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- Ils font décidément les meilleurs burgers du monde ! s'exclame Mickaël en avalant une autre bouchée de son burger.

- Ça c'est surtout parce que tu as faim !
- Tu n'as pas tout à fait tort, mais avoue qu'ils sont quand même à tomber.
- Ils sont pas mal.
- Aza.
- Ils sont meilleurs que ceux de Jerry, ça te va ?
- Parfait !

Mickaël finit son burger et vient me piquer une frite dans ma barquette.

- Eh, pas touche ! C'est à moi !
- Et qui va payer ?
- Toi, dis-je en ronchonnant et en lui tendant ma barquette de frites.
- J'aime mieux ça.
- Mickaël, quand est-ce qu'on va rentrer, j'ai reçu plusieurs messages de ma mère.
- Bah je pensais rester encore un peu mais ma mère m'a appelé ce matin en me disant que les flics avaient de nouveau appelé.
- Merde...
- Tu l'as dit.
- Donc on rentre juste après.

Je ne dis rien et termine mon burger et le reste de frites que Mickaël, par pure bonté d'âme, m'a laissé. Il va payer et nous rejoignons la voiture.

La voiture roule depuis trente minutes environ quand nous débouchons dans un coin de forêt où la lumière peine à filtrer à travers les arbres et l'endroit devient de plus en plus noir à mesure que nous roulons. Soudain Mickaël freine d'un coup, sans raison apparente. Je me tourne vers lui et remarque que les jointures de ses mains sont blanches, il regarde droit devant lui, sa lèvre inférieure tremble. Soudain, sans prévenir, il sort de la voiture et se précipite devant, il marche encore et encore. Je décide de sortir de la voiture et de le suivre quand il s'arrête net de nouveau. Son regard fixe le sol, je suis son regard et aperçois une trace rouge, une trace de sang. Je m'approche encore un peu pour mieux voir, le sang est séché, ça doit déjà faire des mois. Un frisson me parcourt l'échine, mes mains tremblent, ça ressemble à une scène d'horreur, là, sous mes yeux.

- Va à la voiture, me dit Mickaël sereinement.
- Mickaël, qu'est-ce que c'est que... ?
- Aza, retourne dans la voiture, me coupe-t-il, sa voix tremblant légèrement.

Voyant que je ne bouge pas, terrorisée, il se tourne vers moi et m'agrippe le bras.

- Je t'ai dit d'aller dans la voiture ! hurle-t-il.

Je sursaute, il n'est pas comme d'habitude, pourquoi ce soudain changement d'humeur, que lui arrive-t-il ? Il me fixe et je remarque dans ses yeux un mélange d'émotions que je n'avais jamais vu auparavant, de la colère, de la haine et de la tristesse. Je me retourne sans demander mon reste et cours jusqu'à la voiture. Je me rassois et me cramponne au siège.

Au loin, un bruit de moteur vient troubler le silence, ça doit être un camion, il roule vite, il se rapproche. Je n'ai pas le temps de le prévenir quand le véhicule débarque au virage et heurte Mickaël, qui se trouvait au beau milieu de la route, de plein fouet. Le camion s'arrête et le chauffeur descend, je cours jusqu'à Mickaël, la tête baignée de sang.

- Je suis vraiment désolé, je ne l'ai pas vu, bredouille le chauffeur.
- Appelé les secours ! je lui hurle, prenant le pouls de Mickaël en même temps.

Je vois le chauffeur repartir en courant dans son camion et brandir un téléphone, quelques sonneries plus tard il s'égosille à l'appareil pour que les secours rappliquent le plus vite possible.

Je caresse la joue de Mickaël en lui disant de ne pas abandonner, il ouvre faiblement les yeux.

- Aza.
- Mike, comment tu te sens ?
- Aza, qu'est-ce qui se passe ?
- Il faut que tu tiennes bon, les secours vont arriver.
- J'ai mal à la tête, dit-il en tentant de bouger.
- Ne bouge surtout pas !

Il porte sa main jusqu'à sa tête et la regarde, elle est maculée de sang.

- Aza, qu'est-ce que j'ai fait ?
- Continué de lui parler, il ne faut pas qu'il perde connaissance, me dit le chauffeur du camion.
- Mike, tu as eu un accident, on va t'emmener à l'hôpital.
- C'est moi qui l'ai tué... murmure-t-il dans un soupir.
- Non, tu n'y es pour rien, tu t'es fait percuter par un camion, tiens bon, les secours vont arriver.

Je presse la main de Mickaël qui faiblit, ses yeux sont en train de se fermer.

- Non, Mike, ne t'endors pas, reste avec moi, Mike !

Mais rien n'y fait, il ferme les yeux pour de bon. Je secoue légèrement sa joue en lui hurlant de rester éveillé jusqu'à l'arrivée des secours qui débarquent quelques minutes plus tard, noyés par le bruit de sirènes stridentes que je n'entends plus. Ma tête tourne, le paysage devient flou. Je ne me souviens que de cette trace rouge sur la route et de la marre de sang que Mickaël laisse derrière lui après le passage des secours avant que le paysage ne devienne noir.

Je me réveille sur un lit d'hôpital, la lumière blanche m'éblouit. Pourquoi c'est moi qui suis là, où est Mickaël ? Je remarque ma mère dans un coin de la chambre, dormant sur une chaise, j'essaie de l'appeler mais aucun son ne sort de ma bouche, alors j'appuie sur la sonnette d'alarme qui se trouve à côté de l'oreiller. Une jeune infirmière rapplique quelques secondes plus tard, un grand sourire sur le visage.

- Mlle Azalée Wilson, vous vous êtes enfin réveillée ! s'exclame-t-elle.
- Qu'est-ce que s'est passé ?
- Votre ami à eu un accident, vous vous êtes évanouie à l'arrivée des secours, vous ne vous rappelez de rien ?

Je tente de faire le vide dans ma tête mais rien ne me reviens.

- Vous vous en sortirez, ne vous inquiétez pas.
- Où est Mickaël ?
- Il a perdu beaucoup de sang, nous avons réussi à le maintenir en vie mais il est à présent dans un coma artificiel, on ignore s'il se réveillera un jour.

La déclaration de l'infirmière me fait l'effet d'une claque, Mickaël pourrait ne plus jamais se réveiller.

- Reposez-vous Mlle Wilson, il faut que vous repreniez des forces après le choc émotionnel que vous venez de subir, dit-elle avant de sortir de la chambre.

Des larmes coulent sur mes joues sans que je ne puisse rien faire, de plus en plus grosses, si bien qu'un torrent de larmes vient noyer mon lit.

Ma mère se réveille quelques minutes plus tard, et, remarquant que je pleure vient me prendre dans ses bras.

- Tout est de ma faute maman, c'est moi qui l'ai tué.

K7Where stories live. Discover now