Chapitre 5 : Choix décisif

3.6K 419 28
                                    



Les maisons de faisaient plus rapprochées à mesure que la petite troupe progressait dans les terres, signe que la Ferolée n'était plus très loin. Au travers des quelques buissons épineux qui ponctuaient les bords du chemin, Ellinanh parvenait à apercevoir quelques regards curieux, voire effrayés.

À bientôt midi, les quelques paysans et meuniers des grandes plaines reprenaient les chemins de la ville et des villages pour un casse-croute rapide. Mais intimidés par tout ce beau monde nordien, certains n'osaient s'aventurer sur les côtés de la voie , et à raison, pensa Ellinanh. Qui sait ce qu'une bande de guerriers barbares aurait l'audace de faire si la corne d'un animal de traits venait à frôler leurs cuirasses...

Depuis une quinzaine de minutes, la jeune femme avait, elle aussi, les grenouilles au ventre. Cette expression avait séduite Ellinanh lorsqu'elle avait 8 ans; son frère, plus jeune, peinait à articuler le mot "gargouiller", ainsi, il avait inventé une métaphore tout à fait éloquente pour combler sa lacune. Et cette petite image était restée au fil du temps.

Se dandinant sur sa celle, Ellinanh tenta de retrouver une position confortable pour tenir les quelques dernières dizaines de minutes avant la pause, mais en vain.
Pour tout dire, elle n'était pas montée à cheval depuis 8 ans. Bien sûre, il y avait eu les nombreuses balades en pégases avec son père, mais là sensation n'était pas la même.

Le cheval était un animal de terre, simplement doté de quatres pattes, alors que le pégase était, comme certains aimaient l'appeler, un "cheval volant".
Il était, après l'oiseau de Glëmon, l'animal par excellence du royaume de l'air. Mais ces animaux étaient très rare, pour dire, la famille royale n'en possédait qu'une dizaine. Pour le reste, de riches commerçants, nobles ou collectionneurs devaient posséder à eux tous, tout le reste de la quelque cinquantaine de pégases recensés à travers le monde Elfennel.
Lorsqu'elle montait à dos de pégase et que celui ci volait, il était facile pour Ellinanh de suivre son mouvement grâce à ses pouvoirs sur l'air. Mais à dos de cheval, amortir les foulées de celui ci étaient nettement plus compliqué, ce qui devenait douloureux pour ses muscles et son postérieur, à la longue.

Tentant de faire fi de son désagrément pour paraître courageuse et noble, Ellinanh se concentra plutôt sur la ruelle qu'ils venaient juste de franchir.
Les petites maisonnées couleur sable s'alignaient sagement sur leur passage, révélant souvent par les fenêtres sans vitrages les têtes d'habitants curieux.

Ce qu'aimait par dessus tout Ellinanh lorsqu'elle se baladait ainsi à travers son pays, était d'observer la façon de vivre des locaux.
Au coin d'une rue, elle aperçut une vieille femme raviver un vieux four à l'aide du vent, pour ensuite y introduire une patte molle et colorée à l'odeur florale.
Du guégeal : un mélange de pain et de gâteau moelleux, qui se mangeait chaud et qui était composé de fruits, de fleurs et de plantes sauvages des champs.
Hallia lui avait fait goûter une fois. Elle avait vite été conquise par ce goût à la fois exotique et champêtre : un vrai délice ! À cette pensée, les grenouilles dans son estomac intensifièrent leur mascarade, pressées de recevoir leur dû. Ce qu'elle avait faim !

À plusieurs dizaines de mètres devant eux, et cachés par des toits de plus en plus haut, Ellinanh distingua nettement les restes du vieux fort de la ville, qui servait à présent de caserne. Là était leur direction, à n'en point douter par les gardes qui se rapprochaient d'eux en sens inverse.

Une quinzaine de gardes armés avançaient vers eux, groupé en rang de trois. Cette mise en forme -lui avait une fois expliqué Kalil- était celle qui servait à protéger les ambassadeurs ou messagers, signe que le camps en question demandait audience. C'était à peut près l'équivalent d'un drapeau blanc sur un champs de bataille...

Dour ha TanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant