Chapitre 5

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           Arrivée dans le Donjon des Demoiselles comme il s'appelait, Élisabeth entra dans la galerie sombre et alluma les bougies, une par une.

— Comment as-tu trouvé la fête ? entendit-elle dans son dos.

— Navrante et avec peu de rebondissements. J'ai reçu une ravissante petite lettre d'un homme qui veut mon corps.

— Pour quelle raison penses-tu qu'il ne désirait que ça ?

— Son message m'a paru plus que clair, répondit-elle en tendant le papier.

Une femme aux cheveux de jais entra et claqua la porte derrière elle. Ses yeux dévoraient Élisabeth. Elle s'approcha et lui prit la main.

— Pourquoi n'as-tu pas accepté les avances de ce gentil'homme ?

— Parce que je m'amuse beaucoup plus au lit avec toi, Adrianne.

— Tu aurais pu l'inviter ? répondit cette dernière.

— Et partager le trésor que tu es ? Pas question. Tu m'appartiens toute entière.

— Pour toujours ?

— Jusqu'à ce que la mort nous sépare.

— Ce serait tellement plus facile si le monde pouvait nous accepter, soupira Adrianne.

— Je le sais, mais j'aime bien les secrets. Je trouve notre relation bien plus enrichissante, bien plus inspirante. J'en suis fascinée.

— Viens, Élisabeth. Allons terminer la fête à notre façon.

Et les deux célimènes disparurent en refermant le corridor derrière elles. Malgré les murs de pierre, leur conversation portait.

— La jolie blonde à la robe verte était d'une beauté resplendissante.

— Tu trouves ? demanda Adrianne, un sourire au coin, assis sur le bord du lit.

— Oui. À qui l'as-tu volée ?

— À la Grande Dame, éclata-t-elle de rire.

La couchette grinça quand Adrianne monta dessus et s'allongea de tout son long à côté d'Élisabeth. Le vent soufflait doucement contre les vitres, faisant valser les branches dans la pénombre. Leurs ombres semblaient effleurer les murs à la lueur des bougies vacillantes. La brune passa sa main sur le dos d'Élisabeth et commença, délicatement, à délacer le corset.

— As-tu le nécessaire ? questionna Élisabeth en se relevant et en s'appuyant contre une armoire.

Pour toute réponse, Adrianne se mit de côté en soulevant le jupon de sa robe ivoire pour montrer tout un équipement meurtrier. Élisabeth se rapprocha de son amante et s'agenouilla au-dessus d'elle. Elle retira une arme à feu de l'entre-jambes d'Adrianne avant de se coucher sur elle.

— L'heure est venue de remplir la mission du Roi Soleil, déclara Élisabeth en embrassant sa compagne.

LibertinesWhere stories live. Discover now