications, car il paraît que la balle a effleuré ton cœur et a abîmé certaines branches de tes coronaires. En résumé ton cœur se nécrose et la solution est une greffe.
Des larmes coulèrent du visage d'Aïcha, le destin venait de lui donner un coup de poignard dans le dos. Mais mon grand-père continua son discours.

- À la seconde où j'ai compris que j'allais souffrir pour l'éternité, je me suis enfoui. Entendre des versets du coran, a pu me remettre sur la bonne voie me rappelant que c'est Dieu qui tue, et nul autre. Je peux bien mourir avant toi. Je sais que ce n'est pas du tout romantique et que tu es affreuse en ce moment, mais je veux passer le reste de ma vie à tes côtés et je suis prêt en à payer le prix. Je t'aime et je veux qu'on rentre au pays pour que je puisse t'épouser.

Aïcha essuya ses larmes, puis rétorqua : « je ne veux pas que tu m'épouses, parce que je suis malade ou parce que je vais mourir. Je ne peux pas te dire oui, je ne peux pas accepter que tu sacrifies ton avenir pour moi. Il y a beaucoup de jeunes filles que tu pourras épouser demain. S'il te plait laisse moi je suis fatiguée, je veux me reposer. »
Elle retenait ses larmes. Elle ne pouvait accepter qu'il se sacrifie pour elle.

- Aïcha Ly, une demande de mariage n'est pas un jeu, mais un engagement. Je ne me sacrifie pas, je t'aime et je veux que tu sois la mère de mes enfants. Alors s'il te plait arrête tes enfantillages!

- Moussa Mouhamed Kane, c'est ni le lieu ni le moment. Je veux dormir!

Mon grand-père sourit, il savait que c'était un « DEMI-NON ».

*****************
Neuf mois passèrent. Mariage, maladie, hospitalisation, transplantation et réveil ont suivi. Ce qui nous amène à ce fameux jour où Aïcha et Babacar étaient seuls, à Kazemizu, lisant une lettre laissée par Moïse.

Fin Partie 7