Chapitre 2

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À quoi tu danses ?

Juillet 1786

Marinette s'était imaginée bien des scénarios, mais ça elle ne s'y attendait pas. Quand Adrien lui avait proposé de l'héberger pour la nuit, elle avait d'abord pensé que c'était par pitié, puis elle avait, un petit instant, eu peur que ce soit pour abuser d'elle, mais elle avait bien vite réalisé qu'il ne lui ferait rien, qu'il n'était pas comme cela. Elle n'aurait, par contre, pas oser attendre de lui, ou de qui que ce soit d'autre, qu'il lui propose ce genre de chose.

Des vêtements, une robe.

C'était une robe toute simple d'un rose délavé avec quelques volants blancs. Marinette prit la robe lentement, comme si elle s'extasiait devant un cadeau qu'elle n'avait jamais eu. Et c'était un peu le cas. Elle avait eu cinq ou six robes en sa possession, seulement parce qu'elle grandissait. Elle s'était faite quelques robes larges pour dormir, à partir d'anciens tissus, mais jamais elle n'avait possédé une robe aussi belle, et aussi longue.

"Je ne peux pas accepter..." commença Marinette tout en examinant le vêtement. "Déjà que tu me permets de ne pas dormir dehors, je ne peux pas en plus mettre des vêtements qui t'appartiennent, enfin, je me doute bien que ce n'était pas toi qui la portait à la base... d'ailleurs elle est à qui ?"

"À ma mère" dit Adrien assez froidement. Il avait commencé à sourire en la voyant gesticuler pour s'exprimer, mais sa dernière question le replongea dans l'état de tristesse dans lequel il avait été plongé ces dernières années. "Mais il n'y pas de problème, ça ne la dérangerait pas que tu la portes. Au contraire même, elle aurait sans doute voulu que je te la donne. Tant que ça pouvait rendre service, elle était prête à tout faire."

"Je sais que c'est dur d'en parler, puisque je suis dans une situation similaire." Dit- elle en posant une main réconfortante sur son bras. Il lui tendit de nouveau la robe et lui montra la porte de sa chambre pour qu'elle puisse se changer tranquillement. Elle le remercia encore et alla vite dans la direction indiquée.

Adrien était presque sous le choc, il n'avait jamais parlé de ce que représentait la mort de sa mère pour lui. Il ne s'était jamais confié car il avait peur qu'on le juge, qu'on ne le comprenne pas ou pire, qu'on le trouve faible. Personne ne peut comprendre ce genre de chose sans l'avoir vécu. Dans son entourage, ou du moins son ancien entourage, une seule personne vivait le même enfer que lui. Mais cette fille était perfide, cupide, égoïste, rancunière et extrêmement hypocrite. Il ne voulait plus rien avoir à faire avec elle, il avait tiré un trait sur son amie d'enfance en partant. Et il en était heureux.

Il avait enfin trouvé une personne qui le comprenait, qui pouvait se mettre à sa place, puisqu'elle était à sa place. Mais n'était elle que de passage dans sa vie ? Il venait de la rencontrer, comment se confier à elle ? Comment lui faire confiance ? Et quand elle repartira, sera-t-il de nouveau seul ?

Marinette revint alors dans la pièce, sortant Adrien de ses pensées. La robe était un peu grande pour elle, mais c'était parfait pour la nuit. Elle le remercia une nouvelle fois et s'assit sur un des fauteuils.

Adrien était trop troublé de voir quelqu'un dans la tenue favorite de sa mère pour dire quoi que soit, mais la jeune femme l'appela pour le sortir de ses pensées. Il lui permit alors d'aller dormir dans son lit en lui assurant que ça ne le dérangerait pas de rester sur le plus large de ses fauteuil. Après une petite conversation, qui tournait plus aux rires qu'à la dispute, Adrien attrapa Marinette et la poussa dans sa chambre en la faisant tomber sur son lit. Bien qu'un peu gênée par la situation, la jeune femme ne pouvait s'empêcher de rire aux éclats.

"Très bien, tu as gagné, je reste ici." dit-elle après avoir repris ses esprits. "De toute façon la nuit est bien entamée, tu retrouveras vite ton lit."

1789 - Les Miracles de la BastilleOnde histórias criam vida. Descubra agora