6 - Inquiétant cauchemar

5.8K 587 116
                                    


Du sang. Une odeur métallique. De la fumée. Des cris et des bruits de métal. Des corps, cadavres indistincts sur le sol. Des personnes qui se battent avec rage et désespoir.

Un long hurlement.

Une femme se tient accroupie, un flot de larmes continu coulant de ses joues crasseuses, creusant un sillon dans la poussière et la cendre couvrant son visage. Dans ses bras, un corps sans vie, un trou béant dans la poitrine. Le sang s'écoule à flot de ce corps sans vie, tel un océan de douleur. Une lumière vive surgit de nulle part, éclairant la scène où se déroule une bataille sanglante, meurtrière. Mortelle. Tout le monde s'effondre au sol, ébloui par la lumière aveuglante, étouffé par la soudaine chaleur. Seule la femme reste debout, continuant de hurler sa tristesse, sa haine et son désespoir, avant de se taire. Définitivement.

Soudain, au-dessus de ce silence assourdissant, on entend le son distinct d'une alarme.

Attendez une minute... Une alarme?

Je me réveille en sursaut, en sueur, des larmes plein les yeux, et me jette sur mon réveil pour le faire taire. Puis je m'affaise sur mon lit, encore tremblante. Ce n'était qu'un simple cauchemar... Mais alors, pourquoi avait-il l'air si réel? Et qui était cette femme, et ce corps sans vie?

Un mouvement sur ma droite me sort de ma torpeur. Une tête aux cheveux blond-châtain soyeux dépasse de ma couette. Un petit cri de surprise se forme sur mes lèvres, mais je comprends vite de quelle tête il s'agit, et je me contente de soupirer légèrement. Au final, Nilhem a préféré le confort de mon lit au parquet de ma chambre. Je me rends alors compte qu'il a noué ses bras autour de moi pendant son sommeil, me serrant contre lui. Je rougis et tente de m'extirper de son étreinte, en vain. Mes gigotements le font même me serrer d'avantage, dans une étreinte chaleureuse. Je sens son torse musclé contre mon dos, nos jambes presque entremêlées. Mon cœur bat la chamade. Un étrange sentiment s'empare de mon être, tandis que j'essaie sans succès de le repousser. Je l'observe un instant. Le sommeil détend ses traits angéliques, lui donnant un air innocent presque enfantin. Ainsi, il a l'air paisible, candide. Ses magnifiques yeux océan sont clos, et sa chevelure soyeuse toute ébouriffée. Il a les lèvres légèrement entrouvertes, et je peux sentir son souffle chaud sur mon crâne.

Mes gigotements finissent toutefois par le réveiller. Il entrouvre un œil, groggy, et desserre son étreinte. Il prononce un faible «Qu'est-ce que...» avant de réaliser dans quelle position nous nous trouvons. Poussant un juron, il se redresse comme un ressort, me lâchant par la même occasion. Je ressens une sensation de vide intense, que je décide d'ignorer. Je me redresse à mon tour.

-Tu es enfin réveillé?

Il me regarde d'un air étrange, mais se reprend rapidement. Par les Immortels, se pourrait-il qu'il soit... gêné? Où est passé le jeune homme graveleux et plein d'assurance d'hier soir?

-Je... Oui, je suis réveillé. Et toi?

Je manque d'éclater de rire, les rayons de Soleil perçant de la fenêtre me réveillant tout à fait. Pas du matin, l'oisillon?

-Je suis parfaitement réveillée, tête de piaf!

Puis je regarde l'heure et c'est à mon tour de jurer. Bon sang, on va être en retard! Il suit mon regard et réalise.

-Je prends la salle de bain le premier!

-Crève!

Malheureusement, il atteint la porte avant moi et s'enferme à double tour. Je pousse un long gémissement. Ma douche du matin!

-Magne-toi! je hurle.

Un ricanement me répond, tandis que j'entends l'eau se mettre à couler. Et la journée ne fait que commencer...

Couleur OcéanWhere stories live. Discover now