Gwenn et Nico : Les élus, Livre 1

Chapitre 7: Début du voile des révélations

À la fin des cours, Nico m'attendait devant le bahut, un peu éloigné de la foule d'élève agglutinée à la grille, à fumer et à rire entre eux. Mon loup-garou était à califourchon sur sa moto, une Yamaha gris métallique. Je suis à peine sortie du hall du lycée qu'il a klaxonné comme un disjoncté pour signaler sa présence. C'est sûr, son coup était réussi, je l'ai tout de suite remarqué et tous les élèves aussi par ailleurs. Je me suis frayée un chemin vers sa direction, et peu chaotiquement, je l'admets, mais pour ma défense, ce n'est pas la chose la plus aisée du monde d'essayer d'avancer dans une foule. Cependant, j'en suis quand même ressortie, peu de temps après avoir franchi la grille.

_ Bon alors tu viens, me héla Nico.

Je l'ai regardé dans les yeux en feignant de la nonchalance. J'ai vu le coin de sa bouche esquisser un petit sourire. Il est descendu de sa bécane pour aller à ma rencontre. Ses bras se sont entortillés autour de ma taille.

_ Je croyais que ta meute nous attendait, lui dis-je tout en posant mes doigts sur ses lèvres pour arrêter son geste amoureux.

_ C'est vrai que vous êtes chiantes les filles, même pas le temps pour un petit bisou ! me rétorqua-t-il un peu ronchon.

Il a lâché son étreinte pour ouvrir son coffre et en sortir un casque blanc qu'il me tendit. Il sortit un autre casque, de son sac à dos cette fois, mais de couleur noire et le mit. Nous sommes montés ensuite sur sa bécane. Je l'ai enserré de mes bras à la taille. À ce contact, je l'ai senti frémir. C'était la première fois que je montais sur une moto et, en plus, en la présence de Nico. Je peux vous dire que c'était une expérience incroyable. Je me suis sentie complètement ivre de liberté avec ce vent qui venait en rafale pour fondre sur nous et les paysages qui défilaient à une vitesse fulgurante. La vitesse m'impressionna et fit monter dans mes veines l'adrénaline. Cependant, je ne reconnaissais pas les environs, mais je peux vous dire que le coin était vraiment charmant avec ses petites chaumières et ses vastes terrains agricoles. Puis, presque soudainement, on entra dans une forêt avec des pins et des chênes énormes d'une hauteur vertigineuse et on s'enfonça dans ses profondeurs. Nico finit par s'arrêter et nous descendîmes de la Yamaha. Nous étions justes devant une immense et somptueuse villa. Les murs étaient surtout en pierres brutes. Le salon s'étendait sur presque tout le premier étage que l'on pouvait voir de l'extérieur, car ce qui servait de murs étaient de grandes baies vitrés. Le toit était construit entièrement dans un bois clair, ce qui changeait radicalement des toits en ardoises que l'on trouvait en ville. Cela la rendait bien plus charmante, peut-être même plus accueillante et moins austère. Elle était plus en lien avec toute cette végétation à Brocéliande. Je me suis crue dans un rêve! Même dans un conte de fée ! Alors, j'ai essayé de me réveiller en frottant mes yeux avec la paume de mes mains, en vain, car je ne dormais pas. Ce que je voyais était magnifiquement bien réel.

_ Allez viens, on ne va pas coucher dehors, me dit Nico.

Il avança en avant jusqu'à la porte d'entrée de la villa qui était sculptée dans le même bois que la toiture. Il l'ouvrit et on s'engouffra tous les deux à l'intérieur, dans le bas d'une cage d'escalier en colimaçon ou les marches étaient dans un bois en bonne état avec les murs en pierres brutes. Il referma la porte derrière nous. La lumière était soudainement bien plus tamisée. Sa source provenait de l'étage du dessus. Derrière la porte d'entrée, on pouvait y voir un porte manteau accroché avec des vises. Nous enlevons tout deux nos vestes qu'on déposa sur le porte manteau. Puis, il me fit signe avec un léger mouvement de tête de monter à l'étage, ce que je fis. Les escaliers débouchaient dans le salon que l'on pouvait voir de l'extérieur. La vue était splendide d'ici. On voyait à perte de vu les endroits magiques de Brocéliande, comme la Chambre aux loups ou encore un lac avec des milliers de petites étincelles.