Les vagues éphémères

La pizza sur la plage

CHAPITRE XII
Lucy

Un petit point rouge décore chaque poignée de portes. Verrouillées. Soupir. Résignée, je traine des pieds et pose mes affaires de toilettes sur le seul lavabo du couloir, celui le plus en évidence, que tout le monde voit en entrant dans les sanitaires. De la musique sort d'une des cabines de douche. C'est Good Vibrations des Beach Boys.

Zip, j'ouvre ma trousse de toilettes rouge gagnée au dernier loto. Étalage du dentifrice, ouverture du robinet, humidification de la brosse à dent. Puis frottage.

Mon reflet s'impose à moi. Le miroir pointe méchamment du doigt mes cernes creuses qui s'étendent trop bas sur la peau de mes joues, mes yeux gonflés et rouges de ne pas avoir assez dormi.

– Mec, le shampoing ! Sérieux tu soûles.
Quelqu'un cri à travers la douche.

Une voix plus étouffée répond un léger « ça va, ça va » et je vois une bouteille de shampoing voler d'une cabine à l'autre. Léger rire de ma part car situation familiale commune.

La musique s'arrête et dans le silence, je fais trop de bruit en me brossant les dents. Une porte de cabine de douche s'ouvre. Natsu. Cheveux trempés, bracelets aux poignets, serviette qui pend sur son épaule gauche, chemise à manches courtes et short long.

Il y a plusieurs sanitaires dans ce campin. Mais Natsu décide de sortir de la douche juste derrière moi.

Son regard capte rapidement le mien à travers le miroir. On se tait pendant quelques secondes. Surpris. Étonnés et ravis de la coïncidence. Un sourire craquant étire ses lèvres.

– Salut ? Me lance-t-il.

Il s'approche de moi et pour ne pas avoir mal aux yeux en le regardant, je décide de me retourner pour le voir en vrai. Une odeur de shampoing, de monoï et d'été, m'attaque violemment les narines. Pour lui répondre, je dois retirer ma brosse à dents de ma bouche.

– Hey.

Il pose sa trousse de toilettes à côté de la mienne et ça me fait bizarre. L'impression d'être avec un ami d'enfance, ou quelqu'un de trop proche.

Sa serviette coincée entre ses cheveux qui sont presque de l'eau et ses grandes mains, il la frotte sur son crâne. Nouvelle vague de monoï.

– Les lavabos des femmes sont bouchés ou tu viens faire du tourisme ?

Un petit rire s'arrache de ma gorge. Il insiste trop sur le mot « tourisme ». Natsu est quelqu'un d'excessif. Il est trop. Je remarque son regard amusé avant de me pencher au dessus du lavabo pour cracher le dentifrice accumulé dans ma bouche.

– Douches fermées depuis une semaine.

Je réponds honnêtement. Natsu se force à froncer légèrement les sourcils tandis que son amusement prend le dessus.

– C'est bizarre qu'on ne se soit pas vu avant...t'es certaine de te doucher tous les jours ?

Je lève les yeux aux ciels.

– T'as avalé un clown ou quoi aujourd'hui ?

– C'est l'effet douche. L'eau chaude me monte au cerveau.

Il s'approche tout doucement de moi, quand il prononce cet ordre :« Fais gaffe ». Espace vital complètement détruit. L'odeur de Natsu prend le dessus et rompt les dernière barrières que j'avais érigé, celles de l'espace surtout. Mon cœur s'emballe, légèrement, est excité par le flirt.

Nous ne sommes plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Mon index se pose sur la pointe de son menton, pas impeccablement rasé, et je pousse son visage vers le haut.