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" Réveilles toi ma fille, ya benti ouvres les yeux s'il te plaît, ya rabi pas ma petite fille"



Je voyais ma mère taper le sol à l'aide de sa main gauche, la tête de notre petite soeur soutenu par sa main droite. Elle était la, sans vie, touché à son jeune âge d'une frappe aérienne. Je n'avais que 15ans, quand j'ai compris que cette vie était pleine d'injustice, pleine de haine et de dégoût.




"Mama.. Elle est parti, ça y est, Dieu l'a rappelé", dis-je tentant d'écourter ce moment qui je le savais me hanterait toute ma vie.




Après son enterrement, les quelques prières prononcées et un dernier au revoir, ma mère et moi prirent la route. Encore une fois.
Du plus loin que je me souvienne j'ai toujours connu la guerre, ces dernières années elle s'est amplifié, enlevant à chaque fois des millions de vie. Des vies importante à nos yeux.

Nous étions 5.

J'étais la seconde de la famille. Mes parents Salif et Nora, ont d'abord mit au monde mon frère. Il répondait au nom de Brahim. Il n'est pas mort non... Il a seulement suivi ceux qui ont décidé quelques années plus tard de tuer sa petite soeur, Hanane.
Seul deux ans nous séparent lui et moi. Apres son départ, mon père a été appelé à combattre comme beaucoup d'hommes du village. Quant à ma mère, elle nous a élevé, en ayant chaque jour l'espoir de survivre.

Quitter cette terre ? Si seulement. Nous n'avions ni les moyens, ni l'opportunité d'échapper à ce cauchemar.
[...]



4ans plus tard

Après une longue marche, à chercher un abris pour ma mère et moi, des nuits passées dans un lieu puis dans un autre, grâce à Dieu, je suis tombé sur cette femme et ses deux petits garçons: Yassid et Zarga.

"Vous êtes les bienvenus ici", m'avait-elle dit.

Il est clair qu'elle aussi à été touchée par la guerre, son voisinage se fait rare, ses murs sont pour la plupart en lambeaux. Heureusement, leurs cœurs serrent à réchauffer la pièce et les garder en vie.
Elle nous avait confié avoir fuit elle aussi plusieurs quartiers, pour finalement, après des années de fuite s'installer à Raqqa, une ville au centre de notre pays.
Ici, la guerre est aussi présente, entre ceux qui veulent la "combattre" mais qui tuent des civils en même temps, et ceux qui prétendent combattre pour Dieu, connu sous plusieurs noms que l'on ne prononcera pas ici.

Fuir le gouvernement de Bachar Al Assad ? L'oppression de Daesh et de ces autres groupes extrémistes ? Pour cette femme c'était inimaginable, avec ses petits garçons, elle ne pouvait rien risquer, ni même sa vie.
Je lui serais toujours redevable. Elle nous a épargné à ma mère et à moi de continuer de marcher chaque jour en ayant la peur de nous faire à notre tour tuer.
...



"Zeinah tu peux dormir avec moi ce soir ?" me demanda Zarga, du haut de ses 4ans.

"Non, avec moi" répliqua Yassid, l'aîné de 6ans.

"Je dormirais avec chacun de vous cette nuit. Après tout la couverture est assez grande pour chacun de nous, non? Et puis vos petits corps réchaufferont le mien" dis-je en les prenant dans mes bras chacun leur tour.




Quelques minutes plus tard, je sentais leurs respirations caresser ma peau. Ils faisaient à peine 1m10, pourtant leurs maturités laissaient croire qu'ils étaient bien plus âgé. Malgré la perte de leur père, ils ont su prendre sa place, et s'occuper de leur maman avec toute la tendresse du monde.

Cela fait à présent 2mois que je suis à leur côté, et je les aimes comme j'aime ma petite soeur Hanane. Allah y Rahma

Demain insha'Allah, je partirais pour une longue marche, à la recherche d'eau. Il y a un puit à quelques kms de notre village à Raqqa. J'espère avoir la force de porter l'eau et d'en ramener suffisamment pour notre petite tribu. Ma mère est devenu trop faible pour m'aider. Bien sûr il y a Fatima, mais elle a tellement parcouru pour abreuver ses enfants, c'est à moi de la remercier à présent en abreuvant ceux qui sont devenu mes petits frères.

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Zeinah - Coeur battant de Syrie ©

 Zeinah - «Cœur Battant De Syrie» Where stories live. Discover now