Chapitre 3

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        La fête battait son plein dans la vaste salle. Les danses ne cessaient sous la musique des violons tandis que les autres buvaient et mangeaient assis sur des fauteuils ornés de dorures. Déjà, tous commençaient à perdre la tête avec le vin.

           Sur des tables, les hôtes se défiaient aux cartes en se regardant de côté. Une femme vêtue de rose passait autour d'eux pour vérifier si la tricherie n'influençait pas l'activité. Élisabeth s'amusait sur l'une d'entre elles et gagnait contre les hommes qui l'entouraient. Chacun tournait la tête devant sa robe vert mordoré aux broderies délicates. Son corset en forme de V écrasait et remontait sa poitrine, dévoilant une peau laiteuse. Son décolleté en ovale était agrémenté d'un collier en or. Sa jupe, parée de brocart de soie et de velours, donnait du relief aux motifs de ramages. Des feuilles d'acanthe dorée s'entrecroisaient sur l'étoffe relevée de chaque côté des hanches par des rubans jaune soleil.

           Un domestique arriva par-derrière et lui tendit un petit parchemin qu'elle prit en le mettant dans son jeu. Elle ne regarda le mot qu'une fois la partie terminée. Là, elle le déplia pour le lire à son aise. Un individu se leva brusquement en allant se placer devant une cheminée.

Nul vivant n'a vu cheveux aussi argentés,

Une déesse à l'allure d'une mortelle.

J'aimerais, dans tes rêves, te hanter,

Retirer de ton visage la dentelle

Et de mes doigts, l'arpenter.

Je te dresserais un autel.


Je t'offrirais la plus belle nuit

Dans un lit de plumes

Où tu ne connaîtrais nullement l'ennui.

Je te ferais connaître mon royaume

En te mangeant comme un fruit.

Le lendemain, tu seras dans la brume.


J'aime ce qui est interdit

Et tu es un trésor digne de Versailles,

Te voler est hardi

Mais je ne redoute pas les représailles.


Comme une fleur, je te défleurirais.

Comme un joyau, je te ferais hurler.

Comme une flamme, je t'embraserais.

Comme la terre, je te ferais trembler.


           Élisabeth le regarda se réchauffer les mains et devina que ce petit poème plein de sensualité et assez provocant venait de lui. Elle se mit debout et partit de la grande salle.

LibertinesWhere stories live. Discover now