Les vacances qui t'assoment

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CHAPITRE IV
Grey

Une sensation d'humidité vient lentement titiller ma joue. Mes muscles se crispent et je déglutis difficilement, la gorge sèche. Une mauvaise odeur vient s'insinuer dans mes sinus. Je prends quelques secondes pour réaliser la situation dans laquelle je me trouve avant d'écarquiller brusquement les yeux. C'est avec surprise que je tombe nez à nez avec le chien difforme de ma sœur. Cet animal en surpoids est avachi sur mon torse, son museau renifle mon visage et sa langue vient lécher mes joues.

– Storm...putain dégage...

Ma main droite encore engourdie se pose sur son front poilu et essaye de le repousser. Mais rien à faire, la force du chien est beaucoup plus puissante que la mienne, encore endormie. Et comme si elle n'existait pas, celui-ci continu de lécher mon visage de sa grande langue râpeuse. Je jure, énervé.

– Ultia ! Viens récupérer ton clebs'..il fait chier celui-là. Allez..barre-toi. Oust !

Têtu comme jamais, le chien de ma sœur continu ses câlins baveux. J'entend les râles de mon aînée traverser le mobil-home. Ses pas pressés se font plus proches et la porte s'ouvre dans un fracas assourdissant. Mes sourcils se froncent et mes tympans souffrent. Les traits du visage d'Ultia se tirent d'énervement lorsqu'elle remarque ma main sur son chien. D'un geste maîtrisé, elle le prend dans ses bras et l'embrasse de partout. Écœuré, je tourne le visage sur le côté pour éviter d'assister à cette scène.

– Mon bébé..tonton Grey est méchant avec toi hein.. Sa voix est douce et me dégoûte

Je soupire et mon dos revient se poser sur le matelas inconfortable. Je déteste me faire réveiller tôt, c'est sans aucune grâce que je lâche mon plus gros bâillement. Je déteste aussi cet affreux Bulldogs. Toujours à mordiller  tout ce qu'il trouve et lécher tout ce qui bouge.

Je n'ai pas réussi à m'endormir. Et c'est finalement après un déjeuner consistant et vitaminé que je décide d'enfiler mes baskets usées.

– Tu vas où? Me demande Lyon, le nez rivé sur le journal quotidien.

Sa cigarette à la bouche et son café brûlant à la main, Lyon est le portrait craché de notre père. J'enlève rapidement mon pull pour me retrouver en débardeur, même si l'air de dehors est frais, l'effort physique va je l'espère, me réchauffer.

– Courir. Lui expliqué-je.

Sur ces mots, je claque la maigre porte derrière moi. La pluie s'est arrêtée et c'est en faisant de petites foulées que je commence à courir. Le cœur plus léger. Le vent souffle fort et claque sur mes bras nus, je me sens bien. La musique de mes écouteurs rythme mes pas rapides. Je décide de longer la plage, alors presque déserte.

La pluie reprend de plus belle et c'est avec difficulté que je continue à courir. Loin dans la mer j'aperçois quelques surfeurs qui tentent de dompter les vagues déchaînées. Un aux cheveux roses retient mon attention, je le vois faire des figures, plutôt expérimentées, et me fait la réflexion que c'est assez risqué avec ce temps. Une vague emporte sa planche et il disparaît dans l'océan salé. Quelques secondes plus tard, je l'aperçois remonter sur sa planche. Il est inconscient.

Mon attention se reconcentre sur mes chevilles qui encaissent le poids de mon corps depuis déjà presque une heure. Je poursuis mon chemin, les muscles chauds. La pluie battante  nettoie la transpiration qui coule sur ma peau. Un chapeau envolé passe sous mon nez. Je tends rapidement le bras et le rattrape, de justesse. Il est blanc. Je cherche quelques secondes du regard la personne à qui il appartient.

Mon regard se bloque sur la silhouette d'une femme aux cheveux bleus. Ils s'emmêlent dans le vent. Seule sur la plage au sable mouillé, j'ai l'impression de la rêver. Son corps paraît musclé, ferme, et son visage, doux. Mon souffle se coupe tant sa beauté me surprend.

– Votre chapeau. Ma voix s'éteint dans le vent.

Je lui tends son objet perdu, le cerveau un peu embrouillé et le cœur battant dans mes tempes à cause du sport.

– Merci. Dit-elle en s'en emparant. Sa voix est douce et je rêve de l'entendre une autre fois.

Mais c'est trop tard, sa silhouette disparaît déjà au loin. Perturbé et essoufflé, je reprends finalement le cours de ma course. Ce n'est qu'une heure plus tard que j'ouvre sans aucune grâce la porte du mobil-home, les jambes flageolantes et le corps transpirant. J'ai à peine le temps d'annoncer mon retour que Storm se jette sur moi.

– Dégage..Storm ! Je m'énerve en le repoussant.

Ce chien est une abomination. Peiné, il disparaît dans la chambre qu'on partage, ma sœur, mon frère et moi. Mon regard coule sur ma petite famille réunie autour d'une traditionnelle partie de Time's Up. Je pense rapidement à mes amis, restés en ville. J'ai tellement envie de les rejoindre.

Je me rappelle encore du ton enjoué dans la voix de ma sœur aînée; On va faire du camping tous ensemble pendant un mois..Paradise à Magnolia..tu connais?

Paradise mon cul, ouais.

C'est fini pour les mini-chapitres ! Les prochains s'annoncent plus lourds:p avec pour commencer, du PDV Lucy!

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C'est fini pour les mini-chapitres !
Les prochains s'annoncent plus lourds:p avec pour commencer, du PDV Lucy!

Des bisous

Les vagues éphémères Where stories live. Discover now