La camisole des sentiments (TOME 1) [TERMINE - A CORRIGER]

CALLIE

La lumière orangée des lampadaires éclairaient un à un Lisa qui marchait quelques pas devant Callie. Cette dernière l'observait sans dire un mot, marchant sereinement. Malgré l'heure tardives, quelques voitures roulaient encore. A cet instant, elle ne se souciait de rien, profitant simplement de la balade. Lisa faisait ressortir cette impression profonde de liberté. Après cinq années enfermées, cela devait être un sentiment unique. Elle accéléra légèrement le pas jusqu'à arriver à la hauteur de sa patiente et lui sourit légèrement.

-Tu te sens comment ?

-Là, de suite ?

-Oui..

-Je me sens... Légère. J'ai l'impression de planer complètement. La liberté quand on y goûte, on peut plus s'en passer. Je m'en suis rendue compte quand je suis arrivée à l'hôpital. Une fois que je ne pouvais plus sortir comme je le voulais, que j'étais un oiseau coincé dans sa cage... Tu sais, on est tous des oiseaux enfermés dans une cage au fond mais la porte est ouverte, suffit de la traverser mais quand t'es coincé entre quatre murs... Elle se referme directement.

-Mais... Tu as su sortir donc finalement, peut-être qu'elle était juste fermée mais pas à clé.

-C'est une possibilité, oui.

-Le plus important n'est pas que tu sois dehors ?

-Si mais tu vas finir par me ramener là-bas, non ?

-Je ne sais pas. Ethiquement parlant, je devrais déjà t'y avoir ramené mais moralement parlant... Je ne vois pas le mal tant que ça ne provoque pas de problème.

-Donc... Tant que je ne fais pas de conneries, je pourrais être libre de mes mouvements ?

-Et bien... En tant que psychiatre, je dirais que ta réinsertion est loin d'être finie mais en tant qu'être humain, je n'ai pas la foi de te remettre en cage. Je peux ressentir ce changement de comportement. Ce n'est peut-être que passager mais il sera encore temps de te ramener.

-Je ne veux pas y retourner. Tout les soirs, tu peux rentrer chez toi aux côtés d'une personne qui t'aime alors que, moi, je suis forcée à rester avec ces gens que je ne supporte pas. Tu vois, au final, mes meilleurs moments de la semaine c'est avec toi.

Callie pencha la tête avant de se pincer les lèvres. Un air interrogateur s'y dessina. Que voulait-elle dire ?

-Pourquoi ?

-Parce que quand je suis avec toi, j'aime bien te parler. Je te provoque assez souvent, je te l'accorde mais j'ai l'impression d'avoir une vraie conversation. Tu t'intéresses réellement à ce que je dis même si t'es pas spécialement d'accord.

-Il y a des choses sur lesquelles je le suis mais pas tout, c'est un fait.

-Tu me donnes juste l'impression d'être considérée comme une personne normale. Tu me regardes pas comme si je venais d'une autre planète.

-En même temps tu es née ici...

-Falsification de document ?

-Mmmh... Pas faux ! Tu viendrais donc d'une autre planète ?

-Peut-être !

-Mon Dieu ! C'est donc ça, quel spécimen incroyable ! C'est d'une justesse.

-Très ressemblant aux véritables êtres humains n'est-ce pas ?

-Oh oui, je suis impressionnée !

-Et véritable peau humaine, tout de même.

-Incroyable.

Callie lui pinça doucement le bras avant de rire doucement. Parlant très sérieusement, elles avaient fini dans une chose opposée. La plus jeune des deux s'arrêta en voyant la plage un plus loin à l'horizon. Elle traversa et la psychiatre suivit. Arrivées aux bords de la plage, elles retirèrent leurs chaussures et marchèrent dans le sable fin, refroidi par la nuit.

-Je venais souvent à la plage quand j'étais à la fac. On faisait des soirées assez tranquille mais c'était vraiment sympa.

-Vous faisiez quoi ?

-Oh, pas grand chose. On fumait des joints, on buvait quelques bières. On nageait si l'eau était encore à une assez bonne température. Des trucs assez basiques. Sinon, on aimait bien sauter du haut d'une petite falaise, un peu de sensations fortes.

-C'est tout ? Tu n'as jamais été plus loin que ça ?

-Je parlais des soirées tranquille à la plage, pas du reste.

Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de Lisa et Callie pu à peine l'apercevoir à la lumière de la lune. Le silence se réinstalla quelques temps tandis qu'elles foulaient le sable sous les étoiles.

-Je me demande comment réagiraient les gens si ils me retrouvaient après cinq ans...

-Je ne sais pas, il faudrait le voir pour le savoir et puis chacun peut réagir différement.

-Je sais, c'est juste une question que je me pose. Bon, qu'est-ce qu'on fait ?

-A cette heure-ci... Il n'y a pas grand chose, les bars sont encore ouverts, à part ça...

-Allons boire un verre dans ce cas.

Callie observait la jeune femme, tandis qu'elle s'éloignait des vagues pour retrouver le bitume. Elle soupira doucement, un fin sourire aux lèvres, suivant les pas de sa patiente. Elles remirent leurs chaussures en quête d'un bar.