Chapitre 2: Suzanne

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Une nouvelle journée commença pour moi. J'étais terrorisée à cause de ce qu'il s'était passé hier, de la jalousie que j'avais suscité chez les filles, mais également que Nico soit attiré par moi. Certes il me plaisait, mais il était populaire et moi je ne voulais plus me faire remarquer, je ne voulais plus être au centre de l'attention générale. Oui, je suis allée à l'école avec cette peur au ventre et pourtant, une fois à l'intérieur, je me suis attirée tous les regards. Malgré tout, la peur n'a jamais évité le danger. Les garçons me mâtaient d'une manière perverse, comme si je n'étais que de la viande fraiche. Je devais faire attention à tout geste mal intentionné qui pouvait venir de n'importe où. Quant aux nanas, elles ne m'avaient toujours pas pardonné que Nico, qui était considéré comme le plus beau gosse du lycée, s'intéressait à moi et pas à elles. J'entendais en passant dans les couloirs des chuchotements du genre :

_ ... Regarde, c'est cette salope qui veut draguer mon futur mec ...

_ ... Pour qui elle se prend la nouvelle ?

_ ... Elle n'a rien à faire ici, surtout avec ses manières de princesse prétentieuse...

Arrivée en classe lorsque tous les élèves s'installèrent, j'ai décidé de prendre place au fond pour éviter tous les regards et remarques blessantes à mon égard. Peu de temps après, une superbe blonde aux yeux bleus océans était venue m'aborder d'une manière très cordiale. C'était l'une des filles du groupe de Nico. Je l'ai reconnu immédiatement. Je me suis aussitôt demandée ce qu'elle me voulait.

_ Est-ce-que je peux m'asseoir à côté de toi ?

_ Oui, bien sûr.

_ Moi, c'est Suzanne.

_ Et moi, Gwenn.

_ J'ai vu, hier, que tu as parlé à mon frère, Nico.

_ Pourtant vous ne vous ressemblez pas du tout.

_ Oui, c'est normal. C'est mon frère adoptif.

_ Ah, désolée. Je l'ignorais.

_ Pas, grave. Je pense que c'est bien qu'il commence à se faire au moins une amie, à rencontrer d'autre personne que de rester avec nous, sa famille. Je le trouvais si seul. Pourtant il a plein de succès avec les filles. Ce n'est pas ça qui lui manque. Parfois je ne le comprends pas.

_ Alors, êtes-vous tous prêts pour une nouvelle rentrée, dit le prof de français en rentrant dans la classe.

À cette phrase, je fus effrayée et stupéfiée pour la simple raison que j'étais tellement absorbée par ma conversation avec ma voisine de table, que je ne faisais plus attention au monde environnant. Je voulais en savoir tellement plus sur Nico, au fond il m'intriguait sans que je puisse mettre le doigt sur la raison de l'intérêt que je lui portais. Cependant, lorsque je vis le prof ... Ce professeur en le regardant bien, il me semblait l'avoir déjà vu sur des photos d'enfance de papa. Ils ont été les meilleurs potes pendant de longues années. Mon père en avait quelque fois parlé, de plus, c'était très rare d'avoir une discussion avec ce dernier. C'était grâce à cet argument que j'avais l'impression de connaitre leur histoire d'amitié dans son intégralité.

_ Bon ! Bah, je crois qu'il est grand temps de faire l'appel, reprit M. Gaston Watson.

Pendant ce temps là, il posa sa sacoche, qu'il avait encore sur l'épaule, sur son bureau, sortit des dossiers avec une maladresse certaine et tellement prononcée que tous les papiers s'envolèrent dans les airs en tout sens. La plupart des élèves gloussèrent ou firent quelques commentaires en chuchotant à leurs voisins. Le prof chercha désespérément, dans les liasses de papiers éparpillés ça et là sur le bureau, la feuille d'appel qu'il trouva au dessus du clavier de son ordinateur parmi d'autres feuilles qui n'avaient très certainement rien avoir avec cette fiche. Il se racla la gorge, demanda le silence qui se fit très vite et commença à appeler les personnes de la classe dans l'ordre alphabétique des noms de famille.

Gwenn et Nico : Les élus, Livre 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant