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Deux semaines se sont écoulées depuis l'accident, j'ai recommencé à aller en cours une semaine après, pour m'occuper l'esprit. Je tournais en rond dans ma chambre, ressassant les événements passés. Je vais voir Mickaël tous les jours après les cours, il ne s'est toujours pas réveillé mais les médecins ont bon espoir et ils disent qu'il faut lui parler parce qu'il entend tout. De ce fait, je lui raconte ma journée, je lui lis des poèmes, je lui raconte des histoires et je finis soit par m'endormir près de lui, ou alors, à court d'idées, je m'en vais, avant qu'une des infirmières vienne me rappeler à l'ordre les horaires de visites.

Aujourd'hui ça fait presque trois semaines et j'ai passé une mauvaise journée, à la sortie du lycée, j'attrape mon vélo et pédale jusqu'à l'hôpital comme tous les jours. Une fois arrivée, je passe devant le guichet et me présente comme étant « une amie de Mickaël », je me dis également qu'il n'a pas dû recevoir beaucoup de visites et qu'étant la seule vraie amie de Mickaël, les secrétaires me reconnaissent immédiatement.

J'ouvre la porte et entre dans la chambre de Mickaël qui, comme à son habitude dort paisiblement, un tuyau dans le nez, relié à une machine qui lui envoie de l'air, de l'air artificiel. Comme-ci il était condamné à ne respirer que de l'air artificiel.

Je m'approche de lui et m'assois sur le bord du lit, je vois son torse se soulever à chaque battement de son cœur maintenu grâce à des engins médicaux. Je lui prends la main et m'apprête à lui parler quand je vois ses paupières se soulever. Je me fige net et attends, quelques secondes passent et il ouvre les yeux tout doucement. Quand il me voit il paraît soulagé. J'appuie sur le bip d'alerte et une infirmière arrive en courant.

- Qu'est-ce qui se passe ?
- Je crois qu'il s'est réveillé.

L'infirmière regarde Mickaël qui tente de s'asseoir et lui dit de ne pas bouger, il se rallonge, frustré.

- Je vais prévenir un médecin, c'est un miracle, dit-elle en sortant de la chambre.
- Aza, dit Mickaël en m'attrapant le poignet.
- Oui Mike ?
- Que s'est-il passé, pourquoi on est là ?
- Tu ne te souviens pas ?
- De quoi ?
- De l'accident ?
- Non.

Le médecin vient interrompre notre conversation en débarquant dans la chambre, un grand sourire aux lèvres.

- Eh bien jeune homme, comment vous sentez-vous ?
- Bien, je vais bien.
- Tant mieux, nous allons procéder à quelques tests avant de vous laisser partir pour vérifier votre état de santé.
- Quand est-ce que vous pensez que je pourrais sortir docteur ?
- D'ici quelques jours, si tout se passe bien.
- Merci, dis-je en me levant, je vais appeler ses parents, ils vont être heureux d'apprendre la nouvelle.
- C'est bien aimable à vous jeune fille.

Je sors de la chambre et prends mon téléphone pour appeler la mère de Mickaël qui répond immédiatement.

- Bonjour Aza, tout va bien ?
- Bonjour Mme Miller, oui tout va bien, je voulais vous informer que votre fils s'est réveillé.
- Oh, ce n'est pas vrai ? Aujourd'hui ?
- Si, les médecins vont lui faire passer quelques tests avant qu'il puisse sortir.
- Merci beaucoup Aza.
- Je vous en prie Mme Miller, passez une bonne soirée, dis-je en raccrochant.

Je range mon téléphone dans ma poche et sors de l'hôpital avec mon vélo. Quand je rentre chez moi, ma mère est en train de faire à manger dans la cuisine.

- Mickaël s'est réveillé, dis-je de but en blanc.
- C'est super chérie, il va bien ?
- Comme quelqu'un qui se réveille d'un coma j'imagine.

Je vois ma mère devenir livide.

- Il va bien.
- Tu as faim j'espère, j'ai préparé des lasagnes ! dit-elle pour changer de sujet.
- Oui, j'ai la dalle !
- Aza, me réprimande-t-elle.
- J'ai très faim, je vais mettre la table, dis-je en sortant la vaisselle nécessaire des placards pour la poser sur la table.

- Tu as passé une bonne journée au fait ? me demande ma mère une fois à table.
- Normal.
- Et comment vont tes notes ?
- Ça pourrait être pire.
- Comment ça ?
- Maman, j'aurai mon bac.
- Comment tu peux en être si sûre ?
- Une intuition.
- J'espère que tu as raison.

Après avoir mangé je débarrasse la table et aide ma mère à faire la vaisselle, je monte ensuite dans ma chambre pour me mettre en pyjama. Au moment où j'arrive en haut, je reçois un appel de Mickaël auquel je réponds presque instantanément.

- Oui ?
- Aza, j'ai récupéré mon portable et je voulais t'informer que je sortirais dans deux jours.
- Waw, deux jours seulement ? C'est génial.
- Oui, surtout que la bouffe est vraiment infecte ici.
- Ne m'en parle pas !
- Je dois te laisser Aza, il y a un couvre-feu ici.
- Ah, et bien bonne nuit Mika !
- C'est un nouveau surnom ?
- Fais de beaux rêves, dis-je en raccrochant.

Avant d'éteindre mon téléphone je remarque le message non lu de tout à l'heure que j'avais complètement zappé. Je l'ouvre, m'apprêtant à trouver une pub, sauf que ça n'en ai pas une. C'est un message de menace ou un avertissement, il est écrit : « tu ferais mieux d'écouter la cassette au lieu de croire que c'est quelqu'un de bien. »

La cassette, je l'avais complètement oubliée avec ce qui s'est passé. Je me mets à sa recherche, un peu paniquée par le message. Les mises en garde de Mickaël me reviennent en tête et je sais que ce message n'est pas anodin. Dès que Mickaël sortira de l'hôpital, les flics l'interrogeront de nouveau. Qui sait ce dans quoi il est encore impliqué.

Je finis par retrouver la cassette sous une pile de fringues et m'apprête à presser Play, mais non.

Je la range sous mon lit et décide d'aller dormir, j'aurai tout le temps de l'écouter demain, mais ce soir, il faut que je me repose. J'éteins la lumière et m'enroule dans les couvertures avant de trouver le sommeil.

K7Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu