"Tu baves."

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*(Chapitre corrigé)*

*Décompte : 50 semaines à vivre*

Après être sortie du café, avec le ras-le-bol incommensurable face à la merde qu'est devenue ma vie, je me dirige vers le centre commercial. Une bonne vingtaines de minutes à pied. Génial !

Quitte à m'ennuyer chez moi, autant en profiter pour faire les boutiques.

Ça faisait si longtemps que je n'avais pas mis un pied ici. Il y a tant de monde ! On dirait une gamine dans un magasin de jouets « spécial princesses ». Je ne savais plus où regarder. Contrairement à cette gamine, je n'étais pas émerveillée, mais plutôt apeurée, seule au milieu de toute cette foule. Je me sens si petite...

Du haut de mes vingt-cinq ans, je mesure un mètre soixante-cinq à tout casser. Pas de quoi faire peur à une mouche. J'ai des cheveux mi-long blonds, légèrement bouclés. Blonde, mais pas conne ! Je vous vois déjà venir.

Pour vous dire à quel point je suis enfantine, c'est le rayon réservé aux adolescents qui m'attire et me convient le plus dans l'ensemble du magasin. Pas de quoi être excitée comme une puce ! Comment voulez-vous que je paraisse un minimum sexy si tous les vêtements pour femmes sont dix fois trop grands pour moi ? Soit je ressemble à un sac à patates, soit je reste la femme coincée qui n'arrive pas à se débarrasser de ses vêtements d'adolescente.

C'est comme choisir entre du lait périmé ou un yaourt moisi. On ne sait pas lequel prendre. Mais dans tous les cas, c'est dégueulasse.

Je ne travaille pas, à cause de ma maladie. Le docteur m'a fait arrêter mon activité pour que je puisse "profiter de la vie". J'étais psychologue avant tout ça. Quelle ironie ! Une psychologue en dépression... C'est le monde qui tourne à l'envers.

- Madame, vous venez de faire tomber votre portefeuille !

- Merc...

Alors que je me retournais pour remercier l'individu qui me sauve la vie, je me fige et m'énerve presque immédiatement lorsque mon regard croise le sien.

- Mais vous me suivez c'est pas possible ! Déjà que vous me piquez ma place dans mon café, maintenant vous me suivez pour me rendre mon portefeuille soit disant tombé ?

- Je ne savais pas que c'était toi ! Sinon doutes-toi bien que je l'aurais laissé à l'entrée du magasin là où tu l'as fait tomber ! Mais monsieur l'arrogant est honnête Lise.

J'hallucine ? Il me tutoie !

- Je ne vous permets pas de me tutoyer monsieur l'arrog...

- Liam, tu peux m'appeler Liam. C'est toujours mieux que monsieur l'arrogant tu ne trouves pas ?

- ... Merci pour le portefeuille.

J'hésite quelques secondes avant de continuer.

- Passe une bonne après-midi, monsieur l'arrog... Liam.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre, m'accroche à mon sac et marche à une vitesse folle pour m'en éloigner le plus vite possible. Il y a du monde à craquer ici et il faut que ce soit mon pire ennemi du moment qui me ramasse mon portefeuille. Parfait. On adore.

Quelle journée ! Finalement je crois que rentrer à la maison sera l'option la plus sûre pour moi.

C'était sans oublier l'averse monumentale qui est en train de s'abattre sur la ville... Je ne resterai pas une minute de plus dans ce centre commercial ! Je rabats ma capuche sur ma tête, et sors à toute vitesse. C'est repartit pour vingt minutes de route bien trempées.

J'ai l'impression de faire aussi un décompte sur ce trajet interminable. Je me retourne et aperçois toujours l'imposant bâtiment derrière moi. Deux minutes seulement que j'ai pris la route. Ou plutôt le trottoir.

- Un coup de main Lise ?

- Que tu sois là au moment où je me retrouve à marcher sous la pluie, c'est aussi une coïncidence ?

- Totalement ! Tu montes ? Je te ramène chez toi si tu veux ?

- Qu'est-ce qui te fait croire que mon mari ne va pas arriver d'une minute à l'autre ?

Excuse débile certes, mais sur le coup je n'avais pas vraiment

- Ton ne mari ne t'a pas offert de bague lors de vos fiançailles ni lors de votre mariage ? Quel radin ! Alors tu montes ? Ou tu comptes encore marcher longtemps sous la pluie ?

Sur ce coup là, il marque un point.
La pluie aura gagnée sur ma journée.

Je décide de monter dans sa belle voiture de luxe. Je crois que celle-là, il ne doit pas la mettre à la machine à lavée tout les jours.

Oups.

Il aurait donc bien de l'argent. La prochaine fois j'apprendrai à me taire un peu, ça ne serait pas mal du tout.

Après lui avoir donné mon adresse, un silence de mort s'installe dans l'habitacle. Ni lui ni moi n'osons lancer la conversation. D'ailleurs, je ne crois pas en avoir envie, lui non plus apparemment.

J'ose tourner ma tête de son côté. Sa beauté me coupe encore une fois le souffle. Ses traits de visage sont durs. Il a des cheveux bouclés bruns, des yeux d'un bleu océanique. Il doit sans doute mesurer dans les un mettre quatre-vingt-quinze si j'ai bien le compas dans l'œil. Il a l'air d'avoir de l'artillerie sous le capot.

- Tu veux un mouchoir Lise ?

- Pas vraiment pourquoi ?

- Tu baves.

Et merde. Il n'y a que moi pour être prise en flagrant délit dans une situation pareille !

- Les yeux sont faits pour quoi à ton avis ? Les fermer et ne rien regarder ?

- Ce n'était plus regarder mais carrément fantasmer que tu faisais.

Il a raison.

Quoi !? Mais pourquoi je lui accorde raison en plus ?

Mais c'est vrai ! Je dois avoir un problème mental. Je vais aller consulter au plus vite. Trouble comportemental dû à la solitude.

Certainement ça. Problème réglé ! Passons à autre chose.

- Hé ho, tu m'écoutes ?

Et voilà qu'il se met à me faire la conversation maintenant...

- Pas vraiment. Je préfère baver tu vois ? L'image est meilleure que le son.

- Ravi qu'au moins une chose te plaise. Pour ma part, j'en dirais pas autant.

Et tiens Lise ! Mange-toi ça. Ça t'apprendra.

C'est la délivrance quand je reconnais au loin mon immeuble. Je demande à monsieur arrogant de s'arrêter dix mètres avant mon appartement, on ne sait jamais à qui on a affaire. Mieux vaux toujours être prudent.

- Merci monsieur arrogant, j'espère cette fois, ne plus avoir à te rencontrer.

- Pas de souci, se fut un plaisir, madame la fausse mariée.

Grrrr. Je vous jure ! Il m'énerve de plus en plus. Pourtant cela ne fait même pas un jour que j'ai fait ça rencontre. A peine cinq heures à vrai dire.

Je regrette tant la routine. Qui l'eut cru ?

Je claque la porte avec une force que je ne me connais même pas. Son moteur vrombit et je vois déjà au loin la voiture s'éloigner.

J'ouvre la porte de mon appartement et me jette dans le canapé. Quelle matinée épuisante.

Monsieur Liam, gardez vos distances.

La toute dernière fois.Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum