Les vitamines du soleil

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CHAPITRE VI
Natsu

Je pars à la recherche des friandises préférées de mon neveu, sous ordre de son père. Le pas lent, je découvre pour la première fois les rayons ordonnés de cette petite supérette. Beaucoup de clients y grouillent et ne facilitent pas ma recherche. Mes yeux actifs sont à l'affût du moindre paquet aux couleurs éclectiques. Légèrement désorienté, je finis par demander mon chemin à un mec qui semble être dans la même tranche d'âge que moi.

– Le rayon sucré..tu sais où c'est ?

L'homme brun sursaute presque et prend quelques secondes pour me répondre. Je m'en veux presque d'avoir été si direct. Puis après quelques secondes, je me dis que non, parce que c'est moi. Et que moi, j'arrive pas utiliser des filtres. Ça demande trop de délicatesse, d'attention et de contrôle sur soi-même. C'est chiant. Et puis comme ça, on sait où je veux en venir.

L'expression du visage de l'homme est neutre, et j'ai l'impression de le blaser. Mon regard s'attarde sur la petite cicatrice sur son front, se traîne jusqu'à sa chaîne en argent qui pend à son cou, puis finit sa route sur son profil sévère: le tout lui donne un air de bagarreur clandestin.

– Ici. Il me répond sans réellement sourire.

Je suis presque surpris qu'il me réponde et ne me formalise pas vraiment de son attitude à la limite de l'impolitesse. Mais je reste embarrassé: c'est l'emplacement du rayon sucré qui me turlupine, il est ici, juste sous mes yeux. Et la mine contrariée, je réprime un soupir frustré.

– Ah merde j'avais pas vu. Merci.

Mes yeux se posent sur les différents produits qui me sont présentés. Accroupis devant les paquets, je m'empare rapidement des régal'ad que mon petit neveu aime tant. Le mec est toujours à côté de moi, comme vissé au sol, le regard perdu sur des paquets de sucettes. De mon côté, je me dis que je pourrais prendre une connerie pour moi: pas chère, mais bien sucrée.

– Quand on a pas l'habitude de ces grands magasins c'est le foutoir...

J'essaye de me justifier mais le gars paraît déjà ne plus m'écouter. Haussant des épaules, je me concentre définitivement sur les différentes sucreries présentées. Trop de choix me sont offerts, et comme un con, j'hésite. Les verts ou les bleus ?

– Tu surfes non ? Sa question me surprend.

Le gars frôle de près la bipolarité mais j'en fais abstraction. Mes lèvres s'entrouvrent dans le silence, puis se referment. Je ne dis rien, et je fais bien parce qu'il enchaîne rapidement de sa voix grave, un peu enrouée :

– Je t'ai vu la semaine dernière sur la plage Est, t'es pro ?

À ses mots; je me remémore les vagues déchaînées, la pluie battante, mes innombrables chutes puis le vent violent. D'un coup je me dis: merde. Parce que cet inconnu a sûrement assisté à une de mes pires sessions de l'été. Ma main se perd dans mes cheveux.

– Pas vraiment..je fais ça l'été, tranquille.

– T'as un bon niveau pourtant.

Sa réflexion me met sur le cul, alors je décide de lui expliquer le pourquoi du comment. À savoir : ma famille et son désir d'entretenir cette tradition familiale qui est de venir à Magnolia chaque année, sans exceptions.

Les vagues éphémères Where stories live. Discover now