20 - Stupéfiantes révélations

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«Il m'a chargé de te faire tomber amoureuse de moi.»

Jamais je n'aurais pensé qu'une simple phrase puisse faire si mal.

Oh, je sais que les peines de cœur existent. J'ai déjà entendu parler de la douleur, si profonde qu'elle semble réelle et fait encore plus mal que la souffrance physique. Le souffle qui se coupe, les larmes qui perlent et se transforment en torrent, la douleur dévastatrice, le cœur qui se brise en milliers de fragments.

Mais jamais je n'aurais imaginé en vivre une un jour.

Ma respiration s'accélère, et soudain, le supplice de mon bras brisé en morceaux me semble bénin comparée à la torture dans ma poitrine, comparé à ce trou noir béant, ce sentiment de déchirure, cette douleur plus froide que la glace et plus brûlante que la lave. C'est comme si mon corps s'ouvrait en deux, comme si des milliers de poignards acérés se plantaient dans tout mon corps, comme si j'étais transpercée de part en part d'un acier chauffé à blanc, tout ça à cause d'une simple phrase, de quelques petits mots.

Souffrance absolue.

Je savais bien que tomber amoureuse de cet oiseau de malheur était une mauvaise idée, mais mon cœur n'était pas de cet avis... Et à cet instant, il regrette de ne pas avoir écouté la voix de la raison, de ne pas avoir pu écouter la voix de la raison.

Quand on y pense, c'est étrange comme sa dernière déclaration me fait encore plus mal que tout le reste. Peut-être parce que malgré tout, je lui faisais encore aveuglément confiance? Et lui a trahi cette confiance sans vergogne. Pire, il l'a piétinée, l'a brisée en un millier de morceaux plus coupants que le verre, s'est ri et joué d'elle. Et moi, comme une cruche, je suis tombée dans son piège. Quelle imbécile.

-Pa... pardon? je demande d'une voix chevrotante, ouvrant la bouche pour la première fois depuis que j'ai été jetée dans cette grotte maudite.

Mon timbre de voix est si faible à cet instant, brisé par ce que je viens d'apprendre, toute la souffrance que je ressens résonnant à travers lui. Mais je ne comprends pas, je refuse de comprendre. Comment peut-on faire quelque chose d'aussi horrible à quelqu'un? Est-ce réellement amusant, de cracher ainsi sur les sentiments d'une personne humaine?

-Je... Je suis désolé, Elwi, tellement désolé!

Essaie-t-il de me tuer, en me parlant d'une voix si désespérée et si contradictoire, si contraire à la bombe qu'il vient de lâcher?

-Mais je n'ai pas... J'ai refusé d'essayer de te séduire.

Pardon?

-Oh, devant mon père, j'ai fait semblant d'accéder à sa demande, mais je n'avais absolument pas l'intention de te faire subir ça, malgré... malgré la menace qui pesait -et pèse encore- sur moi.

De quelle menace parle-t-il? Se pourrait-il qu'il soit après tout innocent? me souffle la toute petite -et pourtant bien présente- part de moi qui espère encore. Aha, comme si. Ç'a vraiment l'air de l'amuser de jouer avec mes sentiments, apparemment. Non seulement il me plante un couteau en plein cœur, mais en plus il s'amuse à le retourner dans la plaie. J'apprécie le geste. Non, vraiment, il ne fallait pas. Monstre.

-C'est pour ça qu'au début, lorsque nous nous sommes rencontrés, j'ai été si désagréable avec toi. Je ne voulais pas te faire subir une chose pareille, je trouve ça inhumain -et tout à fait du genre de mon père. Mais je crois...

Je l'entends prendre une grande inspiration.

-Je crois que sans le vouloir, je suis tombé dans le piège que j'étais censé te tendre. Je suis tombé amoureux de toi.

Couleur OcéanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant