65 - Rédemption

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21 Novembre 2054
Un mois plus tard

Nous n'avions pas abandonné la recherche d'indices sur la Porte après notre échec avec Völva. Tous les soirs, comme convenu avec Shaïn, des membres de toutes les guildes de l'Alliance venaient nous prêter main forte dans l'immense bibliothèque d'Alfrodull qui, ainsi, paraissait plus vivante.

En interrogeant Atlantis, Shaïn avait rapidement comprit que l'attaque de la demeure de Freyr qui m'avait coûté la vie, n'avait été orchestrée par personne, sinon de petits groupes individuels qui s'étaient mutuellement encouragés à aller piller le domaine en l'absence de son seigneur. Car Freyr était le boss final du donjon de Vanaheim. Une fois arrivés à Alfheim, nous étions donc censés pouvoir le considérer comme mort, ou presque. Mais ces petits idiots qui avaient attaqué ne savaient même pas que le manoir renfermait l'anneau Draupnir, ce qui rendait leur expédition encore plus stupide qu'elle ne l'était au départ. Mais cela ne changeait rien au résultat : j'avais failli y perdre la vie, et d'autres y avaient laissé la leur.

Pour ce qui était de la colère d'Ilya quant à ces évènements, elle me parlait à nouveau, mais je savais qu'elle m'en voulait toujours. Je n'étais pas encore excusé pour ce qui m'était arrivé. Alors ce soir, j'allais tenter le grand pardon.

Je fermai mon livre d'un geste sec, ce qui attira l'attention de mes deux compagnons de lecture, Koram et Bravael.

— J'en ai fini avec ce livre, lâchai-je. Je vais prendre ma soirée.

Koram opina brièvement et retourna à sa lecture. Bravael me sourit et se leva poliment en même temps que moi.

— Passe une bonne soirée, Lyall. On te prévient si on trouve quoi que ce soit.

— Merci. On ne sait jamais, mais je doute que ce soit pour ce soir..., répliquai-je doucement.

Aucun d'eux ne releva. Je les saluai et descendis.

Cela me faisait toujours aussi plaisir de les revoir tous les deux, même si Koram était encore plus avare de mots qu'Iriko. Bravael était d'une politesse excessive qui frisait le ridicule, mais il était toujours souriant et prêt à aider. Nous avions tous fait beaucoup de chemin depuis que nous avions détruit la statue d'Heimdall à Midgard, ensemble. J'étais heureux qu'ils soient tous les deux toujours en vie et présents en première ligne pour se battre.

Je rangeai mon livre parmi les milliers d'ouvrages rangés méthodiquement dans les rayonnages sans fin de la bibliothèque, et passai devant Shaïn, encastré dans un profond siège de racines et de mousse. Il dormait à moitié.

Je lui tirai une oreille et il sursauta.

— J'y vais. Tu devrais en faire autant si tu t'endors sur place, lui fis-je remarquer.

Il soupira en frottant ses yeux.

— J'aimerais bien, mais ce livre ne va pas se lire tout seul. Je suis dessus depuis deux jours. J'aimerais en finir aujourd'hui.

— Eh bien, bon courage. Si tu veux du café pour te booster, passe à la maison.

— Ouais, merci bien. Bonne soirée !

Il me fit un clin d'œil entendu avant de replonger dans sa lecture avec une concentration toute étudiée.

Je poursuivis mon chemin à travers la bibliothèque, slalomant sans précipitation entre les étagères d'une hauteur presque aussi vertigineuse que l'édifice en lui-même. Mes pas sur le sol de pierre me menèrent jusqu'à un grand vitrail au pied duquel Ilya et Mira étaient allongées sur le ventre, sur une plaque de mousse moelleuse et confortable, pour lire leur quota d'ouvrages de la semaine.

Skyline EmrysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant