La camisole des sentiments (TOME 1) [TERMINE - A CORRIGER]

CALLIE

Le soulagement était le sentiment premier de la psychiatre. Sa patiente, malgré son état pitoyable avait tout de même accepté de retourner à l'hôpital, n'ayant pas changé d'avis. Elle marchait donc à ses côtés, la soutenant en la tenant par la taille. Elles finirent par retrouver la voiture de Callie après de longues et pénibles minutes. Elle l'installa sur le côté passager avant de se mettre au volant de son véhicule. La psy démarra le moteur et se mit en route vers l'établissement psychiatrique. Elle posa les yeux sur Lisa qui avait le front posé contre la vitre, regardant dans le vide le paysage qui défilait. Callie soupira doucement, reposant les yeux sur la route. 
Son éthique de psychiatre l'obligeait à la ramener après un tel incident mais sa propre morale avait du mal à accepter l'idée. Elle avait une sorte de conflit interne mais la morale savait aussi que c'était pour un mieux. Il valait mieux qu'elle y retourne et qu'elle en sorte avec un comportement évolué et plus adapté à la société que de la laisser et qu'elle finisse par commettre l'irréparable de ses propres mains cette fois...
Le trajet était silencieux et pesant. Ce n'était pas tant la situation dans la voiture qui donnait cette ambiance désagréable mais ce duel qui venait de l'intérieur de la psychiatre. Même si elle savait que c'était pour le mieux, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle la remettait dans un endroit qui semblait la rendre malheureuse. Pendant un moment, elle avait sincèrement pensé à la laisser en cavale puisque son comportement paraissait correct mais elle s'était rendu compte assez rapidement que ce n'était pas encore gagné. Ca la chagrinait quelque peu mais elle se consolait en se disant qu'elle pourrait peut-être réussir à la canaliser assez pour qu'elle s'adapte. C'était son objectif depuis le début. Elle voulait parvenir à la faire sortir de là mais d'une façon plus légale cette fois. Elle devait y arriver sinon ses études auraient servit à quoi ? Sa carrière entière serait un échec si elle ne pouvait pas la sauver, du moins à ses yeux. La voix d'un animateur radio la sortit de ses pensées. Visiblement, le silence ne plaisait pas à sa patiente qui avait allumé le poste. Elle ne dit rien et écouta les paroles de l'homme sans vraiment y prêter attention. 
Après un petit moment, elle se gara dans le parking de l'hôpital et coupa le moteur et les phares avant de soupirer doucement. Lisa se redressa doucement et poussa un long soupir avant de tourner la tête vers elle. À son tour, elle soupira légèrement en la regardant. Elles ne se disaient rien mais leurs regards en disaient long. Lisa n'avait pas envie d'y retourner et Callie n'avait pas envie de l'y renvoyer mais elle n'avait pas le choix. Elle sentait encore cette hésitation qui lui disait "tu peux encore faire demi-tour". Même si ce sentiment persistait, elle ne pouvait pas se résoudre à céder. Il fallait qu'elle soit raisonnable et professionnelle. Rien de tout ça n'aurait dû arriver dans tout les cas. Elle aurait dû la ramener dés le début... Mais quitte à faire des choses stupides en cette soirée, elle se pencha et posa ses lèvres sur les siennes. Elle pu sentir les longs et fins doigts froids de la jeune femme se poser sur sa joue tandis qu'elle répondait au baiser. Callie se détacha doucement de Lisa et fit une légère moue avant de sortir de la voiture. Il fallait qu'elle le fasse, elle n'avait pas le choix. Lisa était encore un danger pour les autres et même pour elle-même. Elle avait tout de même provoqué ce garçon sans sourciller. Elle n'avait pas eu peur de lui une seule seconde et ça s'était ressenti, Callie l'avait ressenti. Elle attendit quelques instants et sa patiente fini par sortir à son tour du véhicule. Elle fit le tour et retrouva la psychiatre qui passa à nouveau son bras autour de sa taille. Callie l'amena jusqu'à la salle des infirmières de son étage. L'infirmière de garde était prise par un feuilleton télé qui passait à cette heure tardive. La psy toqua doucement sur la vitre et la femme tourna la tête avant de se lever d'un coup, prête à hurler sur Lisa. Callie fit un mouvement de la tête pour lui signifier que cela ne servait à rien. Elle sortit de la salle et poussa un grognement d'énervement. Elle la prit par le bras sans aucune délicatesse, jurant entre ses dents avant d'entrer dans sa chambre. C'était expéditif... Préférant éviter les questions, Callie ne resta pas pour attendre l'infirmière et elle quitta l'établissement le plus vite possible.
Une fois la porte principale passée, elle s'alluma une cigarette. Elle souffla la fumée qui s'évaporait doucement dans l'air, ne laissant aucune trace de son passage. Callie avait beau savoir que c'était la chose à faire, elle s'en voulait quand même de l'y avoir remit. Rien que le comportement de l'infirmière à son égard ne donnait pas envie de l'y laisser. Si elle ne lui avait pas crier dessus, rien ne garantissait qu'elle ne ferait rien le lendemain matin... Ca n'aidait en rien les patients à s'améliorer mais si ils étaient soit-disant trop gentils, les patients en profiteraient pour les manipuler. C'était du moins la justification du directeur. De toute façon, elle n'avait pas grand chose à dire sur ça, elle n'était que psychiatre. Une fois la cigarette finie, elle jeta le mégot à deux-trois mètres d'elle avant d'enclencher le pas vers son véhicule. Elle s'installa derrière le volant et posa ses deux mains dessus à dix heure dix. A nouveau, le silence envahissait l'espace. Ses doigts se serraient peu à peu au cuir du cercle alors que sa mâchoire se contractait de plus en plus. Elle regrettait déjà de l'avoir ramenée là.

-Fait chier...