Les vagues éphémères

L'ennuie qui te guette

CHAPITRE II
Juvia

– Je te laisse alors..j'ai rendez-vous avec Sora, on va au Pisces! La voix de ma meilleure amie résonne entres les murs de ma tente individuelle.

Son visage sur mon téléphone apparaît souriant et lumineux. Et malgré que Magnolia soit une petite ville reculée en bord de mer, le réseau semble fonctionner à merveille. Son portrait apparaît sans aucun pixels. Préparée et maquillée, elle s'apprête à sortir au club réputé de Crocus.

– Profite bien..bisous. La salué-je d'une façon enjouée alors qu'en réalité mon estomac se tord de mal être.

Lorsqu'elle raccroche et que l'écran devient noir je m'affale de dos sur mon matelas gonflable. Ma main lâche sans le vouloir mon téléphone et il rebondit sur le plastique plein d'air. Je me retourne rapidement sur le ventre et vérifie, inquiète, si il n'a rien. Aucune égratignure. Soulagée, je pose ma tête entre mes bras.

Je pense à Meldy et Sorano. Je suis jalouse de mes meilleures amies qui peuvent sortir tout les soirs et dormir jusqu'à n'en plus pouvoir.

Je m'ennuie, je ne sais plus quoi faire. Le temps est trop mauvais pour surfer et je n'ai aucune envie de me rendre au mobile-home familial où le volume de la télévision sera sûrement plus élevé que celui de ma voix. Mon regard se pose sur ma console quelques secondes. Cette option me fait grimacer. Les réflexions de Tom Nook commencent à me monter à la tête et l'écran à me niquer les yeux. Le bruit des gouttes de pluie contre le plastique de la tente m'énerve. La pluie tombe depuis trop de temps. Une semaine peut-être, ou deux. J'ai perdu la notion du temps.

La pluie m'emmerde. Tentes inondées, froid, chaussures trempées, pas de surf, pas de bronzage, pas de baignades..le calvaire.

J'aurais bien aimé sortir avec mon frère et sa belle-sœur. J'entend encore sa voix embêtée qui m'explique que je ne peux pas venir: on y va que tous les deux, pour que Levy prenne l'air. Tu sais..ils sont lourds. Je comprends qu'il se sente coupable: faire subir à sa copine deux mois avec sa belle-famille est une rude épreuve.

J'ai envie d'aller aux toilettes. Mon corps se crispe de frustration. La flemme écrase ma motivation déjà très basse. Je mobilise, avec difficulté, toutes mes forces pour me relever. J'enfile rapidement ma veste et mes claquettes. Le cœur lourd, je rabats ma capuche sur mon crâne et referme la porte de la tente derrière moi.

Je cours sur le chemin boueux et mes pieds nus sont presque devenus marrons une fois aux sanitaires. Ce n'est qu'à destination que je prends conscience d'avoir oublié le PQ. Mes dents attrapent ma lèvre inférieure et la triturent quelques secondes. Je me décide à approcher une jeune femme qui semble tenir ce que j'ai oublié entre ses mains.

– Excusez-moi...vous pourriez me donner un peu de votre papier ? C'est que je l'ai oublié et avec la pluie..

La blonde que j'estime d'à peu près mon âge me le donne gentiment et je la remercie avec mon plus beau sourire. Une fois sortie je me dis que si elle est encore là j'essaye de sympathiser. Mais elle n'y est plus. Finalement, et avec le reste du rouleau de papier de l'inconnue en main, je rentre encore sous la pluie.

Lorsque j'arrive à l'emplacement, je découvre ma mère sur la terrasse du mobile-home, la cigarette pendue aux lèvres. Et avant que je ne rentre dans ma tente, elle se décide à m'interpeller.

– Mamie a besoin d'aide pour sa tablette. Tu iras l'aider s'il te plaît. Tu sais ce que c'est les vieux...

Ma grand-mère est sûrement celle à qui les Lockser doivent leur traditionnel esprit décalé et leur médiocre sens de l'organisation. Enfin, elle reste avant tout une retraité qui n'a pas vu passer l'évolution de la technologie. Nous avons beau lui expliquer, elle ne retient jamais.

Le regard de ma mère se fait suppliant et finit par achever mes convictions. Je soupire d'exaspération et décide de me diriger vers le mobile-home, à contrecœur.

Prochain chapitre...pdv Lucy!