LISA

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Le soleil était déjà levé depuis un moment lorsque Lisa ouvrit les yeux. Elle tourna la tête vers la fenêtre et un sourire se dessina sur ses lèvres. C'était étrange de ne pas voir les rayons de lumière coupé par des barreaux mais ça faisait du bien au moral. Elle était libre, bien plus que dans cet hôpital de malheur en tout cas. Certes, elle restait sous la surveillance de Callie mais au final, elle la traitait normalement.

-Merde... C'est vrai. Je dois me barrer, pensa-t-elle à voix haute avant de s'étirer de tout son long comme un félin qui se réveille d'une énième sieste, poussant un long râle avant soupirer. 

Elle sortit du lit et de la chambre ensuite, voyant le couple déjeuner.

-Est-ce que j'ai le droit à un café avant de faire mes affaires ?
-Viens, installe-toi, fit Callie.

Lisa approcha et s'installa à table. Megan se leva et prit une tasse dans l'armoire avant d'y mettre du café et de poser la tasse devant la patiente de sa femme.

-Mh, merci, dit-elle perplexe face à ce comportement. 

La veille, elle voulait probablement l'étriper et là, elle venait gentiment déposer son café devant elle sans avoir l'air de râler. Elle ne comprenait pas trop pourquoi mais après tout, c'était sûrement parce qu'elle allait de toute façon partir.

-J'aimerais te présenter mes excuses pour hier. Dès le départ, je n'ai pas été sympa avec toi. Tu peux rester mais, sérieusement, touche pas à Callie. Je plaisante pas avec ça.
-Bon... Au moins, le début était plus ou moins concluant, plaisanta Callie.
-D'accord, d'accord. C'était probablement pas cool de ma part non plus.
-Merci, fit simplement Megan.
-Et donc... C'est quoi le programme de la journée doc' ?
-Je vais devoir aller à l'hôpital, j'ai d'autres patients à voir et Megan va bosser aussi. Elle sera de retour avant moi, vers dix-huit heures. Je rentrerais vers dix-neuf heures pour ma part. Est-ce que je peux te demander, pour ton premier jour de réelle liberté, de faire des petites courses pour le dîner de ce soir ? Pour le reste, je te fais confiance, tu gères ta journée comme tu le veux mais pas de dérapage.
-D'accord, ça me va.
-Bien, merci. Il y a une enveloppe dans le tiroir du meuble télé pour que tu puisses faire les courses. Tu peux prendre ce qui te fait plaisir, à part tout ce qui est poisson, j'aime pas, plaisanta à nouveau la psy.
-Promis, pas de poisson, fit Lisa en prenant une gorgée de café. Il est super bon ! À l'hôpital, il a un goût de chiotte, affirma la jeune femme.
-Merci, c'est mon petit truc à moi. Je mélange deux sortes de café pour qu'il ait ce goût là, répondit Megan.
-Au moins un truc de positif chez toi, lança Lisa avant de voir la tête de la femme et de rire doucement. Ca va, je plaisantais. Ta femme aussi c'est un truc positif.
-Est-ce que tu essaies de faire de l'humour ? demanda Callie, un fin sourire aux lèvres.
-Bah... Oui ? On est pas censées essayer d'améliorer nos rapports ?
-Mmh, si. Je suis contente de voir que tu prends des initiatives même si honnêtement, c'est plutôt maladroit pour le coup.
-Qui ne tente rien n'a rien, non ?
-C'est vrai, fit Callie, un sourire tendre aux lèvres.
-L'humour laisse clairement à désirer mais je vais prétendre que c'était drôle. Ah, ah.. ah !
-Merci, merci. Quel public ce soir, s'exclama Lisa avant de rire légèrement.

Megan leva les yeux au ciel, poussant un soupir discret avant de se lever et d'embrasser sa femme.

-J'y vais sinon je vais être en retard. A tout à l'heure, je t'aime.
-Je t'aime aussi.
-Et toi ! Pas touche, c'est clair ?

Lisa leva les mains l'air de dire qu'elle ne ferait rien et Megan quitta l'appartement. La plus jeune reporta son attention sur sa psychiatre qui semblait de bonne humeur.

-Pas de divorce alors ?
-Non. C'est arrangé, je pense qu'elle a compris qu'il faut te laisser du temps. 
-Dommage, fit Lisa avant de boire une autre gorgée du café. J'en reviens pas à quel point il est bon, j'en ai jamais bu un comme ça. C'est vraiment elle ?
-T'es pas croyable... souffla Callie amusée. Et oui, c'est vraiment elle qui le fait comme ça. Ce sont deux cafés importé d'Italie je crois.
-Ouuh, des goûts de luxe ?
-Le café c'est quand même ce qui nous fait démarrer la journée, rétorqua Callie.
-Pas faux. Donc pas de poisson ?
-Non, pas de poisson. Enfin... Tu peux en prendre pour toi mais pas pour moi en tout cas.
-Mmh... Du poulet ? Oh non ! Un steak !
-L'un ou l'autre, c'est bon pour moi.
-Un steak bien saignant... Ca fait tellement longtemps que j'en ai pas mangé.
-Alors va pour un steak, dit-elle en se levant de sa chaise.
-Tu t'en vas aussi ?
-Pas le choix, je vais être en retard aussi sinon.
-D'accord. Si le Fukushima revient, je peux le faire rentrer encore ?
-Oui, bien sûr. Ca ne nous a pas dérangé hier, je ne vois pas pourquoi ça nous dérangerait aujourd'hui.
-Pas faux.

Callie s'approcha et embrassa la joue de Lisa, ce qui lui fit étrangement plaisir d'ailleurs. C'était un geste anodin pourtant.

-Allez, pas de bêtises et fais comme chez toi si tu as faim, si tu veux prendre ta douche et tout ça. Le seul truc, tu ne vas ni dans mon bureau, ni dans notre chambre. Le reste de l'appartement est à toi. Je te fais confiance, à tout à l'heure.
-À tout à l'heure, répondit Lisa en voyant Callie sortir de l'appartement.

Lisa regarda autour d'elle et c'était étrange pour elle de se retrouver là, livrée à elle-même. Plus d'infirmiers, plus de tarées qui l'emmerdent, plus de barreaux ou de portes qui l'empêchent de sortir.

-Oh ! J'ai oublié de te dire ! Je t'ai laissé mon double des clés dans le bol de l'entrée ! Bisous !
-D'accord, fit Lisa, surprise par le retour éclair de Callie qui repartit aussitôt. Bisous, souffla-t-elle doucement.

Pourquoi est-ce que Callie se montrait aussi gentille avec elle ? C'était tout de même fou. Elle avait bravé sa femme pour elle, quitte à ce qu'elles soient au bord du divorce, même si tout s'était arrangé. Elles ne se connaissaient pas tant, elles n'avaient aucun lien apparent si ce n'était leur relation de psy-patiente. Finalement, c'était peut-être qui était folle... Cette idée fit  sourire la jeune femme qui termina tranquillement son café. Elle alla prendre sa douche et s'habilla avant d'aller dans le salon. Elle se baissa face au meuble télé et ouvrit le tiroir. Elle prit l'enveloppe et pu y voir une somme assez conséquentes, sûrement les économies de toute une vie. Si elle prenait tout le contenu, elle avait largement assez pour quitter la ville, l'état ou même le pays et reprendre une nouvelle vie. Cependant, elle ne prit qu'un billet de cinquante dollars, ce serait largement suffisant pour les courses. Callie lui faisait confiance, c'était la seule alors elle ne devait pas la décevoir. C'était un sentiment étrange. Elle la considérait réellement, son avis comptait plus que ce qu'elle ne voulait bien l'admettre au fond.

La camisole des sentiments (TOME 1) [TERMINE - A CORRIGER]Where stories live. Discover now