Faites le nécessaire

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C'est parti, je suis un peu nerveuse de rencontrer mon père, je ne le connais que vaguement et j'ai peur qu'il ne soit plus le bon père qu'il avait pu être il y a treize ans. Le trajet est plutôt calme mais triste, à cause de la pluie qui tambourine sur la carrosserie de la voiture. Après une heure et demie de route, j'arrive dans un minuscule village de seulement quelques habitants, je trouve la maison. Ça m'étonne vraiment que mon père puisse vivre là dedans, c'est vraiment horrible, je ne peux même pas appeler ça une maison, même une caravane serait un faible mot. Je sors de la voiture et m'avance jusqu'à la porte. J'hésite à toquer, mais je me lance après une dizaine de secondes.
Un homme à barbe et à lunettes vient m'ouvrir en short et t-shirt rose pâle.
?? : Ouais ? C'est pour quoi ?
Moi : Euh.. Bonjour, j'aimerai parler à Jean Maillard.
?? : Vous êtes de la police ?
Moi : Non pas du tout, pourquoi ?
?? : C'est moi Jean. Entre fillette.
L'intérieur de son appartement était dévasté par la vieillesse, tout traînait par terre et l'odeur était loin de celle des roses.
Jean : Bon, tu me veux quoi ?
Il parlait proche de mon visage, il sentait l'alcool. Plusieurs bouteilles vides étaient posées en vrac par terre. Au milieu de la pièce il y avait une table basse, sur celle ci, une sorte de poudre blanche remplissait des dizaines de petits sachets. Sûrement pas de la farine.
Moi : Je.. Je suis Juliette, votre fille. Je voulais vous connaître.
Il m'a souri et m'a ri au nez. Il agrippa mon poignet et me le tordis.
Moi : AÏE ARRÊTEZ, VOUS ME FAITES MAL !
Jean : Va t'en, tu vas me faire repérer.
Moi : Qu.. Quoi ?
Jean : La police me cherche. Vas t'en.
Je délivre mon poignet de son emprise et me dépêche de sortir. Je saute presque dans ma voiture, les larmes aux yeux. Je savais qu'il aurait changé, mais je ne le pensais pas comme ça. Je prends l'autoroute, toujours sous la pluie, on dirait qu'elle tombe à l'intérieur puisque j'ai les joues remplies de larmes. Ma vision se brouille et soudain...
Je ne vois que très peu, les airbags de la voiture sont gonflés devant moi, je me retrouve sur le côté, je souffre énormément, j'ai mal au cœur, mal aux côtes, le pare-chocs est totalement écrasé sur mes deux jambes. Je ne saurais dire depuis combien de temps je suis là, dans cette position. Ma vie devient noire, je n'entends que les sirènes des gens qui allaient sûrement me sauver. Le temps semble passer comme une éternité. Tout se secoue, je sens la voiture bouger, je suis à l'endroit. Sûrement une de ces dépanneuses. J'entends un brisement de vitre puis une voix.
?? : Mademoiselle, restez avec moi, allo, gardez les yeux ouverts s'il vous plaît. Masque à oxygène vite, il faut l'emmener rapidement.
? : Le pare-chocs est enfoncé, va falloir la sortir de là.
?? : Faites le nécessaire, mais dépêchez vous.
Mes jambes me font souffrir, je n'ai pas le temps ni la force de penser à la mort ou quoi que ce soit. Je pense juste a mon père, un dealer. Je pense à Flo et Oli, à Yanis et Léa, à ma mère, Loïc et ma tante. Que vont ils penser de moi ?
Je crois que mes jambes sont libres à présent, on m'à transportée sur une civière. Je respire l'air du masque à oxygène posé sur mon nez. Je sens de légères secousses puis de la vitesse. L'ambulance.

On avait le cœur brisé au même endroit..Où les histoires vivent. Découvrez maintenant