La toute dernière fois.

Le son mais pas l'image

*(Chapitre corrigé)*

*Décompte : 49 semaines à vivre.*

J'entre comme chaque jour à neuf heures trois dans le restaurant. Une semaine a défilé sans que je ne croise Liam, alias monsieur arrogant.

L'altercation m'avait limite faite sortir de moi. En y repensant, je me dis que j'ai adoré ! Au moins ma vie avait ressemblé à quelque chose ce jour là. Enfin, pas vraiment, mais ça changeait de d'habitude.

Rick s'approche de moi avec mon café et mon croissant.

- Ça n'a pas l'air d'aller aujourd'hui ?

- Oh tu sais, c'est l'heure de pointe, nous manquons cruellement de personnel.

Je vois clairement là où il veut en venir. Il m'avait déjà proposé il y a quelques semaines de cela, de prendre le post de Anna. Elle avait dû démissionner suite à son nouveau Job qui n'était plus du tout dans cette ville. A contre-cœur, Rick s'est retrouvé tout seul et aucune des nouvelles candidates ne faisait le job convenablement. Soit trop timbrée, soit trop timide. Alors il me l'avait proposé, à moi, simple cliente qui prenait son café chez lui. J'avais tout simplement refusé. Je venais de découvrir ma maladie et par la même occasion, je n'avais plus le boulot pour lequel j'avais donné corps et âme pour l'obtenir. Je n'avais même pas hésité une seconde que j'avais déjà refusé.

- Crache le morceaux Rick !

- Tu sais bien que je n'aime pas forcer les gens, mais hier encore, j'ai fait passer un entretien à une jeune demoiselle qui ne savait même pas le nom du café pour lequel elle venait de postuler... Je n'ai vraiment personne pour m'aider. Je ne te demande pas de venir à temps plein, mais si tu sais être là de neuf heures à douze heures ici, ça serait déjà énorme pour moi. Et niveau salaire...

- C'est ok ! Pour le salaire je ne vais pas négocier longtemps, si tu me règles chaque matin mon café et mon croissant, pour moi c'est parfait.

- Mais Lise, trois heures de travail ne valent pas quatre euros !

- Je ferai quoi de cet argent de toute façon ? D'ici quelques mois je ne serai plus là et mon argent ira à qui dis-moi ? A l'état bien sûr ! Alors je préfère honnêtement que tu gardes ton bénéfice, plutôt que des escrocs en profitent.

- Si tu savais comme je te suis reconnaissant !

- Demain neuf heures alors ? Je décalerai de quelques heures mon café quotidien.

- Parfait. Ne règle plus ton addition à partir de maintenant dans ce cas. Bon allez j'y retourne, ou bien la foule va me faire un scandale.

Rick est un homme bien. Combien de fois ne m'a-t-il pas fait sourire au cours de ces deux dernières semaines ? Il ne s'en rend pas compte, mais moi je le sais et c'est le plus important.

Même si je ne veux pas me l'avouer, Rick est devenu un ami pour moi.

Pourtant j'évite au maximum tout contact avec lui, ou même avec qui que ce soit d'autre. Ça me ferait chier de savoir qu'il souffrira d'ici quelques semaines. Tout ça par ma faute.

Ma façon de le remercier pour le bien qu'il m'apporte, c'est bien en l'aidant dans son fichu café.

Sirotant toujours mon boisson, encore bien brûlante, je suis la chaîne d'infos à la télévision accrochée au mur juste devant moi.

On explique qu'un richissime homme d'affaire venait de se faire voler dans son énorme villa située en périphérie de la ville.

Ma première impression est : bien fait pour lui, il n'avait qu'à partager son argent avec les plus pauvres.

Mais la seconde est tout autre lorsqu'une photo de lui se retrouve plaquée en gros plan sur l'écran. Je me fige.

- Oh Putain ! RICK !

- Il se passe quoi ? Pourquoi tu cris comme ça ? réagit-il immédiatement.

Voyant que mon regard reste bloqué sur la télévision, Rick m'imite et ouvre grand la bouche lorsqu'il réalise.

- Je comprendrai mieux si on perd des clients dans les jours à venir. Putain, je ne savais pas qu'il était connu à ce point-là !

- J'abuse à toujours chercher la merde avec les gens comme lui...

- Tu me le fais pas dire. Mais il n'y a pas d'inquiétude à avoir : ça fait déjà une semaine et s'il avait voulu me faire du tord il l'aurait déjà fait.

Il a certainement raison.

- Oui. Allez retournes-y, le mec au comptoir n'a pas l'air de rigoler non plus !

- Le très célèbre Liam Anderson, vient de se faire dérober plus de cent mille euros. Rentrant chez lui dans la soirée, il a retrouvé sa porte de maison défoncée et quelques vitre cassées. Son système de sécurité n'a pas fonctionné. Un pirate faisant parti des cambrioleurs aurait réussi à dévier le système hautement sécurisé. Monsieur Anderson ne souhaite pas engager de poursuites mais prévient les prochains cambrioleurs : "C'était certainement du gâteau pour vous, mais la prochaine fois, si vous y remettez les pieds, ne vous attendez pas à en ressortir vivant."

Punaise, sa menace qui ne m'était pas destinée me fait froid dans le dos. Qui oserait y remettre les pieds après ça ?

Et sa voix à tomber, on en parle ? Certainement pas.

Même quand je m'y attends le moins, monsieur trouve toujours une façon de refaire surface d'une manière ou d'une autre dans ma vie.

Encore hier, en sortant du café, une voiture s'était arrêtée à côté de moi. J'étais prête à lui sauter dessus pour lui demander ce que ça pouvait bien être son problème.

Mais c'était un simple touriste qui voulait retrouver son chemin.

Je ne vous partage pas ma honte. Vous l'imaginez bien !

- J'y vais ! A demain.

- À demain Lise. Tu n'oublies pas notre marché ?

- Impossible !

Même si j'en ai bien envie.

Me voilà encore sous la pluie. Heureusement mon appartement ne se situe pas bien loin. Je devrai vraiment penser à investir dans un parapluie. Ça ne me ferait pas de mal.

Je rentre dans mon petit studio, composé d'une petite cuisine ouverte sur le salon. Une chambre où mon lit deux personnes ainsi que ma commande rentrent tout juste et une salle de bain minuscule. Je n'ai pas énormément de place, mais toute seule, c'est bien assez. Et puis je n'ai personne à inviter ici.

J'allume ma télévision et revois encore cette affaire de cambriolage chez monsieur arrogant. Comme quoi le monde est bien fait ! S'il n'avait pas été aussi riche et connu, on en aurait jamais entendu parler.

Monsieur est donc architecte... apparemment il aurait fait construire les plus belle villas des stars dans le monde entier. Et serait en plus de ça le célibataire le plus convoité de France.

Intéressant. J'aurais peut-être dû lui demande un autographe !

Je peste. Quel arrogant !