Chapitre 4

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           Dans le couloir, elle se rendit compte du vide et de l'obscurité du château. Elle n'entendait plus un son. Les murs rêches suintaient d'humidité. Les pierres apparentes ressortaient comme poussée de l'intérieur par une force inconnue. Les voûtes s'entrecroisaient sur un plafond uniforme où le temps avait effacé une peinture ancienne. Seul le sol avait su rester lisse au fil des siècles. Un gris, de différents contrastes, menait les pas des occupants du château où ils le désiraient.

           En rejoignant un corridor ouvert sur une grande terrasse dissimulée par la neige, elle découvrit une femme sur les genoux d'un homme qu'elle ne connaissait pas. Sa robe, d'un bleu cristallin, remontait sur ses cuisses vêtues de porte-jarretelles. La main de son compagnon se promenait avec envie sous les couches épaisses de tissus. Ils s'embrassaient en se dévorant presque le visage. Leurs doigts fugaces laissaient des traces sur la poudre, montrant dès lors la véritable teinte de leur peau. L'amant dû trouver ce qu'il cherchait en vue du petit cri de ravissement que poussa son amie tandis que sa perruque tomba à terre. De longs cheveux auburn cascadèrent jusqu'à ses reins, offrant ainsi une vision idyllique de ses seins en avant, destinés qu'à un seul spectateur. Ce dernier, dévorant des yeux ces fruits aphrodisiaques, avança ses mains vers eux, doucement et sereinement. La femme aux lèvres écarlates de peinture était légèrement ouverte pour laisser passer un souffle déjà haletant. Elle se mit à califourchon sur son soupirant, sans doute pour mieux sentir les caresses.

           Élisabeth sortit de derrière une colonne et croisa les bras en souriant.

— Tu as vite oublié l'homme de ta vie, comme tu le disais ce matin, Louise.

Le couple, pris sur le fait, resta surpris pendant un instant, ne sachant comment réagir.

— Tu l'as tué, vipère, répliqua cette dernière, ayant récupéré sa contenance.

— Au moins, cet homme semble t'amuser beaucoup plus que le précédent, déclara-t-elle en s'inclinant bien bas.

Louise n'eut pas le temps de répondre que la libertine se mit à courir à travers les couloirs en éclatant de rire et en tournant sur elle-même.

LibertinesWhere stories live. Discover now