Chapitre 24 Ancienne Version

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Cela fait deux jours qu'Émilien est chez moi. Nous n'avons pas encore reparlé de sa demande et je dois dire que j'en suis contente. Je ne sais pas du tout ce que je pourrais lui répondre. Fuir n'est pas bien, mais cela allait trop vite. Comment aurais-je pu dire oui ou non ?

Les policiers recherchent encore Émilien. Ils sont revenus me voir hier et j'ai à nouveau menti. Il y a une chose que je dois faire. Demander à enlever ma plainte. Je sais déjà que ça ne va pas être facile. Pour cela, il me faudrait de l'aide. Je ne sais pas du tout vers qui me tourner. On va me demander pourquoi je reviens sur ma plainte, pourquoi j'ai décidé de lui pardonner alors que ce qu'il a fait n'aurait jamais dû arriver. On va penser qu'il me manipule pour se tirer d'affaire. Seulement, au procès il n'a rien contredit. Il s'est jugé coupable et a accepté sa peine.

Je me rends dans le salon pour le prévenir que le repas est prêt. Émilien est assis sur le canapé et regarde attentivement la télé. Bon Dieu, tout aurait été si facile. Nous aurions pu profiter de notre relation normalement.

— C'est prêt.

Il ne me porte aucune attention. Ses yeux sont littéralement fixés sur l'écran. Je me déplace pour découvrir qu'il est sur une chaîne d'information.

— Émil...

— Émilien Weits est toujours en fuite, fait le présentateur télé. Fondateur et éditeur de Luna Éditions, cet homme vient d'Amérique où il a vécu son enfance avec son père. Curtis Weits, célèbre médecin. Monsieur Weits n'avait aucun casier judiciaire...

— Arrête d'écouter ça bon sang ! m'emporté-je, en me penchant pour attraper la télécommande sur la table basse.

— Ils sont en train de faire des recherches approfondies sur moi, dit-il. Je ne voulais surtout pas que l'on parle de mon père !

— Mais tu t'en fous au pire ! Ton père ne t'entend pas.

— S'il apprenait ce que j'ai fait, je crois bien qu'il.. Bah rien du tout puisqu'il ne peut plus rien. Notre relation est déjà au fond du trou, ça ne peut pas être pire.

J'écarquille les yeux et souris.

— Bah on pourrait lui demander de l'aide ? Si je demande à retirer ma plainte...

— Il ne fera rien pour moi, me coupe-t-il sur un ton moqueur. Il n'a rien fait avant, il ne fera rien après. Pour lui, je ne suis plus son fils depuis longtemps.

Je roule des yeux. On dirait qu'il ne veut rien arranger. Comme s'il avait baissé les bras.

— Ça ne coûte rien de tester.

Émilien se lève en riant.

— Et tu comptes faire quoi ? Lui dire que son fils est dans la merde pour t'avoir fait dû mal et qu'il s'est évadé de prison et que tu le gardes chez lui ?

À chaque fois que nous parlons de lui, j'ai toujours peur que les voisins nous entendent et aillent porter plainte. Ça ne semble même pas lui traverser l'esprit.

— Et pourquoi pas ?

— Jules, ne t'occupe pas de ça. J'ai pris ma décision. Je vais me rendre.

— Attends... en plus ce n'est pas moi qui ai porté plainte en premier. C'est Louis qui a montré la vidéo. Je pourrais dire qu'il...

— Qu'il t'a forcé de porter plainte ?

Je pince mes lèvres. Je ne sais pas quoi dire.

Émilien prend la télécommande de mes mains et allume la télé. Mon attention se porte sur celle-ci. Ils parlent de la disparition d'une jeune femme. Quand ils mettent la photo, ma mâchoire se décroche et mes yeux s'écarquillent encore plus qu'auparavant.

Émilien Weits - Tome 1 EmpriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant