Émilien Weits - Tome 1 Emprise

Chapitre 15 Ancienne Version

Cela fait trois semaines que notre relation a changé. Nous nous retrouvons de temps en temps après le travail pour profiter de quelques heures ensemble. Nous sommes allés à l'hôtel. Comme la plupart des hommes riches et célèbres, il réserve dans des hôtels luxueux avec un faux nom. À chaque fois, on dirait des amants secrets qui doivent se cacher ! Ce petit jeu est assez amusant. Nous restons discrets quand nous sortons du bureau. Il n'est pas question d'ameuter tous ses employés et les journalistes.

Depuis le licenciement de Jordan, je n'ai plus entendu parler de lui. Il ne m'a pas envoyé un seul mail. Rien qui devrait m'inquiéter. Je profite donc de cette nouvelle liberté. Quand il était là, je me sentais oppressée. J'avais peur de mal faire, qu'il me juge et qu'il se moque. C'est complètement stupide.

Émilien m'étonne jour après jour. On dirait qu'il fait tout pour faire passer notre relation sexuelle en autre chose de plus... sérieux. Je suis effrayée de m'attacher à lui et qu'à ses yeux, je ne suis que bonne à sauter. J'ai vraiment la sensation qu'il fait tout pour que je succombe à son charme. Enfin... que je tombe amoureuse de lui.

Ce matin, il m'a envoyé une rose rouge. Il n'y avait qu'une lettre où était marqué « À ce soir, E. ». Autant dire que depuis, je n'arrive pas à rester en place. Nous irons probablement dans un nouvel hôtel, à jouer les inconnus. Il ne veut pas que l'on découvre qu'il couche avec moi. C'est exactement la même chose pour moi. Si Louis venait à l'apprendre, autrement que par moi, j'ai peur de sa réaction. Il n'aime déjà pas que je travaille pour Émilien, mais savoir qu'en plus je couche avec lui risquerait de briser notre lien. D'un autre côté, je ne peux pas m'empêcher de coucher avec un homme pour satisfaire Louis. Il faudrait qu'il apprenne à me laisser vivre comme j'en ai envie. Je ne devrais pas avoir peur de sa réaction quand je suis avec un homme. Sauf que je ne suis pas avec Émilien.

Ma porte s'ouvre. Je suis plongée sur la promotion d'un livre. Je lève mon nez de mon ordinateur.

— Toujours en train de travailler ? me demande-t-il.

— Heu oui...

— Pourtant, tu aurais déjà dû me rejoindre à mon bureau depuis plus de dix minutes...

Je lance un coup d'œil à l'heure. Effectivement, je suis en retard.

— Je n'avais pas vu...

— Je t'attends depuis tout à l'heure, me coupe-t-il la parole. Éteins-moi cet ordinateur.

J'exécute ce qu'il me demande. Je me prépare ensuite. Lorsque je suis prête, il me fait un signe de le suivre. Nous restons muets. Dans l'ascenseur, nous ne sommes pas seuls. Graziella me regarde de haut, comme d'habitude. Je l'ignore royalement. Je suis dans mon monde, pas prête à me laisser emmerder par une connasse comme elle !

— Bah alors, Becker, on dirait que vous n'êtes pas dans votre assiette.

— Tout va bien, merci, répliqué-je.

Je me tends. Son air hautain fait surface. Elle arque un sourcil et glisse son regard sur notre patron. Ce dernier lui fait un large sourire.

— Un problème ? lui demande-t-il.

— Non, répond-elle amèrement.

Je peux comprendre qu'elle soit un peu énervée. Jordan a été viré, elle ne peut donc plus être avec lui au travail.

L'ascenseur s'arrête et les portent s'ouvrent. Nous laissons Graziella sortir puis nous faisons de même. Nous passons devant l'accueil. Il salue la femme, avant de me dépasser pour m'ouvrir la porte.

Dehors, nous jetons plusieurs coups d'œil aux alentours pour ne pas nous faire griller. Il ne semble y avoir plus personne sur le parking. Je m'engouffre dans sa voiture avec un large sourire que je ne peux pas dissiper. Il referme la portière et se met au volant. Émilien démarre son véhicule. Nous ne nous sommes toujours rien dit depuis que nous sommes sortis de mon bureau.