Chapitre 21

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Les heures, les jours, les semaines sont passés à une vitesse fulgurante ces derniers temps et j'en suis maintenant à une journée de reprendre le travail. Avec tous les moments passés avec la seule famille qui me reste, j'ai réussi à trouver en quelque sorte la paix avec moi-même. Je suis plus ouverte à ma sœur depuis que je suis venue chez elle pour raconter tout ce qui s'était passé. J'ai aussi passé du temps avec Christy, Kimberley et Vanessa. Pour la première fois depuis environ six ans, j'ai révélé tout ce que je ressentais, tout. L'abandon, la sensation d'être indésirable, ou encore d'être mal-aimée, surtout de la part de la gente masculine. En passant, je ne sais pas si ce dernier ressenti vient du fait que Devon m'ignore ou seulement parce que je voudrais qu'il soit le seul homme qui m'aime. Je sens que je risque d'attendre longtemps si je compte l- dessus ce qui ne vaut mieux pas pour ma santé mentale.

Chaque matin, à la même heure, je toquais chez lui dans l'espoir qu'il ouvre enfin la porte mais rien ne s'est produit. Même si je restais deux heures au pas de sa porte, il ne se montre pas. Et à force de répéter la même rengaine, je ressemblais fortement à une désespérée.

Mais bon, ce temps est révolu, et heureusement !

Il y a maintenant dix jours, après avoir passé deux semaines à me rendre chez lui, le bombarder d'appels et de messages alors qu'il ne répondait jamais, je me suis ressaisie et j'ai arrêté net. Le fait de voir une jolie blonde sortir de son appartement au même moment où j'allais faire ma tâche habituelle y était forcément pour quelque chose.

À vrai dire, dès que j'ai posé les yeux sur la fille en question, je me suis tout de suite sentie complexée, ce qui est d'ailleurs une première. Je ne me suis jamais, jusqu'à ce moment-là, sentie ainsi face à une femme d'environ quinze centimètres en-dessous de ma taille. Mais comment ne pas l'être? Ses longs cheveux d'un blond vénitien contrastaient avec ses yeux émeraude. Elle n'avait rien à envier à personne, sa peau était bronzée et elle avait un corps ferme. Même sa petite taille lui allait et lui donnait un air de poupée. Puis, quand elle m'a vue, elle m'a sourie timidement. Rien qu'à sa tête, je pouvais deviner qu'elle était d'une gentillesse incontestable.

Pourquoi il n'a pas choisi une bimbo avec qui on se lasse facilement ?

J'ai alors compris que je n'avais aucune chance de rivaliser, j'ai alors préféré laisser tomber. Je me disais que je n'étais peut-être pas son genre de fille après tout si je me référais à la petite blonde sortit de chez lui avec un physique à l'opposé du mien. Je suis grande, elle est petite. Je suis brune, elle est blonde. Et encore beaucoup d'autre, franchement, il n’y a pas photo.

Je me rends compte que je suis encore en train de penser à lui!

Bon, changeons de sujet, parlons de cette reprise de travail dans vingt-quatre heures. Je n'y ai pas vraiment réfléchi ces temps-ci. Je vais reprendre le rythme de vie que j'ai laissé il y a deux mois : fini les heures d'ennuis, de repos, de détente, de partage et bonjour la fatigue, le manque de sommeil, et le décalage horaire. Si maintenant mon pire ennemi communément connu sous le nom de solitude s'est transformé en ma meilleure amie, je vais prochainement ne pas m'en soucier plus que ça. Pour lui dire au revoir pour un long moment, j'ai consacré toute ma journée à rester sans rien faire chez moi jusqu'à ce que ma sœur, son mari et ses enfants ne viennent pour dîner.

~

Mon réveil a été brutal, c'est le moins qu'on puisse dire après le cri strident du réveil qui ne m'a pas épargné dès six heures du matin. Je me prépare le plus rapidement, entre: brushing, habillage et quelque touche de maquillage, je suis prête deux heures plus tard. Sac en main, je ferme la porte de mon appartement que je retrouverai d'ici trois jours.

J'entre dans l'ascenseur et j’y suis accueillie par la blonde de l'appartement de Devon, tout sourire. Un sourire que je lui rends poliment sans pour autant lui parler, je ne vois pas trop quoi lui dire de toute façon.

"Salut." Commence-t-elle l'air gêné par le silence.

"Salut."

"Brooke, enchantée et toi?"

"Euh, Skyller, enchantée."

Un nouveau silence s'installe, ce n'est pas comme si j'ai cherché à l'éviter non plus et la nommée Brooke aussi semble ne plus avoir quelque chose à dire. Elle a remarqué que je ne suis pas trop d'humeur à lui parler. Mais à mon grand étonnement, elle me pose une autre question pour briser le silence.

"Tu habites l'étage au-dessus du mien, c'est ça?"

Étage au-dessus du sien. Elle habite donc chez lui. Il n’a pas trainé dis donc, il l'a déjà invitée à emménager dans son appartement en si peu de temps, à moins qu'ils se voyaient depuis longtemps. Dans ce cas-là, je n'étais pas la seule à jouer sur plusieurs tableaux et il n'est plus en position de m'en vouloir. 
Soudainement, je ne suis plus du tout désolée de ce qui s'est passé. C'est même moi qui suis en train de lui en vouloir de m'en avoir voulu alors qu'il faisait la même chose. Bref, tout cela est bien trop compliqué.

Mais à présent, je tire définitivement un trait sur lui, pour de bon.

J'acquiesce de la tête pour confirmer les dires de Brooke avant que l'ascenseur ne s'ouvre. Elle n'a pas pu choisir un meilleur moment que celui-là.

Je souris sincèrement à la blonde avant de sortir à grand pas pour éviter qu'on sorte ensemble. Avec un peu de chance, ses petites jambes ne me rattraperont pas si jamais elle veut encore me poser des questions. En passant, ça a marché.

Arrivée dehors, je cherche directement ma voiture des yeux, je la retrouve à sa place habituelle. Toujours à grand pas, perchée sur mes talons hauts, je m'approche de plus en plus de mon véhicule quand je sens un regard sur moi, un regard que je tente d'ignorer car je pense savoir à qui il appartient.

Cependant, quand j'arrive enfin au niveau de ma voiture et que ma portière est ouverte, je dirige mes yeux vers les siens pour être sûre qu'ils appartiennent à celui que je pense ou juste parce que j’ai envie de les voir une dernière fois. J'y vois un mélange d'incompréhension, de regret, de tristesse, tandis que les miens doivent être neutres. Face à mon regard, il baisse un moment le sien avant qu'il le redirige vers la fameuse Brooke qui vient d'arriver.

J'entre enfin dans ma voiture et démarre sans regarder dans leur direction, je ne voudrais pas tomber sur une scène d'échange buccale. Je ne veux pas empirer le début de ma journée.

J'espère fortement qu'on ne se reverra jamais. Après tout, on ne s'est pas rencontré pendant un an alors que nous étions voisins, non? Cela ne devrait pas être difficile, du moins j'essaie de m'en convaincre, quoiqu’une partie de moi soit pourtant sûre du contraire.

Devon, que m'as-tu fait ?

Ex list [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant