Chapitre 20 2/2 : Gare aux Sorcières

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D'aucuns diraient que je me fourvoyais. D'autres que le respect de la Lex* m'importait peu.

Moi, j'affirmais simplement que je vivais.

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De l'autre côté de mes paupières à demi fermées, la lumière diffuse d'une flamme rougeoyante. Elle était mouvante, comme la dense d'une vague de lumière. Son intensité montait et descendait en un rythme insaisissable, qui m'était pourtant fascinant.

La nuit était reine depuis longtemps, transformant l'atmosphère de ma chambre.

J'avais froid. Pourtant, j'étais tournée vers la petite bougie posée sur la table de nuit. J'avais aussi remontée les épaisses fourrures jusqu'à mon cou et de robustes flammes consumaient encore le bois de quelques braseros.

Le froid autour de moi emprisonnait mon âme. Je tremblais. La tempête sous mon crâne glaçait mon corps comme la nuée de l'hiver. Mes sentiments étaient le fruit de mes hésitations et de mes choix. Ils me torturaient depuis que j'avais quittée Kiltana ce matin. De l'appréhension plus que de la peur, accordé à tout un panel d'autres émotions.

Je ne pouvais avoir peur puisque j'étais excité quant à ce qui allait suivre. Mais foncer ainsi seule dans l'inconnu et le danger ne m'avait plus paru être la meilleure solution depuis que mon périple avait commencé. Et pourtant, cette euphorie qui habitait mon être prouvait que je me fourvoyais sur ce que j'étais. Peut-être était-ce cela qui aurait pu me faire peur. Ne pas réellement se connaitre signifiait que notre pire ennemi était nous-même.

La fin de ma journée m'avait paru être d'une morne lenteur.

J'avais eu un cours avec Syr Ilfricht sur l'histoire de la civilisation Tanderrarienne, une sorte d'introduction au prochain cours sur les anciennes guerres, m'avait-il confié.

Bien que la guerre n'étais pas affaire de femme dans ce royaume aux mœurs misogynes, le roi tenait à ce que j'en sache un minimum sur ce qui fut fait par le passé. Histoire de connaître plus étroitement la surface des gloires et de la puissance de son domaine. Délicate attention.
Le strict minimum pour que je ne me pose pas trop de questions, que je ne sois plus l'ignare petite fille du Faäl-Erol, et mieux encore, que je ne puisse m'immiscer dans la vie guerrière de Tanderrar. Ces informations étant pour le moins obsolètes, il m'était difficile de les actualiser pour en faire une arme tactique en vue des prochaines campagnes.

En réalité, comme à son habitude, mon mari semblait avoir une main mise presque totale sur ma vie.

Et si je me faisais prendre cette nuit et celles qui allaient suivre, cette vérité seraient bien plus poignante et dangereuse pour moi. Une cuisante défaite à son avantage. Et je ne voulais imagier ce qu'il me ferait subir en guise de punition.

J'avais passé mon temps libre avec Adalys dans un petit salon mitoyen de mes appartements.
J'avais senti son regard suspicieux quelques fois, tentant de décortiquer mon âme à la recherche de la moindre faille pouvant lui indiquer ce que je cachais.

La jeune femme me connaissait bien, je ne pouvais réfuter ce fait. Bien que cela me plaisait assez, étant la seule âme à comprendre ma situation en ce monde, cela se révélait plutôt handicapant pour mes plans à venir. De plus, je n'aimais pas mentir à l'une, si ce n'était la seule, personne de confiance en ces terres hostiles. J'appréciais Ada' plus que de mesure, et je n'avais aucune envie de lui faire du tort. Mon seul objectif étant de l'épargner le plus possible des dangers de ce monde. Si mentir était ma seule option, alors je ferais en sorte qu'elle ne découvre jamais rien sur les activités illicites qui occuperaient mes prochaines nuits ; même si la tache allait se révéler ardue.

Dour ha TanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant