Ténébreux

N•38

Ruby.

- Ace, c'est toi ?

La pluie tombe en trombe, Ace est parti depuis quelques heures car il y avait un soucis avec Ibrahim. Au départ, il voulait m'emmener avec lui mais cela fait déjà plusieurs jours que je couvre un rhume, alors j'ai préférée rester à la maison. L'orage a déjà commencé depuis plus d'une heure et c'est toujours aussi puissant, j'entends les tuiles bouger et la porte en bois de la véranda claquer. Mais c'est étrange comment l'atmosphère est tendue, mais encore une fois j'ai l'impression d'être paranoïaque. 

- Rah, Angel qu'est ce que tu as fait comme bêtises encore? 

Ce petit cochon a la tête dans son paquet de friandise... Non mais je vous jure, un vrai goinfre ce chat, j'ai jamais vu ça. 

Il ressort sa petite tête du paquet et il s'en va tout trottinant, ouai ouai, petit loustic va. 

Je met donc son paquet de friandise sur le plan de travail, il va finir par devenir obèse il mange tout le temps ! Comme Ace en fin de compte, il se ressemble beaucoup niveau nourriture ces deux là. 

Le téléphone de la maison sonne plusieurs fois avant que je ne parviens à décrocher. 

- Allô?

- Ruby? C'est Ace, la route est barrée je dois prendre un autre chemin, j'en ai pour une petite heure, d'accord? 

- Oui pas de soucis, fait attention à toi...

En attendant son retour, je vais essayer de préparer un bon petit plat chaud, il doit avoir froid de ce temps là. 

L'hiver vient à peine de s'installer qu'on la sent déjà très bien, les températures sont toujours en négatif. 

Choisissant de préparer une bonne soupe au légumes, je commence à découper les légumes quand la sonnette de la porte retentit. 

Fronçant les sourcils, je m'approche prudemment de la porte.

- Qui est-ce?

Seul le vent se fait entendre et personne ne me répond, mordillant ma lèvre je prend le risque d'ouvrir la porte, mais encore une fois personne n'est là. 

Je referme rapidement la porte et je la verrouille à double tour, j'aime pas ça. 

Prise de frissons, je prend le grand gilet de Ace et je l'enfile. Je renifle son odeur en souriant, il sent tellement bon, jamais je n'aurais cru que j'allais dépendre d'un homme, et surtout de lui. Un homme dont la première impression qu'on se fait de lui est qu'il est assez sombre, Ace sourit rarement mais ses yeux parlent pour lui. Alors les gens l'associent souvent avec une brute alors qu'il n'est pas comme cela, il est très doux avec les gens qu'il aime. 

Une des nombreuse fenêtre de la baie vitrée se brise soudainement ce qui me vaut un soubresaut, l'eau s'infiltre rapidement et la pièce est illuminés par de nombreux éclairs. J'entends siffler le vent, fermant les yeux, j'essaye de me ressaisir. 

Allé, c'est juste le vent voyons, rien d'autre.  

Angel se réfugie très vite sur le canapé, bien en dessous des coussins, je distingue seulement ses petites oreilles grise. 

Je remonte la fermeture éclair du gilet jusqu'en haut en décidant d'appeler Ace. 

Quoi que... Il roule, il ne faut surtout pas que je le déconcentre. 

Une brise d'air froid me prend par derrière et je ressens les frissons immédiatement, tournant la tête je remarque que la porte d'entrée est maintenant grande ouverte. 

C'est quoi ce délire? 

Je l'avais pourtant bien fermée à clé, je ne suis pas folle...

Je décide d'ouvrir l'ordinateur de Ace là où sont retransmit les images de la vidéo surveillance, mais encore une fois, la consternation me prend quand je vois que les caméras sont hors service.

Peut-être le vent? 

- Bonjour, Ruby. 

Oh. 

Essayant de contrôler ma panique, je me retourne pour faire face à mon géniteur. 

- Tu t'es bien remise de ta petite baignade. 

Son sourire espiègle est toujours affiché sur son visage, contrôlant ma respiration j'essaye de ne pas perdre mes moyens face à lui. 

- Sort d'ici.

Malgré le fait que mon bégaiement a disparu, ma voix reste toujours tremblante. 

- Cet homme t'a bien changé, il est temps que je te fasse comprendre quelle est ta place.

Prise au dépourvu, je n'ai pas le temps de riposter qu'il a déjà agripper ma gorge d'une force incroyable. Il me cogne assez brutalement sur le plan de travail, si fort que les chaises tombent à terre. 

- La dernière fois c'était juste une mise en garde. Toi et ta mère vous étiez de vraie salope.

Prise d'une fureur, je lui donne un puissant coup de genoux dans ses parties intimes en me dégageant de sa prise, manque de pot, il m'attrape une nouvelle fois mais cette fois-ci il me plaque contre le sol. 

Sa prise sur ma gorge se resserre de plus en plus, m'empêchant de respirer correctement. Je ne peux absolument pas le laisser gagner, pas cette fois-ci. j'attrape ses poignet en enfonçant mes ongles dans sa peau, poussant un cri de douleur il enlève sa main de ma gorge . 

Rampant à même le sol, j'essaye d'attraper un bout de verre mais des mains me maintiennent au niveau de mes chevilles. Serrant le bout de verre dans mes mains j'essaye de le toucher mais finalement c'est lui qui reprend la main sur moi en me l'enfonçant douloureusement dans la cuisse.

Poussant un cri de douleur, j'essaye de contenir la douleur qui me submerge mais mon père ne me laisse aucun répit, il s'acharne sur moi en me donnant de puissant coups de pieds dans l'abdomen. 

Sentant petit à petit mes forces se dissiper, je réunit la seule force qui me reste. Attrapant la lampe que Ace a acheter pour moi, je la brise sur sa tête en y mettant toute la puissance dont je disposer. 

Tombant à terre, mon géniteur ne bouge plus. 

J'arrache le bout de verre planté dans ma cuisse en essayant de contenir le sang qui coule abondamment. 

-

Ace.

- Rah mais avances !

Ça fait déjà plus d'une heure que j'ai dit à Ruby que j'allais rentrer et maintenant y'a un putain de connard qui roule à deux à l'heure, non mais je vous jure !

Putain. 

Déjà que j'aime pas la laisser trop longtemps toute seule. 

Mon téléphone qui se trouve entre mes jambes sonne et le nom de ma petite rouquine s'affiche. 

- Désolé mon ange, il y'a un abruti qui avance pas. 

- Monsieur? Je vous appelle de l'ambulance, il n'y avait que vous dans les contacts récent de la jeune fille. 

- Pardon? 

- Je suis désolé monsieur..

Quoi? 

C'est. Quoi. Ce. Putain. De. Délire