1er décembre - Séléna

42 10 6
                                    

1/12
Oh non, ça y est on est en décembre... Tout le monde adore cette période dans ma famille. Tout le monde, sauf moi. Voir tous ces gens ensemble heureux, ça ne fait que me rappeler à quel point je me sens désespérément seule. Et pourtant, je ne suis pas enfant unique, j'ai même une sœur jumelle. On pourrait se dire que c'est génial, qu'on doit être comme les deux doigts de la main, qu'on peut se faire passer l'une pour l'autre, etc. Mais j'ai beau l'aimer énormément, nous sommes comme la nuit et le jour. Ou plutôt, comme la lune et le soleil, puisque ce sont les origines de nos deux prénoms : Séléna et Hélia, respectivement la lune et le soleil en grec. Notre mère aime beaucoup la mythologie gréco-romaine, nos parents sont même partis en Grèce et en Italie pour leur voyage de noces. Eux aussi, je les aime beaucoup, mais ça ne m'empêche pas de me sentir seule parfois, surtout en cette satanée période ! Tout le monde ici se réjouit, ils fredonnent déjà des airs de noël, préparent les décorations, sont toujours de bonne humeur... Et moi, je me sens encore plus différente des autres avec tout ça. Ma sœur est probablement celle qui aime le plus noël dans cette maison, celle qui rayonne le plus, elle chante comme une princesse tout droit sortie d'un conte de fée vraiment, un vrai soleil comme je le disais. Ça me fait penser à la chanson « Sunflower » de Sierra Burgess is a loser... J'aime bien cette chanson mais je ne suis pas tellement d'accord. Ma sœur, elle est jaune d'or comme un tournesol resplendissant, tout lui réussit, elle est parfaite et tout le monde l'admire. Moi je suis la fragile, avec des épines et qui s'isole, l'inaccessible, comme une rose, sous une cloche de verre, coupée des autres. Je passe ma vie dans mon monde, avec Netflix et mon iPod pour écouter de la musique. Mes livres aussi, de vieux bouquins que j'ai récupéré chez ma tante Edna. Je préfère vivre dans mon monde imaginaire, le monde réel est bien trop cruel. Oh si seulement je pouvais m'échapper dans une histoire de fiction pour vivre des aventures épatantes, redonner des couleurs à la grisaille de mon monde ! Peut être que je pourrais y trouver des gens qui enfin me comprennent... M'échapper d'ici, ou bien hiberner et me réveiller quand l'été reviendra. Brr je n'aime pas l'hiver, mon cœur est déjà bien assez froid comme ça. Alors en attendant, j'écris, je décris et je crie ma peine dans mes poèmes, je verse mon pessimisme et parfois j'aperçois une goutte d'espoir, de peut être un jour moi aussi être heureuse, trouver mon prince charmant qui sait, même si je ne crois pas aux contes de fées. Je m'invente des personnages imaginaires dans mes écrits, mais je sais très bien que tout cela ne sera jamais réel. De nous deux, j'ai toujours été celle qui voyait le verre à moitié vide : l'anxieuse, la triste, la colérique, celle chez qui rien ne va. Déjà enfant j'étais la première à comprendre que le Père Noël n'était qu'une supercherie, tandis ce que ma sœur, elle, croit encore en la « magie de Noël »... pff, comme s'il existait une quelconque force supérieure capable de nous rendre heureux. Le bonheur, ce truc que tout le monde cherche, je doute qu'on puisse l'atteindre vraiment. Si une telle chose existait, je ne serais pas aussi aigrie, j'aurais un large sourire, comme ma sœur. Ma sœur, ah, je l'envie tant, quelle chance elle a, si seulement j'avais pu être comme elle...

*Tilin*
Le téléphone de Séléna s'alluma. Elle avait reçu un message. Il venait de sa sœur, elle voulait qu'elle quitte sa chambre et la rejoigne. Alors, elle posa son stylo plume et referma son carnet, son journal intime, puis le rangea sous son oreiller comme à son habitude. Elle aimait garder son petit jardin secret, et n'aurait jamais laissé quiconque lire ce petit carnet qui renfermait ses plus grands secrets.

A Christmas story 🎄Where stories live. Discover now