Chapitre 14 : Le destin, c'est comme ça qu'on l'appelle ?

2.5K 228 20
                                    


-Vous êtes très chic ce soir.

Je relève la tête, un bras à moitié passé dans la manche de mon manteau. L'horloge murale du bureau indique qu'il est plus que temps pour moi de partir. 

Cependant, en entendant la voix d'Adam, je n'ai pu m'empêcher d'être stoppée net dans mon mouvement. La vérité est nous ne nous sommes pas adressé la parole depuis maintenant trois jours.
Enfin, je ne lui adresse plus la parole, et je pense que c'est mieux comme cela.

Ses « bonjour Mademoiselle Miller », « comment allez-vous Mademoiselle Miller ? » n'ont pas réussi à me dérider : après tout il l'a bien mérité !
Ce crétin a été la pire des vermines avec moi.

Malgré cela, je ne peux me résigner à le détester. Il a fait ce qu'il fallait pour s'assurer des points d'avances. J'ai décidé de rester fidèle à moi-même là où j'aurais peut-être dû donner mon maximum.

Le visage d'Adam est un masque de pureté et de sérénité. Il semble à la fois profondément intéressé et extrêmement inquiet. Inquiet de dire quelque chose qui me mette d'autant plus en colère.
Il est vrai que mes réactions sont quelque fois imprévisibles.

Je finis d'enfiler mon manteau en silence, la tête baissée. Le but est de sortir le plus rapidement possible en délivrant le moins d'informations.

-Vous avez prévu quelque chose de particulier ? insiste-t-il en déposant délicatement ses lunettes sur son bureau.

Je me retourne pour éviter d'avoir à le regarder dans les yeux lorsque je réponds.
Ton manteau, ton sac, et tu files !

-Oui.

Lorsque j'entends un bruit de chaise racler contre le sol, je sais qu'il compte s'approcher de moi. J'attrape en vitesse mon sac avec la ferme intention de filer à toute allure. Malheureusement pour moi la anse s'accroche au porte manteau, m'obligeant à forcer pour le récupérer.

Aller, aller... vite.

-Voyons, Mademoiselle Allen, dit une voix venue de derrière moi. Ne m'obligez pas à vous prier de me dévoiler vos petits secrets.

Sa voix possède une tonalité si étrange que je ne peux m'empêcher de vouloir lire en lui, savoir ce qu'il se passe à ce moment précis dans son esprit. 

Je me retourne, résignée, et lui fait face.
Il prend soin de garder une expression neutre, voulant certainement éviter que je ne découvre ce qu'il mijote. Parce qu'il y a clairement quelque chose qui lui trotte dans l'esprit, et je suis persuadée qu'il ne laissera pas filer l'information avant de m'avoir cuisinée.

D'accord Monsieur Marciello, si tu veux la jouer comme ça, on va la jouer comme ça.
Tu veux savoir ce que je vais faire : je vais te le dire, moi ! Et ça effacera certainement le petit sourire narquois que tu trimbales sur ton visage.

-Ce n'est pas un secret, je dis en accentuant sur le dernier mot. A vrai dire, je suis invitée ce soir.

Je prends grand soin de lui parler comme je l'aurais fais avec n'importe quelle autre personne, d'une voix calme et posée, comme si de rien n'était. Il faut que j'arrive à m'effacer de l'esprit son corps sublime, ses fossettes séduisantes et son regard charmeur. 

Je veux être immunisée contre Adam Marciello. Cette stupide maladie qui me pousse à tomber sous le charme des seules personnes que je devrais éviter à tout prix.

Les sourcils se haussent, conséquence directe du détachement clairement audible dans ma voix.
Et peut-être aussi du fait que je lui ai révélé sortir avec quelqu'un d'autre. Je ne sais d'ailleurs pas vraiment comment je suis censée réagir face à cette réaction. 

This Crazy Eternal Love (L'amour est une infinie folie #2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant