Les vagues éphémères

L'humidité de la pluie

CHAPITRE I
Natsu

Coincé dans le mobil-home, un frisson désagréable me parcourt la nuque. L'air d'été refroidi par l'humidité de l'extérieur se glisse sous mes habits et me donne la chair de poule. Je soupire d'énervement et me dirige rapidement vers ma valise pour en sortir un pull chaud. Après l'avoir enfilé, je reviens dans la même position que tout à l'heure, affalé sur la table, la tête dans mes bras. L'ennuie me rattrape, m'assomme et s'amuse avec mon esprit. La voix de la radio en fond, berce mes pensées.

– Aux alentours de Magnolia..c'est une semaine bien pluvieuse qui s'annonce. Quelques orages à prévoir dans la nuit de lundi..

Mon frère disait qu'on allait « changer d'air ». C'est drôle parce que la taille de ce mobil-home concurrence difficilement avec celle de mon appartement pourri du moment. Je ne vois pas de différences si ce n'est la pluie. La pluie qui ne pointe jamais son nez à Crocus. Et qui, en plein milieu des vacances d'été a enfin décidé de se manifester. Elle m'emmerde la pluie.

Mon visage se tourne paresseusement vers la fenêtre où de nombreuses gouttes d'eau viennent s'y abattre. Mon regard désespéré suit l'eau glisser le long des carreaux. Quand elles se claquent contre la vitre, j'ai l'impression qu'elles s'écrasent puis qu'elle se laissent tomber dans le vide, inconscientes. Mes yeux se ferment presque et mon esprit s'endort, somnolant. Mon téléphone vibre dans ma poche. Je tarde à répondre, la flemme dominant mes actions. Quand je le fais, c'est en grognant.

C'est la voix sévère de mon frère qui me prévient. "Natsu dans une demie-heure tu prépares à manger parce que nous on en a marre de le faire tous les jours et puis de toute façon...tu fous jamais rien." À travers le combiné j'entends la voix de mon neveu et celle de ma belle-sœur en fond, ils ont l'air de s'éclater. Il finit par raccrocher. Je jure. Il fait chier Zeleph parce que lui, c'est l'homme parfait et personne ne peut rien lui dire; même moi. Boulot qui paye, femme sympa, gosse, putain de baraque; et tout ça à seulement trente ans. À côté de lui, je plane dans un océan de merde.

Je suis toujours affalé sur la chaise. Pour m'installer plus confortablement je pose mes pieds nus sur la table et décide de m'en griller une. Mon regard vissé au plafond, j'apprécie pleinement la nicotine qui se répand dans mes poumons. J'oublie d'ailleurs volontairement la règle à deux balles instaurée par mon frère à notre arrivée, qui interdit de fumer à l'intérieur. Mon regard coule sur le récipient où le reste de salades de la veille traîne. Le tabac me détend. Je réfléchis à ce que je vais faire. J'opte pour des crêpes. C'est simple les crêpes, et puis c'est bon. Tout le monde aimera.

J'ai une pensée pour Happy, cloîtré dans sa chambre, sa console devant les yeux. Lui, on ne lui demande rien parce que lui, il est jeune et que moi, à son âge, je branlais rien, comme lui. Je ne regrette pas.

Mon esprit divague; je pense à mes potes restés à la capitale. Ils doivent passer un été de folie. J'écrase mon mégot contre la petite assiette que j'avais prise exprès. Je secoue la tête pour me changer les idées, et cette fois-ci après avoir éteint le post radio, m'affale sur le canapé. D'un bras lasse je m'empare de la télécommande noire. J'appuie sur le bouton rouge pour allumer l'écran. Ce n'est pas le programme prévu mais une vieille couleur grise pixélisée qui s'installe devant mes yeux.

– Bordel... Je grommelle, énervé.

J'éteins cette télé que je maudis. Mes épaules se tendent et mon corps se crispe; je suis contrarié. Mon unique moyen d'échapper à l'ennui vient de s'évaporer. Et finalement, après quelques minutes à ne rien faire, je me décide à cuisiner.

Vous l'aurez compris, Natsu s'ennuie.
Les premiers chapitres seront très courts!