Chapitre 2 Ancienne Version

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Madeleine ne semble pas se soucier de ce que je lui dis. Elle continue de manger sa laitue pendant que je lui raconte ma misérable vie. Si seulement elle pouvait me répondre ! Je ne me sentirais plus seule.

Après mon travail, mon frère passera. Il m'a appelée hier soir et a tout de suite compris que je n'étais pas bien. Nous sommes tous les deux restés proches depuis que notre père nous a quittés. Quant à notre mère, elle a déménagé vers Saint-Tropez et s'est remariée il y a deux ans.

Durant notre enfance, Louis et moi étions comme tous les autres frères et sœurs. Nous nous disputions pour des choses plus ou moins insignifiantes. Vers l'adolescence, après le décès de notre père, nous avons compris que le plus important était la famille. Nous ne pouvions plus compter que sur nous deux.

J'enfile mes talons aiguilles, assise sur le canapé, en regardant ma petite tortue. J'habite dans cet appartement depuis mon arrivée à Luna Éditions. C'est-à-dire, il y a un an et quelques. Mon appartement est petit, il y a une chambre, un salon, une cuisine, et une salle de bain. Je ne m'en plains pas. Je vis seule, je n'ai pas besoin de plus.

Jordan et moi n'étions pas encore au stade d'habiter ensemble. Je l'espérais depuis trois mois. Jour où il m'a proposé de laisser mes affaires chez lui. Dans ma tête, tout était déjà imaginait. Rentrer du bureau ensemble et le trouver dans notre appartement était un rêve. Qui n'arrivera jamais.

J'attrape le bas de ma jupe et la tire au maximum. Bon sang, je ne pouvais pas en choisir une qui ne remonte pas ! Je relève la tête et me dirige vers le meuble, j'ouvre le tiroir et sort deux paquets de mouchoirs. Ce qu'il s'est passé hier m'a permis de comprendre une chose. Une femme doit avoir des mouchoirs. Et pour certaines, une arme à feu ou juste un couteau.

À l'entrée, j'enfile mon manteau et mets mon sac à mon épaule. Je suis fin prête à partir au travail. J'aimerais même arriver en retard pour ne pas croiser Jordan sur le parking. Malheureusement, je vais devoir supporter de le voir tous les jours. Il est hors de question que je faiblisse et quitte mon job.

Lorsque j'arrive, plusieurs voitures sont déjà garées. Il n'y a pas celle de cet enfoiré. Tant mieux ! Je traverse très vite le parking et me rends dans la maison d'édition. Je salue plusieurs personnes puis monte à mon étage. Je ne risque plus de croiser Jordan. Soulagée, je souffle et retire ma veste. Mon sac au sol, à côté de mon bureau, se met à vibrer. J'ai reçu un message. Je vérifie. Il s'agit de mon frère. Je repose le téléphone à sa place et m'installe sur ma chaise.

Je me plonge sur mon travail, pour ne pas me laisser perturber par ce qui m'entoure. Comme les autres jours, tout semble pareil. Le temps d'aujourd'hui me force à jeter un coup d'œil plusieurs fois par heure. Il fait tellement bon que j'aimerais travailler à l'extérieur. Profiter du bon temps.

Ma porte s'ouvre d'un coup. Je lève le nez de mon ordinateur. Sous mes yeux se trouve Jordan. Je reporte mon attention sur mon écran et termine mon mail. Je ne sais pas ce qu'il fout là et j'en ai rien à foutre.

— Jules, regarde-moi.

Je ne l'écoute pas. Je reste concentrée, les yeux rivés sur ce qui me sert d'échappatoire. Malgré tous mes efforts pour l'ignorer, il contourne le bureau et pousse ma chaise avec force. La chaise heurte le mur ainsi que ma tête. Une grimace transforme mon visage. Il ne sait donc pas que le mur est dur ? Ignorant ma réaction, Jordan se place devant moi et pose ses mains sur mes avant-bras qui sont sur les accoudoirs. Ainsi, il me stabilise à son gré.

— Je te l'ai dit hier, murmure-t-il. Je t'aime ma puce. Je ne veux pas te perdre.

Je secoue la tête. Pourquoi vient-il me faire chier maintenant ? Il s'est fait larguer ou quoi ?

Émilien Weits - Tome 1 EmpriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant