Chapitre 10

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La rue nous appartient

14 Juillet 1789

Marinette tenait fortement les mains d'Alya dans les siennes. Elle s'y accrochait comme si elle sentait son heure venir, comme si elle voulait une dernière fois se sentir puissante. Elle remarqua une présence derrière elle. Le meuble détruit derrière lequel elles étaient cachées laissait une ouverture non loin de son cou. Elle sentit alors un souffle lui caresser désagréablement la nuque.

"Adieu, petite Madame d'Agres..."

L'homme ne put jamais finir sa phrase. Un coup de feu avait retenti avant, tuant l'Akuma.

"Marinette, Alya ?" chuchota une voix plus douce, mais enrouée par la peur.

"Nino !" s'exclama Alya en sortant de la cachette pour sauter dans les bras de son fiancé.

"Mais où étiez vous passé ? On vous a cherché partout, on a eu peu..." dit Marinette en suivant sa meilleure amie. "Adrien n'est pas avec toi ?"

"Non, je l'ai perdu quand j'ai vu l'Akuma."

"Le quoi ?" demanda Alya se libérant des bras de Nino.

"C'est Plagg qui m'en a parlé juste avant que je perde Adrien. Nous ne sommes pas le seul clan de Révolutionnaires. Il y en a d'autres, les Akuma, qui veulent tuer tous ceux qui ont du sang royal..."

"Adrien !" cria Marinette.

"Oui, et toi aussi tu es en danger s'ils apprennent que tu portes son enfant." lui répondit le jeune homme en commençant à les faire sortir de la pièce.

Marinette n'eut même pas le temps de demander à Nino comment il était au courant pour sa grossesse qu'ils étaient tous les trois en train de courir à travers les couloirs étroits du bâtiment.

Courir, vite. C'était quelque chose de simple pour elle. Elle avait couru hors de chez elle pour s'échapper, elle avait couru pour atteindre le Palais Royal plusieurs fois, afin de ne pas être en retard, elle avait couru pour prévenir les Révolutionnaires de la menace des mouchards. Oui, courir était tout à fait normal, pour sa sécurité, et celle de ses proches. Mais il n'y avait plus que sa propre vie qui comptait. Elle portait un enfant. Elle devait vivre pour lui. Cet enfant devait vivre pour Adrien et elle. Adrien.

"Mais comment les Espumas peuvent être au courant pour mon bébé alors que... même le père ne le sait pas ?" demanda Marinette, avant de regretter amèrement la fin de sa phrase.

La réaction de ses amis fut instantanée. Ils s'arrêtèrent et se tournèrent vers la bleutée dans une synchronisation déconcertante.

"Pardon ?" dit sèchement Alya, lassée des non-dits de Marinette. "Comment ça le père n'est pas au courant ? Tu n'étais pas censée le lui annoncer ce matin ?"

"Si mais..." commença la jeune femme, le temps de trouver une bonne excuse. "Je... Il ne m'aurait pas laissé venir sinon..."

"Et il aurait eu raison." intervint Nino "Tu as de la chance, j'ai failli lui demander comment il avait pu accepter que tu viennes, mais les gardes ne m'en n'ont pas laissé le temps. Si on s'en sort, tu crois qu'il va réagir comment ?"

Marinette, qui commençait à sentir des larmes perler au coin de ses yeux, ne prit pas la peine de répondre. Elle avança d'un pas déterminé droit devant elle, et ses deux amis, bien que déconcertés, la suivirent.

Adrien. Il n'y avait plus que lui qui comptait. Même les paroles de ses compagnons ne pouvaient atteindre sa raison. Elle devait le retrouver à tout prix, pour leur enfant, et pour elle même. Mais pour le trouver, il fallait avancer jusqu'à l'endroit où il était assigné.

1789 - Les Miracles de la BastilleDonde viven las historias. Descúbrelo ahora