chapitre 26

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Nerveusement, il se lève et effectue quelques pas dans son bureau, les mains derrière la tête. Puis, il vient à côté de moi, me tend la main que je saisis et une fois debout, il me regarde droit dans les yeux. Et il se lance enfin.

"Je suis désolé, je n'avais pas le droit de t'ignorer tous ces jours où tu étais venue chez moi. J'avais juste eu du mal à digérer qu'après ce que je t'avais avoué ce soir-là, ton petit ami se pointe même pas dix minutes après. J'aurais juste aimé que tu me dises la vérité depuis le début même si tu ne me devais pas vraiment des comptes puisqu'on n’est pas en couple." confie-t-il posément avant de poursuivre : "Mais après ces jours sans toi, je me suis senti vide, j'étais et je suis toujours en manque de toi, de ta petite graine de folie, de ton rire, de ta façon assez directe de dire certaine chose parfois. Et même si je ne peux pas t'avoir à mes côtés de la manière dont je le voudrais, pour moi, l'essentiel est que tu restes avec moi et qu'on continue d'être ce qu'on était."

J’ai les yeux brillants de larmes par le flux d'émotion que je ressens à cause de ses mots et la manière dont ils ont été prononcés. Je le fixe, serrant mes lèvres pour ne pas laisser mes larmes couler tels des torrents. Que je suis sensible !

Après quelques minutes dans le silence, il gigote légèrement commençant à être gêné par mon silence mais il n'enlève heureusement pas ses mains des miennes.

"Voilà ce que je voulais te dire depuis un moment."

Réunissant toutes mes forces, je décide à mon tour de prendre la parole.

"Je suis aussi désolée de ne t'avoir rien dit et contrairement à ce que tu penses, tu avais tout à fait le droit de tout savoir parce que c'est toi qui avait effectué toutes ses recherches. À vrai dire, j'avais peur du regard que tu aurais pu poser sur moi si tu avais su que tous les hommes sur cette liste étaient mes ex amants. En parlant de ça, c'est ce que je craignais tout le temps: le regard des gens. Quand j'ai révélé mon nombre à mes amies, elles étaient quasiment en train de me traiter de pute. Alors pour ne pas faire davantage augmenter le chiffre, je voulais retenter mes chances avec ces hommes. J'ai eu le malheur de croire cette futilité. Cependant, je ne m'attendais pas à ce que toi et moi devenions aussi proche et forcément, j'ai éprouvé des sentiments et cela plus qu'amicaux pour toi mais, trop occupée par la quête de mes ex, je ne l'avais pas aperçu plus tôt. À présent, tout ce que je veux c'est toi. Devon, je veux savoir si tu acceptes d'être le seizième et le dernier homme sur la liste..."

Voilà, c'est dit. J'ai enfin avoué ouvertement mes sentiments pour lui.

Les battements déjà effrénés de mon cœur se multiplient encore plus quand je vois l'expression de Devon. Ce n'est pas vraiment celle que j'attendais. Son expression faciale affiche un air désolé tandis que j'espérais y trouver de la joie. Ne venait-il pas de dire indirectement qu'il veut que lui et moi formions un couple? J'avais du mal à comprendre car ce n'est pas ce que son visage laisse apercevoir.

"Je ne peux pas accepter." dit-il.

Un coup de massue vient de me transpercer le cœur. Je n'ai rien compris à ce qu'il vient de se passer. Pourtant, ça n'a jamais été aussi clair. Il ne veut pas que je devienne sa petite amie, c'est simple non? De toute façon, quel mec dans son genre: respectueux, drôle et sans oublier sa beauté voudrait d'une femme telle que moi? Qui, à vingt-sept ans, a déjà quinze hommes à son actif ?

Sans avoir pu la retenir cette fois-ci, une larme fait son apparition suivie d'une autre que je m'empresse d'effacer. 

"D'accord, je comprends." j'articule difficilement d'une voix presque inaudible.

"Bon bah, je crois qu'on s'est tout dit, je te laisse vaquer à tes occupations alors et on se voit demain si tu veux pour regarder un film chez moi." lui dis-je.

Il voulait mon amitié, il l'a. Comme il le disait, à présent on oublie toutes ces dernières semaines y compris ce qu'on s'est dit à l'instant et on reprend le moment où on était des bons amis. Cependant, de mon côté, je ne sais pas si j'y arriverais.

Ne voulant pas prendre le risque de laisser mes larmes surgir devant lui encore une fois, je tente de le saluer gauchement de ma main et sors de son bureau. Précipitamment, j'essaie aussi de sortir de la boutique sans larme devant le regard plein d'incompréhension de Samantha.

Une fois dehors, je souffle un bon coup puis je m'assois sur un petit coin prêt de la boutique de Devon afin de calmer ma respiration et mes jambes qui menacent de me lâcher.

Un échec de plus. Je crois que finalement, je ne suis pas faite pour vivre une histoire d'amour, celles que je lisais enfermée entre les quatre murs de ma chambre quand j'étais adolescente. Alors c'est décidé, je vais adopter un chat voir plusieurs pour ne pas me sentir trop trop seule quand je rentrerai du travail. Et tout ira bien, je n'essaierai plus de provoquer les choses qui ne sont pas censées se produire. Dorénavant, je laisserai mon sort entre les mains du destin.

Les yeux rivés dans le vide, comme le néant qui remplit mon cœur, je suis obligée de sortir de ma transe à l'entente d'une voix que je ne connais que trop bien.

"Skyller." m'appelle Devon qui est déjà arrivé à côté de moi.

"Hum?"

Il s'assoit.

"Écoutes, je crains de n'avoir pas pu m'exprimer correctement tout à l'heure, alors je vais m'expliquer."

Personnellement, je ne tiens pas à ce qu'il m'explique quoi que ce soit pour l'instant ni plus tard d'ailleurs, ça risquerait d'empirer la douleur encore bien vive à l'intérieur de moi. Je pense avoir déjà saisi le principal alors pourquoi s'étendre là-dessus? Cependant, en vue de mon incapacité à lui répondre par des mots, il prend mon silence comme signe d'acquiescence.

"Si je t'avais dit que je ne pouvais pas accepter d'être le dernier sur la liste comme tu me l'avais proposé plutôt, ça n'a rien à voir avec tout ce qui s'est passé ces derniers jours ni même avec ton nombre d'amant. À vrai dire, je m'en fous de ces gars qui ont fait partie de ta vie pour la simple et bonne raison que c'est ton passé, tout comme moi j'ai le mien." dit-il avant de faire une pause. "Ces dernier jours, lorsque tu as repris le travail, j'ai compris qu'à partir de maintenant tu passeras la grande partie de ton temps en plein air puisque c'est ce que ton travail te demande. Et c'est ce qui me pose un problème, je veux pouvoir serrer dans mes bras tous les soirs la femme que j'aime et non passer ma soirée à me demander ce qu'elle fait. L'embrasser, lui dire des mots doux, faire plein de chose qui, rien que d'y penser, parait débile. L'amour à distance n'est pas fait pour moi Sky et je ne te demanderai jamais de te sacrifier pour moi surtout qu'on n'est même pas sûr que toi et moi, ça marcherai..."

C'est donc ça le problème, et je dois reconnaitre que je n'y avais même pas pensé. À présent, la question que je devrais me poser est : est-ce que je suis prête à laisser le travail de mes rêves pour lui? Vais-je enfin poser mes bagages sur la terre ferme au lieu de voler dans les airs?

Ex list [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant